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D.       Gouvernement de Québec   2

1.     Les seigneuries La Chevrotière et Deschambault 2

Seigneurie de La Chevretière  2

Seigneurie Deschambault 3

La seigneurie de Grondines  3

2.     La baronnie de Portneuf 7

3.     La seigneurie de Fossambault (Sainte-Catherine-de-la-Jacques Cartier) 8

Hector de St-Denis Garneau  9

Anne Hébert 10

4.     La seigneurie des Écureuils  11

5.     La seigneurie de Neuville  12

6.     La seigneurie de Cap Santé  13

7.     La seigneurie Joly de Lotbinière  13

8.     La seigneurie de Saint-Antoine-de-Tilly  15

9.     La seigneurie de Lauzon  17

Sir John Cadwell 17

10.       La seigneurie de Beaupré  18

11.       La seigneurie des  Éboulements  20

Pierre Sales de la Terrière  21

12.       La seigneurie de Saint-Roch-des-Aulnaies  23

Le manoir 24

Le moulin  24

13.       La naissance de la Beauce  25

La Seigneurie Aubert-Gayon (Saint-Georges de Beauce) 26

La seigneurie Cumberland (Saint-Simon-les-mines) 27

La seigneurie Saint-Joseph  28

La seigneurie Saint-François (Beauceville) 30

La seigneurie Sainte-Marie de Beauce  31

14.       La seigneurie Rivière-du-Sud  (Montmagny) 33

15.       La seigneurie de l’Isle-aux-Grues  36

16.       La seigneurie de l’Isle-Verte  37

17.       La seigneurie de Trois-Pistoles  38

18.       La seigneurie de Kamouraska  39

19.       La seigneurie de Saint-Vallier 41

20.       La Seigneurie de la Rivière-Ouelle  42

Le moulin banal 43

Les différents seigneurs de Rivière-Ouelle  43

Guillaume-Michel Perrault (1774-1790) 43

Jacques Nicholas Perrault (1790-1812) 43

La famille Casgrain  44

Les manoirs 44

21.       La Seigneurie de la Rivière-du-Loup  45

 

D. Gouvernement de Québec

1.     Les seigneuries La Chevrotière et Deschambault

 

Le territoire actuel du village de Deschambault couvrait comme territoire deux seigneuries : La Chevrotière et Deschambault et appartenaient, au début, à la même famille

Seigneurie de La Chevretière

 

En 1645, François de Chavigny de Berchereau et son épouse, Éléonore Grandmaison, viennent s’installer dans le territoire de Deschambault après avoir reçu une concession de la Compagnie des Cents Associés. Cependant, le climat politique ne favorise guère la colonisation à cause des nombreuses attaques iroquoises, ces derniers étant armés par les Hollandais et les Anglais. En 1651, François décède. Son épouse se fait concéder la seigneurie de son époux. En 1663, elle se remarie avec Jacques de la Teysserie de La Chevrotière. En 1672, elle obtient la concession d’une nouvelle seigneurie. En 1674, elle cède à son fils, François Chavigny de la Chevrotière (il ajouté à son nom celui de son beau-père), la seigneurie qu'elle vient d'obtenir. Elle reste dans la famille de la Chevrotière pendant plus de cent ans. En 1818, le jeune seigneur de La Chevrotière meurt à l’âge de 22 ans et son domaine est partagé entre 17 héritiers. Une partie passe aux mains de Marguerite de la Chevrotière. En 1821, le dernier seigneur en titre est Louis-Laurent Gariépy.

 

Le premier moulin en pierres de la Chevrotière remonte en 1766. En 1802, Joseph Chavigny de la Chevrotière le remplace. En 1878, la municipalité acquiert les deux moulins et procède à leur restauration. Ce sont aujourd'hui des musées.

 

Seigneurie Deschambault

 

En 1683, son gendre Fleury Deschambault échange à Éléonore des terres qu’il possède sur l’Île d’Orléans contre sa première seigneurie, qui prend alors le nom de Deschambault. Joseph, fils de Jacques-Alexis Fleury d'Eschambault, prend le nom de Joseph Fleury de la Gorgendière en devenant seigneur à son tour en 1716.

 

Cette seigneurie demeure dans la famille de La Gorgendière jusqu’en 1793, alors que Louis-Henri , ruiné, doit la céder à Antoine-Louis Juchereau Ducesnay, beau-frère de Louis et déjà coseigneur. En 1842 c’est Antoine-Charles Taschereau gendre de Louis-Henri de la Gorgendière qui devient seigneur.

Le septième et dernier seigneur, Antoine-Charles Taschereau, demeure dans son manoir jusqu’en 1862. À son décès, le manoir est vendu par voie judiciaire. Vers 1906, un incendie l’endommage sérieusement.

La seigneurie de Grondines

 

En 1637, il y a une concession d’une seigneurie sur la Rive-Nord du Saint-Laurent par l’Hôtel-Dieu qui la nomme Grondines. En 1672, les seigneuresses, les Hospitalières de l’Hôtel-Dieu, construisent un moulin à vent. En 1683, la seigneurie de Grondines est vendue par les Hospitalières à Jacques Aubert. En 1880, le moulin cesse de fonctionner. Finalement, la seigneurie de Grondines devient la propriété de William Price en 1895. En 1912, celui-ci vend le moulin au gouvernement fédéral qui va l’utiliser comme phare pour la navigation sur le Saint-Laurent. En 1972, le phare est cédé à la municipalité de Grondines qui le transforme en centre d’artisanat et d’animation culturelle.

 

Manoir de la Chevrotière

Moulin de la Chevrotière, Deschambault

Maison Deschambault

La maison Deschambault ou maison Boudreau. En 1775, Jean Boudreau beau-frère du seigneur de la Gorgendière acquiert une partie du domaine seigneurial où sera construite cette maison de pierres. En 1936, le ministère de l’Agriculture en fait l’achat et procède à sa restauration.

  

2.     La baronnie de Portneuf

 

Portneuf est fondé sur le site d’un ancien village huron. En 1647, la Compagnie de la Nouvelle-France octroie à Jacques LeNeuf de la Poterie qui la nomme Portneuf. En 1671, Jacques LeNeuf fait cession de sa seigneurie à son gendre, René Robineau de Bécancour. Son père, Pierre Robineau, est membre de la compagnie des Cent-Associés. René Robineau, après avoir servi comme enseigne dans le régiment de Turenne en France, arrive à Québec en 1645. Il participe à un combat contre les Iroquois en 1652. Il repasse en France, en 1656, où le roi le fait chevalier de l’ordre de Saint-Michel. La compagnie de la Nouvelle-France lui accorde le fief de Bécancour.

 

Il s’occupe beaucoup de commerce. Il remplace son père comme membre des Cents associés. En 1671, il devient seigneur de Portneuf par alliance. En 1681, honneur ultime, sa seigneurie est érigée en baronnie. En 1710, son fils, Jacques, cède ses droits de la baronnie à ses nièces, dont Marie-Anne Robineau, épouse de Charles Le Gardeur Croisille. En 1741, la baronnie est vendue par Charles Le Gardeur à Eustache Dumont. En 1744, la baronnie devient la propriété des Ursulines de Québec

 

De 1845 à 1855, la seigneurie est louée à Edward Hale. Ce dernier la met en valeur en faisant venir des colons irlandais. Il s’intéresse particulièrement au commerce du bois, aux pâtes et papiers et à la construction maritime. À cette époque, l’Angleterre comptait sur le Canada pour s’approvisionner en bois. Les seigneurs voisins de Bourg-Louis, Bernard-Antoine Panet et son épouse Harriett Antill, s’associent pour faire venir également des colons écossais qui se fixent dans deux hameaux situés à l’écart des villages francophones. Le « boom » de l’exploitation forestière terminé, une partie des colons repartent pour le Canada anglais et les États-Unis, pendant que d’autres prennent racine. En 1859, la seigneurie appartient à George Burns Symes.

 

Manoir de la baronnie de Portneuf

3.     La seigneurie de Fossambault (Sainte-Catherine-de-la-Jacques Cartier)

 

En avril 1693, le gouverneur de la Nouvelle-France, le comte de Frontenac, concède à Alexandre Peuvret de Mesnu la seigneurie de Fossambault, ainsi nommée en l’honneur de sa mère, Catherine Naud de Fossambault. En décembre 1702, au décès d’Alexandre Peuvret, la seigneurie de Fossambault passe aux mains de son fils Joseph-Alexandre (2/3), à sa fille, Marie-Anne Geneviève et son mari Ignace Juchereau Duchesnay. En 1731, au décès de Joseph-Alexandre, sa part revient à sa soeur. Leur fils, Michel Louis, reçoit à son tour la succession de deux seigneuries : Gauderville et Fossambault. Sous son administration, la seigneurie se développe avec l’arrivée de nombreux immigrants irlandais. À partir de 1821, c’est le commerce du bois qui prend de l’importance. En 1823, un décret autorise la construction de chemins dans la seigneurie. C’est son fils, Antoine, qui fait construire le manoir actuel en 1838.

 

En 1866, le fils d’Antoine, Arthur, hérite du manoir seigneurial qui passe à son épouse en 1903. Cette dernière la cède à Mme Taché, la grand-mère d’Anne Hébert. En 1912, cette dernière vend son manoir à une parente, Madame Paul Garneau, née Hermine Prévost. Le manoir demeure dans la famille Garneau jusqu’en 1956.

 

Hector de St-Denys Garneau et Anne Hébert deux écrivains importants du Québec sont parents, leurs mères étant cousines.

Hector de St-Denis Garneau

 

Hector St-Denys Garneau naît, à Montréal, le 13 juin 1912. C’est l’année suivante que sa mère acquiert le manoir du sénateur Antoine Juchereau-Duchesnay, arrière-grand-père de St-Denys Garneau. Ce dernier éprouve des problèmes de santé qui l’oblige à interrompre ses études. Il habite le manoir jusqu’à sa mort en 1943. Son oeuvre poétique est écrite entre 1935 et 1939.

Anne Hébert

 

Anne Hébert naît à Sainte-Catherine de Fossambault le 1er août 1916. Elle passe son enfance à Québec et ses étés au manoir familial de Sainte-Catherine. Elle se fixe à Paris en 1965. En 1970, elle remporte un premier succès en librairie avec la publication de Kamouraska. Elle revient au Québec en 1998 et décède le 22 janvier 2000.

 

Manoir Juschereau-Duchesnay 1838

4.     La seigneurie des Écureuils

 

En 1672, il y a concession d’une seigneurie à Baptiste Toupin et son fils, Jean dit DuSault, qui la nomme Pointe-aux-Écureuils. La famille Toupin est très active économiquement et passe de fréquents contrats chez les notaires. Cependant, c’est le fils Jean qui sera le véritable fondateur de la seigneurie.

 

La principale obligation du seigneur est la construction d'un moulin où les censitaires peuvent aller faire moudre leurs grains. Aux Écureuils, il n’y a pas de rivière qui se jette dans le fleuve. Le jeune seigneur choisit un ruisseau pas trop éloigné du manoir pour y construire son moulin. Cependant, au bout de quelques années il ne peut répondre aux exigences des colons. En 1711, les Écureuils compte 22 censitaires.

 

Jean-Baptiste, fils du précédent, devient seigneur à l’âge de 22 ans. Il est navigateur et travaille à son compte. Il œuvre comme capitaine pour le compte du Séminaire de Québec. La paix de 1701 permet de développer les seigneuries d’une façon plus rationnelle. Jean-Baptiste décide de construire un moulin dans sa troisième concession où coule Trois-Rivières, dont la Jacques-Cartier. En 1770, Joseph Toupin vend le quart de la seigneurie à Joseph Brassard Deschenaux. En 1789, vente de la majeure partie restante à Matthew MacNider. En 1793, Joseph Deschenaux lègue sa partie de seigneurie à ses quatre enfants, dont Josèphe Brassard Deschenaux, épouse de Michel Gamelin Launière.

 

En 1828, l’abbé Charles Gaspard Deschenaux attribue sa partie de seigneurie à sa nièce, Adélaïde Gamelin Launière, épouse de Édouard Larue. En 1859, la seigneurie appartient aux héritiers de Moses Hart. Ce dernier, un important homme d’affaires anglais, est propriétaire de plusieurs seigneuries, dont les Grondines, Bélair, des Écurueils, Gaspé, de Carufel etc.

Manoir de Pointe-aux-Écureuils

Il ne reste que cette aquarelle du manoir seigneuriale qui a brûlé en 1877.

5.     La seigneurie de Neuville

 

1635 : concession d’une seigneurie à Jean Bourdon pour son fils Jean-François qui la nomme Dombourg. En 1680, il y a vente par Jean-François Bourdon de la seigneurie Dombourg à Nicolas Dupont sir de Neuville qui prend alors son nom. Le sieur de Neuville est anobli par Louis XIV qui le nomme membre du Conseil souverain.

 

À son décès, en 1716, à l’âge de 84 ans, la seigneurie est administrée par sa veuve Angélique Chartier de Lotbinière jusqu’en 1757. En janvier 1757, le cadet des enfants, Nicolas-Marie Renaud d’Avènes des Méloizes, acquiert une partie des parts de ses frères et soeurs et devient seigneur « primitif » de Neuville. Par la suite, il rachète toutes les parts et devient seigneur unique.

 

À la conquête, il met sa seigneurie en vente. C’est Joseph Brassard Deschenaux qui l’achète. En mars 1765, le nouveau propriétaire fait acte de foi et d’hommage au gouverneur. En 1793, la seigneurie est léguée à ses enfants, dont la moitié à son fils aîné, Joseph Brassard Descheneaux curé de L’Ancienne-Lorette. En 1806, ce dernier devient propriétaire d’une autre partie de la seigneurie. En 1828, il concède à Adélaïde Launière, épouse d’Édouard Larue, les 5/6 de la seigneurie lui appartenant. En 1859, la seigneurie appartient pour les 5/6 à Charles et Eugène Larue.

 

Manoir de Neuville

Le manoir est construit au début du 17e siècle et rénové au milieu du 19e.

6.     La seigneurie de Cap Santé

 

Implantée en bordure ouest de la rivière Jacques-Cartier, Cap-Santé constitue la plus ancienne paroisse de Portneuf. Cette municipalité fait partie de la seigneurie de Portneuf et du fief Jacques-Cartier. La tradition orale donne le nom de cette municipalité en rappel de soldats qui furent guéris d’une maladie mystérieuse. Cap-Santé est le site d’évènements militaires importants avec la construction du fort Jacques-Cartier, en 1759, près du site du manoir Allsopp actuel. Le fort, érigé par l’armée française sous le commandement de Lévis, est assiégé l’année suivante par les Britanniques. Le commandant, le marquis d’Albergatti Vezza, et sa garnison sont faits prisonniers de guerre.

 

Le manoir est construit vers 1730. En 1831, il devient la résidence des seigneurs Allsopp. Georges Walter Allsopp est un grand producteur de farine du Bas-Canada. Les différentes activités économiques d’Allsopp l’amènent à s’engager dans la vie publique. C’est ainsi qu’il siège à Chambre d’assemblée de 1796 à 1800 et de 1814 à 1820.

 

Manoir Allsopp, Cap Santé

7.     La seigneurie Joly de Lotbinière

 

En 1672, René-Charles Chartier de Lotbinière devient seigneur et donne à son domaine le nom de Lotbinière. Trois agrandissements font tripler son territoire. En 1681, seulement 11 censitaires habitent la seigneurie. Le nouveau seigneur, comme ses successeurs immédiats, n’habite pas son domaine. En 1709, Louis-Eustache Chartier devient le deuxième seigneur. Il construit le premier chemin de sa seigneurie. L’arrière-pays commence à se développer. Devenu veuf, en 1723, il décide d’accéder à la prêtrise.

 

À  sa mort, en 1749, son fils, Michel, devient le troisième seigneur de Lotbinière. En 1770, Eustache-Gaspard-Alain Chartier, fils de Michel de Lotbinière, est le quatrième seigneur. Celui-ci fait des efforts pour développer sa seigneurie. Il habite Montréal, mais fait de fréquents séjours dans Lotbinière. Il loge à ce moment chez son chargé d’affaires. La population est assez considérable avec un total de 3400 habitants. Dans le domaine économique, on y retrouve pas moins de six moulins. Il décède, en 1822, et c’est sa fille, Julie Christine, qui hérite du domaine. Elle épouse, en 1828, un homme d’affaires français, Pierre Gustave Joly. Elle demeure la seule propriétaire de la seigneurie de Lotbinière, mais confie l’administration à son époux.

 

Les Lotbinière sont de la vieille noblesse, ayant été anoblis par le roi de France au début du 15e. En France, comme au Canada la famille occupe d’importants postes administratifs. Le nouveau couple décide de s’installer dans leur seigneurie. Il achète un coin de terre d’un censitaire (le Platon), en 1846, après de dures négociations. C’est finalement, en 1851, que Pierre Gustave Joly fait construire sa résidence, Maple House. De nombreuses dépendances y sont ajoutées : cottage des serviteurs, remise des voitures, poulailler et un laboratoire, Pierre Gustave ayant la passion de la chimie.

 

Au décès de Julie Christine de Lotbinière, dernière du nom, en 1887, c’est son fils Henri qui hérite du titre. Ce dernier fait une demande pour ajouter le nom de Lotbinière à son nom de famille. Il joue un rôle important dans la vie politique du Québec et du Canada. Élu député à l’Assemblée législative, il est brièvement premier ministre du Québec. Dans le cabinet Laurier, il est ministre du Revenu. Il termine sa carrière politique comme lieutenant-gouverneur de la Colombie- Britannique.


Son fils Edmond-Gustave lui succède en 1908. Il décède à l’âge de 52 ans. En 1911, c’est le fils unique, Alain d’Édouard-Gustave qui devient le nouveau seigneur de Lotbinière. Ce dernier continue l’exploitation forestière du domaine seigneurial.

 

Il faut rappeler qu’après l’abolition du système seigneurial, en 1854, les seigneurs demeurent propriétaires de toutes les terres non concédées. En 1933, il fait entreprendre d’importants travaux d’aménagements intérieurs et extérieurs. À son décès en 1954, son fils, Edmond, devient le dernier seigneur de Lotbinière. Ce dernier a une carrière dans la haute fonction publique comme chef de cabinet des gouverneurs généraux Vincent Massey et Georges Vanier ainsi que de premier secrétaire du haut-commissariat du Canada en Angleterre.

 

En 1967, le domaine est exproprié par le gouvernement du Québec. Depuis 1998, la fondation du domaine Joly-Lotbinière est propriétaire des lieux.

Manoir de Lotbinière, Pointe du Platon

8.     La seigneurie de Saint-Antoine-de-Tilly

 

En octobre 1672, en considération des services rendus au roi Louis XIV, un territoire situé sur les bords du Saint-Laurent entre les seigneuries de Lauzon et Sainte-Croix est concédé par l’intendant Jean-Talon à Sébastien Villeu. Le 31 août 1700, Claude-Sébastien de Villeu fils vend à Pierre-Noël Le Gardeur, sieur de Tilly, la seigneurie qui prend alors le nom de Tilly. Le nouveau seigneur s’y installe la même année avec son épouse Madeleine Boucher, fille de Pierre Boucher gouverneur de Trois-Rivières. En 1702, le nouveau seigneur fait construire une première chapelle. En 1712, il donne à la fabrique paroissiale un arpent de terre de front pour y construire une église. En 1720, au décès de Pierre-Noël Le Gardeur de Tilly, la seigneurie passe à son épouse Madeleine Boucher et ses enfants.

 

En 1748, la seigneurie est vendue par les héritiers de Pierre-Noël Le Gardeur à Philippe Noël. En 1759, durant le siège de Québec, plus de 1000 soldats envahissent son territoire et s’emparent de l’église. Ils installent des canons sur trois monticules dans les Fonds de Sainte-Antoine. Le 23 juillet 1760, les habitants qui se sont réfugiés dans la deuxième concession, remettent les armes aux Anglais et prêtent serment de neutralité.

 

En 1781, la seigneurie est cédée par Philippe Noël à son fils Jean-Baptiste Noël. En 1786, le seigneur entreprend la construction du manoir actuel. En 1798, par testament, la seigneurie passe à son fils Jean-Baptiste-Isaï. En 1857, la seigneurie appartient aux héritiers de Jean-Baptiste-Isaï.

 

Manoir Saint-Antoine-de-Tilly

Le manoir de Tilly est érigé en 1786 par Jean-Baptiste Noël capitaine de milice seigneur de Tilly et est habité par quatre générations de seigneurs et leurs descendants jusqu’en 1893. Puis, il sert pendant plusieurs années comme auberge. Le manoir demeure inhabité quelques années avant d'être racheté par la famille Gagnon qui en fait un relais gastronomique et une auberge de prestige.

9.     La seigneurie de Lauzon

 

La seigneurie est achetée par Jean Lauzon, en 1636, après que ce dernier se soit servi d’un prête-nom. Celui-ci se fait octroyer un vaste territoire, revendu onze jours plus tard. Jean Lauzon est conseiller au Parlement de Paris, directeur de la compagnie des Cent-Associés et gouverneur de la Nouvelle-France de 1651 à 1656. Il s’occupe très peu de ses concessions en Nouvelle-France. C’est ainsi que la seigneurie de Lauzon demeure vierge jusqu’en 1647. À partir de 1648, plusieurs familles s’y installent. En 1694, la première paroisse du nom de Saint-Joseph-de-la-Pointe-Lévy est fondée.

 

La seigneurie demeure dans la famille Lauzon jusqu’en 1661, au moment où Charles-Joseph Lauzon, petit-fils du fondateur, est tué par des Amérindiens à l’Île d’Orléans. La seigneurie passe alors aux mains de Thomas Bertrand qui l’achète en mars 1690. Plusieurs seigneurs s’y succèdent. De 1734 à 1765, le domaine est la propriété d’Étienne Charest, capitaine de la milice de Pointe-Lévy. À cause de certains problèmes familiaux, la seigneurie est administrée par son frère, Joseph, et sa soeur Thérèse.

 

À la conquête, la seigneurie est vendue à James Murray, gouverneur de Québec de 1764 à 1768. C’est son neveu qui administre la seigneurie jusqu’en 1774, alors qu’Henry Cadwell en devient locataire. Le 28 février 1801, ce dernier achète la seigneurie. À la suite de sa faillite, elle est démantelée. C’est la province de Québec qui en devient officiellement propriétaire, en 1867.

Sir John Cadwell

 

John Cadwell, seigneur, avocat, homme politique et homme d’affaires est né en 1775. Il est le fils de Henry Cadweel, d’abord locateur de la seigneurie de Lauzon, qu’il achète finalement, en 1801. En 1799, il donne à son fils John une procuration pour l’administration de tous ses biens. En 1800, John est élu député de Dorchester. Après une dizaine d’années comme député, il démissionne, en décembre 1811, et est nommé au Conseil législatif où il siégera jusqu’en 1838. Il devient baronnet en 1830.

 

A la mort de son père, John Cadwell devient propriétaire de plusieurs seigneuries, dont celles de Lauzon, Belmont, Gaspé et Foucault. Il fait également le commerce du bois.

 

En 1808, il est nommé receveur général intérimaire à la demande de son père. Peu après, il se lance dans la construction navale avec d’autres associés. En 1823, un scandale éclate. En effet, John Cadwell, en tant que receveur général, a fait des détournements de fonds. Comme il ne peut justifier ses comptes, il est démis de ses fonctions en novembre 1823.

 

En septembre 1829, on procède à la vente de tous les biens de Cadwell, sauf la seigneurie de Lauzon qu’il veut absolument conserver. Le tout aboutit en cour de justice. Dépité, il s’exile à Boston où il décède le 26 octobre 1842. En mars 1845, le gouvernement se porte acquéreur de la seigneurie de Lauzon, après 20 ans de procès.

 

 Manoir de Logwood, Lauzon

 

Le manoir de Logwood est érigé à l’époque des barons de la forêt, au début du 19e siècle. Il est la représentation des résidences luxueuses des grandes familles liées au commerce du bois et de la construction navale, dont la famille Cadwell était une digne représentante.

 

10.  La seigneurie de Beaupré

 

La seigneurie de Beaupré fut d’abord concédée à la Compagnie de la Nouvelle-France, en janvier 1636, à Paris. Cette seigneurie comprend la Côte-de-Beaupré et l’Île d’Orléans; et est connue plus tard sous le nom de Compagnie de Beaupré. C’est avec cette dernière que Mgr Laval va négocier l’achat de la seigneurie de Beaupré et l’Île d’Orléans dans le but de doter la Société des prêtres du Séminaire, qu’il fonde en 1663. Il veut ainsi assurer aux prêtres du Séminaire de Québec les ressources financières pour ses oeuvres.

 

Il est à noter que Mgr Laval paie de ses deniers personnels l’achat de ces propriétés. En 1680, Mgr Laval cède au Séminaire de Québec la seigneurie de Beaupré et celle de l’Île Jésus, qu’il avait échangées pour l’Île d’Orléans et la seigneurie de la Petite Nation (Montebello), qui est vendue plus tard à la famille Papineau. La seigneurie de Beaupré couvre d’immenses territoires forestiers qui donnent au Séminaire des revenus substantiels.

 

Né en 1623, Mgr Laval, de son nom officiel François de Laval, est issu d’une noble famille. En 1645, à la mort de son frère Gabriel, il devient le chef de famille. En 1654, il renonce à la seigneurie de Montigny et à ses droits de noblesse. En 1658, il est consacré évêque et nommé Vicaire apostolique du Canada.

 

Il arrive en Nouvelle-France l’année suivante. En 1663, il entre au Conseil Souverain et prend ainsi une place importante dans l’administration de la colonie. Il fait plusieurs voyages en France à la recherche de fonds pour le développement de ses oeuvres en Nouvelle-France. La même année, il crée le Séminaire des Missions étrangères de Québec.

 

En 1668, il fonde le Petit Séminaire de Québec. En 1674, c’est l’érection du diocèse de Québec. En 1680, comme nous l’avons vu, il cède tous ses biens au Séminaire de Québec. En 1685, il démissionne comme évêque de Québec et décède le 6 mai 1708. Cet ecclésiastique a joué un rôle primordial dans le développement de la Nouvelle-France.

 

Dès 1668, des colons viennent s’établir dans le lieu que l’on nomme la Petite Ferme. En 1676, c’est l’ouverture de la Grande Ferme et d’une école pour les fils des paysans.

 

Jusqu’en 1759, la Grande ferme sera un ensemble structuré où l'on retrouve des contremaîtres, des paysans et la présence d’un clergé. Lors de la guerre de la Conquête, les bâtiments sont lourdement endommagés. Plus tard, la maison est reconstruite, mais en beaucoup plus petit et son territoire est morcelé.

 

La seigneurie de Beaupré est l’une des plus prospères de la Nouvelle-France. En effet, dès 1674, le fief de Beaupré (côte et île) compte 422 terres. C’est un succès de peuplement. Mgr Laval fait également l’acquisition de deux autres domaines : la châtellenie de Coulonge et le fief Saint-Michel.

 

Sous le régime français, le Séminaire est le second propriétaire terrien en importance de la Nouvelle-France. Mais après la Conquête le Séminaire perd plusieurs propriétés.

 

Château Bellevue, Saint-Joachim

Cette résidence sert de maison de campagne aux prêtres du séminaire de Québec.

 

11.  La seigneurie des  Éboulements

 

Le nom des Éboulements rappelle un violent tremblement de terre qui eut lieu en février 1663. Ce séisme provoqua le déplacement d’un important morceau de terre sur le territoire des Éboulements en bas.

 

En 1683, le territoire de la seigneurie est octroyé pour la première fois à Pierre Lessard et son frère Charles. Aucune concession n’est faite pendant qu’ils sont propriétaires de cette seigneurie.

 

En 1709, la seigneurie des Éboulements est rachetée par Pierre Tremblay. En 1710 et 1711, un manoir est construit ainsi qu’un moulin banal près du fleuve Saint-Laurent. En 1736, Pierre Tremblay décède. 20 familles habitent alors la seigneurie. En 1752, au décès de sa mère, Étienne fils aîné de Pierre Tremblay devient propriétaire des Éboulements.

 

En 1770 à la suite du décès d’Étienne Tremblay son fils Jean-François devient le troisième seigneur de la seigneurie. Ce dernier fait construire un nouveau moulin banal en haut des côtes

 

En 1810, des querelles dans la famille Tremblay au sujet de la succession amène Jean-François Tremblay à vendre sa seigneurie à Pierre de Sales de Laterrière médecin et résident de Québec. Ce dernier achète la seigneurie afin d’assurer son statut social. D'ailleurs, il se fait construire un nouveau manoir en haut des côtes près du nouveau moulin banal.

Pierre Sales de la Terrière

 

De son patronyme original Fabre il change pour celui de Sales de la Laterrière, nom d’une célèbre famille noble française dont il se dit descendant. Mais il semble qu’il est difficile de démêler le vrai du faux dans son autobiographie. Selon, l'historien Aegide Fauteux, il serait le fils d’un Fabre et aurait pris le patronyme de Sales de Laterrière vers 1780. Accompagné d’un oncle il serait passé d’abord par l’Angleterre avant d’arriver au Canada en 1766 à l’âge de 19 ans. Par apprentissage, il acquiert des éléments de médecine.

 
Il travaille par la suite comme agent de commerce pour les Forges du Saint-Maurice dont il devient actionnaire en 1777. Lors de l’invasion américaine, il commerce avec eux; par la suite, il sera emprisonné pour espionnage face à l’ennemi. Puis, il pratique pendant quelque temps la médecine à Bécancour. Sa renommée comme médecin commence à s’étendre au moment où il apprend que les médecins devront comparaître devant un bureau d’examinateur avant d’avoir une licence pour pratiquer leur art. Il s’exile alors à Boston à l’université d’Harvard pour étudier en médecine. En 1789, il obtient sa licence et peut pratiquer légalement la médecine.

 

Il s’installe à Québec. Après vécu en concubinage avec Marie-Catherine Delouze, il l’épouse finalement en 1799. En 1807, à la suite d’un voyage en Europe pour une affaire de succession il revient à Québec avec plein de marchandises qu’il vend en faisant de grands profits, ce qui lui permet d’acquérir la seigneurie des Éboulements en 1810. Il meurt à Québec le 14 juin 1810. Son fils Marc-Pascal devient le 5e seigneur des Éboulements.

 

Pierre-Jean de Sales Laterrière, fils aîné de Pierre, est également un médecin qui a étudié en Angleterre. Il devient chirurgien des Voltigeurs canadiens commandés par le célèbre Michel de Saleberry le vainqueur de la célèbre bataille de Châteauguay. En 1814, ce dernier quitte l’armée pour se rendre à Bordeaux à la demande de son père pour régler une succession. À cause de la guerre en Europe il se réfugie en Angleterre où il se marie.

 

À la suite du décès de son père, il rentre au Canada. Il partage avec son frère, Marc-Pascal, l’héritage paternel. Le premier  conserve les propriétés de Québec pendant que Marc-Pascal se voit attribuer la seigneurie des Éboulements. Pierre Jean pratique la médecine à Québec. Comme son père, il brasse des affaires en particulier dans les immeubles. En 1823, il retourne en Angleterre pour rejoindre son beau-père en. Au décès de ce dernier, il reçoit une rente annuelle importante et se consacre à l’administration des biens de son beau-père pendant quelques années. Malgré son désir de revenir s’installer en permanence au Bas-Canada, il n’y revient qu’occasionnellement. C’est ainsi que lors d'un voyage éclair au Canada il décède aux Éboulements, en 1834, victime du diabète. Pour sa part, Marc-Pascal est élu en 1845 député du   Northumberland (Saguenay).

12.  La seigneurie de Saint-Roch-des-Aulnaies

 

La compagnie des Cent-Associés reçoit de Louis XIV la mission de peupler Nouvelle-France et reçoit en compensation le monopole du commerce des fourrures. Les obligations sont cependant importantes. Elle doit assurer un peuplement de deux à trois cents hommes par année durant quinze ans. De plus, elle a l’obligation de nourrir et d’entretenir ces hommes pendant trois ans  pour finalement leur céder des terres.

 

Pour y parvenir, la Compagnie des Cents associés utilise le régime seigneurial. La seigneurie des Aulnaies fait partie des trente premières concessions accordées par les Cent-Associés. Elle comprend 213 arpents de front et est située sur les bords du Saint-Laurent. Elle est concédée, le 1er avril 1656, à Nicholas Juchereau de St-Denys.

 

Nicolas Juchereau (1627-1692) est seigneur des Aulnaies de 1656 à 1692. Il épouse Marie Thérèse Giffard, fille du seigneur de Beauport en 1649. Il reçoit de son beau-père un arrière-fief (le fief Duchesnay) où il se fait construire un manoir qu’il habite durant toute sa vie.

 

C’est à son gendre François Pollet, seigneur de La Pocatière, qu’il confie le nord-est de sa seigneurie où le jeune seigneur va rapidement entreprendre des travaux de défrichement. Malheureusement, ce dernier décède accidentellement en mars 1672. Cependant, dès1679 des concessions sont faites à deux censitaires.

 

Nicholas Juchereau s’illustre de plusieurs manières dans la vie de la Nouvelle-France. Il est membre du Conseil souverain et il se distingue surtout en repoussant l’envahisseur anglais en 1690. En récompense de cet exploit remarquable, Louis XIV lui accorde un titre de noblesse. Il décède, en 1692, en son manoir de Beauport.

 

Sa veuve, Marie-Thérèse, est seigneuresse de 1692 à 1714. Durant son administration, plusieurs lots sont concédés. Elle donne un vaste terrain pour la construction d’une église. Elle n’habite jamais la seigneurie des Aulnaies.

 

Son petit-fils, Joseph-Charles, lui succède et devient le troisième seigneur (1714-1765). Il fait construire le premier manoir vers 1720. Il y loge, lorsqu’il vient aux Aulnaies pour y recevoir les rentes et administrer les affaires de sa seigneurie.

Ce manoir est rasé, lors de la guerre de la Conquête en 1759. Le dernier seigneur de cette famille, Michel Louis, se départit rapidement de sa part de cette seigneurie. En effet, les autres héritiers d’Antoine-Louis Juchereau Duchesnay, se défont de leur moitié en la vendant à Amable Dionne, seigneur de la Pocatière. Michel Louis fait de même en 1837.

 

Amable Dionne est un marchand prospère de Kamouraska. Il vient rapidement à la politique en se faisant élire député à la Chambre d’assemblée, en 1830, pour représenter le comté de Kamouraska. En 1835, il est appelé à siéger au Conseil législatif. Il continue à résider dans son manoir de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. En 1849, il fait construire pour son fils, Pascal-Aimable, un manoir à Saint-Roch-des-Aulnaies selon les plans de l’architecte Charles Baillargé. Pascal-Amable prend possession de son manoir en 1853. Il y fait aménager des jardins qui font sa fierté. Malheureusement, le jeune seigneur est peu doué pour l’administration. Son train de vie fastueux l’oblige à hypothéquer son manoir et le moulin banal. Il est tellement dépensier que sa famille le fait interdire en 1865. Il meurt de la tuberculose, en 1870, à l’âge de 43 ans. Sa veuve, Louise Boisseau, lui succède comme dixième seigneur de 1870 à 1880.

 

En 1894, la succession décide de vendre à Arthur Miville Déchêne déjà seigneur de La Pocatière et descendant de la famille Juchereau Deschenay. D’abord député fédéral de l’Islet, celui-ci est nommé sénateur en 1901. Il décède prématurément en son manoir des Aulnaies le 30 avril 1902. Son fils, Arthur Miville-Déchêne fils, hérite et demeure propriétaire du domaine jusqu’à sa mort en 1950. Mme Aimé Miville-Déchêne, belle-soeur d'Arthur II, hérite du manoir et l’habite jusqu’en octobre 1963, alors qu’il est vendu à l’État provincial.

 

Le manoir

 

Le manoir de Saint-Roch-des-Aulnais une vaste construction de 21 mètres de longueur par 12 de largeur. Au rez-de-chaussée il y a 7 pièces. Un grand escalier conduit à l’étage où l'on retrouve plusieurs chambres et boudoirs. Les jardins mettent particulièrement en relief le bâtiment. L’extérieur présente deux tours ainsi qu’une immense galerie. Le petit-neveu de Pascal-Amable Dionne, Mgr Henri Têtu, décrit ce domaine comme un véritable paradis. Les jardins comprennent des bosquets, pelouses et autres ornements floraux. Les eaux de la rivière Ferrée servent à alimenter un étang au milieu du jardin.

Le moulin

 

Un premier moulin, selon l’obligation du seigneur, est construit vers 1749 sous l’administration d’Antoine Juchereau Duchesnay. Il est démoli en 1789. Un deuxième moulin est construit par Antoine Juchereau Duchesnay II. En 1832, le moulin devient la propriété d’Amable Dionne. Finalement, en 1842, le moulin tel qu’il apparaît présentement est construit. Il est à ce moment-là à la fine pointe de la technologie. Il demeure la propriété de la famille Dionne jusqu’en 1881.

 

L’ensemble du domaine, passe en plusieurs mains pour revenir à la corporation de la Seigneurie des Aulnaies en 1975.

 

Manoir Dionne, Saint-Roch-des-Aulnaies

 

13.  La naissance de la Beauce

 

Au début de la colonisation de la Nouvelle-France, plusieurs tentatives sont faites en vue d’installer quelques établissements sur le territoire de la Nouvelle-Beauce, mais sans succès. C’est ainsi que l’intendant Jean-Talon souhaite relier Québec à l’Acadie en passant par la rivière La Chaudière. On commence même à faire une route en suivant le tracé de La Chaudière. Faute de moyens, le projet est abandonné.

 

Il faudra attendre en 1736 pour que l’expansion de la Nouvelle-Beauce débute vraiment. Il faut rappeler qu’à cette époque, la Nouvelle-France connaît un temps de paix qui permet une croissance agricole favorable. Dans cette condition, l’extension du territoire connait un essor surprenant de telle sorte que les anciennes seigneuries situées sur les bords du Saint-Laurent offrent de moins en moins de nouvelles terres à la population grandissante.

 

De plus, des raisons militaires poussent les autorités de la Nouvelle-France à considérer le Richelieu et la Chaudière comme des zones stratégiques. Il devient donc nécessaire d’établir des zones tampons entre les colonies anglaises et la Nouvelle-France. C’est dans ce contexte que se situe l’ouverture de la Nouvelle Beauce.

 

Nous devons la naissance de la Nouvelle-Beauce à la famille de Joseph Fleury de la Gorgendière et ses gendres François Rigaud de Vaudreuil et Thomas Jacques Taschereau qui obtiennent, en septembre 1736, trois seigneuries contiguës. De même, deux autres seigneuries seront octroyées à Thérèse Lalande-Gayon et Gabriel Aubin de l’Isle. L’année suivante, François-Étienne Cugnot reçoit la seigneurie de Saint-Étienne.

 

Rapidement, les seigneuries sont peuplées par des habitants venant de l’Île d’Orléans et de la seigneurie de Lauzon. Les individus arrivent pour la plupart mariés avec des enfants. Ces nouveaux arrivants s’enracinent promptement dans leurs nouveaux milieux de vie. C’est ainsi que se développe un esprit typiquement beauceron de solidarité et de débrouillardise. 

 

La Seigneurie Aubert-Gayon (Saint-Georges de Beauce)

 

La seigneurie est concédée, en 1736, à Marie-Thérèse de la Lande Gayon, veuve de Aubert de la Chesnaye qui appartient à une famille noble de la Nouvelle-France. Cette seigneurie est située sur le versant gauche de la rivière Chaudière. Le versant droit est concédé la même année à Nicolas-Gabriel Aubin de l’Isle.

 

En 1764, la seigneurie d’Aubin de l’Isle est morcelée en trois fiefs : Sainte-Barbe-de-la-Famine, Saint-Charles-de-la-Belle-Alliance et une dernière partie qui conserve le nom original.

 

En 1768, il y a vente de la seigneurie Aubert Gayon à William Grant. En 1776, plusieurs familles loyalistes anglaises viennent s’y installer. En 1789, on assiste à la saisie des biens de Charles Doyon dont le fief Saint-Charles-de-la-Belle-Alliance est adjugé à John Eckart, marchand de Québec.

 

En 1808, les biens de William Grant et la seigneurie d’Aubert Goyon sont confisqués et adjugés à Georges Pozer, commerçant de Québec. C’est ce dernier qui doit être considéré comme le véritable fondateur de la paroisse Saint-Georges. D’origine allemande, Georges Pozer émigre d’abord en Angleterre puis à Philadelphie. Durant la guerre de l’Indépendance, il veut demeurer fidèle au roi d’Angleterre et après un autre séjour en Angleterre, il vient finalement s’établir à Québec à titre de marchand où il fait fortune. Durant la guerre de 1812, il fait des affaires avec l’armée anglaise à titre de fournisseur.

 

En 1817, il procède au recrutement de 189 colons dans sa ville natale. Mais malheureusement, cette tentative de colonisation tourne au désastre. Plusieurs nouveaux colons, trouvant la vie trop difficile ici, retournent en Allemagne. Pire encore, 29 d’entre eux sont brûlés vifs durant un incendie provoqué accidentellement en faisant brûler des abatis.

 

À la même époque, il fait construire un moulin à farine et un manoir. Georges Pozer décède en 1848. La seigneurie demeure dans les mains de la famille et c’est à William Milburn (1832-1890) que l’on doit le manoir actuel. Celui-ci est bâti sur les fondations du précédent détruit par un incendie. Construit en 1879, il a été édifié dans le style de la maison québécoise d’influence néoclassique. La famille Pozer et le système seigneurial ont donc joué un rôle primordial dans le développement de cette partie de la Beauce

 

 

Manoir Pozer, Saint-Georges-de-Beauce

 

 

La seigneurie Cumberland (Saint-Simon-les-mines)

 

Le fief de Cumberland fait partie intégrante de la Seigneurie d’Aubin de l’Isle, octroyée à Gabriel Aubin de l’Isle en 1736. Le nouveau seigneur ne développe pas sa seigneurie. À sa mort en 1747, il la laisse à ses six enfants. Puis graduellement, la seigneurie est morcelée.

 

En 1782, grâce à un recours judiciaire pour non payement de dettes, une partie de la seigneurie est adjugée à John Colin qui nomme son fief Cumberland en l’honneur du frère du roi d’Angleterre, Henry Frederick, duc de Cumberland. En 1790, le fief est vendu à Andrew Skeene, major dans l’armée. Il y installe quelques colons puis le vend à son tour à Édouard Harbottle en juin 1819.

 

Ce dernier cède le fief à William Torrance et s’y fait concéder une terre. Mais, malheureusement, le nouveau propriétaire connaît des difficultés financières et doit remettre le fief à son ancien propriétaire. Vers 1830, ce dernier développe le domaine en bâtissant un manoir de pierres, un moulin et l’église anglicane Saint-Paul. Il décède en 1851.

 

Le domaine demeure à l’abandon jusqu’à son rachat par son neveu Édouard Harbottle Taylor en octobre 1867. Au décès d’Édouard, la propriété et ses droits passent à ses soeurs et ses frères. C’est Thomas John Taylor qui hérite de la plus grande partie du domaine seigneurial et y fait construite en 1917 le manoir actuel.

 

Le domaine demeure dans la famille Taylor jusqu’en 1975, année où il est vendu à la Caisse d’Établissement de la Chaudière. Il faut souligner qu’en 1846, on découvre de l’or dans la rivière Touffe. En 1959, Beauce Placer, qui possède des droits miniers, se sert d'une immense machine pour extraire et laver l’or que l’on pourrait trouver dans le gravier de la rivière Gilbert. La compagnie doit cesser ses activités, en 1964, parce que non rentable.

 

 

 

Manoir Taylor, Saint-Simon-les-Mines

 

La seigneurie Saint-Joseph

 

La seigneurie est d’abord concédée à François-Pierre Rigaud de Vaudreuil. En 1737, ce dernier l’échange officieusement à son beau-père, Joseph Fleury de la Gorgendière.

 

La seigneurie prend le nom de Saint-Joseph. Joseph Fleury est considéré comme le véritable fondateur de la Beauce. En 1738, on effectue la construction d’un moulin à farine et un à scie, d’un manoir seigneurial et d’une chapelle. En 1740, c’est l’arrivée des premiers colons et la fondation de la première mission. La seigneurie se développe rapidement avec l’arrivée de plusieurs colons venus s’installer dans ces terres fertiles.

 

En 1747, François-Rigaud de Vaudreuil cède officiellement sa seigneurie en échange de celle qui avait été concédée à son beau-père Joseph Fleury en 1736. Ce dernier nomme sa seigneurie Saint-Joseph-de-la-Nouvelle-Beauce. En 1755, au décès de celui-ci, la seigneurie passe à son épouse Claire Jolliet et ses enfants. En 1764, lors de l’inauguration de la seconde église la seigneurie compte 340 habitants.

 

Lors de l’invasion américaine de 1775, les Beaucerons vont aider l’envahisseur américain commandé par Benedict Arnold en représailles des actes violents de l’armée britannique qui avait brûlé les fermes de leurs parents de la Côte de Beaupré lors de la Conquête en 1760.

 

En 1776, plusieurs réfugiés anglo-américains viennent s’installer en Beauce. À partir de 1778, Gabriel-Elzéard, qui a hérité de sa mère de 1/12 de la seigneurie de Saint-Joseph, achète les parts des héritiers de son grand-père et se déclare seigneur principal de Saint-Joseph-de-la-Nouvelle-Beauce. En 1784, la seigneurie compte 642 habitants.

 

En 1856, Saint-Joseph-de-la-Nouvelle-Beauce connaît un développement majeur en devenant le chef-lieu du district judiciaire de la Beauce, ce qui provoque l’arrivée de plusieurs professionnels : avocats, notaires, etc. En 1857, la seigneurie appartient à Jean-Thomas Taschereau et d’autres héritiers de la famille de la Gorgendière.

 

Maison Taschereau, Saint-Joseph-de-Beauce

Cette maison québécoise fut la propriété de Thomas Jacques Taschereau fils de Thomas-Jacques et Marie-Anne Fleury de la Gorgendière. Il devient propriétaire de la seigneurie de Fleury qui incluait une partie de Saint-Joseph et de Saint-Jules, Tring-Junction et Vallée-Jonction.

 

La seigneurie Saint-François (Beauceville)

 

En 1737, François Pierre Vaudreuil échange officieusement, sa seigneurie avec Joseph Fleury de la Gorgondière son beau-père. En 1740, on assiste à l’arrivée du premier colon et l'octroi d’un arrière-fief à Joseph Nochet, qui lui donne son nom. L'année suivante la concession d’un autre arrière-fief est faite à François Daine qui lui donne son nom.

 

En 1747, François-Pierre de Vaudreuil échange officiellement sa seigneurie avec son beau-père Joseph Fleury de la Gorgendière. Ce dernier nomme sa nouvelle seigneurie Saint-Joseph-de-la-Nouvelle-Beauce et François-Pierre de Vaudreuil désigne la sienne sous le nom de Rigaud-de-Vaudreuil. En 1772, François-Rigaud de Vaudreuil vend sa seigneurie à Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry. Cette famille développe vraiment la seigneurie qui entre-temps avait pris le nom de Saint-François.

 

En 1782, Gaspard-Joseph se rend acquéreur de deux arrières-fiefs. En 1783, c'est l'ouverture des registres de la paroisse Saint-François-d’Assise. En 1846, Charles-Joseph de Léry est seigneur de Saint-François. La découverte d’une pépite d’or dans le lit de la rivière de la Touffe de Pin déclenche une véritable ruée vers l’or. La famille Léry obtient de l’État le privilège d’exploitation de l’or sur sa seigneurie. En 1847, Charles de Léry loue les droits miniers à la Chaudière Mining.

 

En 1864, après le décès de son frère c’est Alexandre René qui devient seigneur de Saint-François. Ce dernier connaît une carrière politique comme conseiller législatif et sénateur. Après le décès d’Alexandre-René, c’est son épouse Catherine Couillard qui prend la relève jusqu’à son décès en 1888. Mais déjà, l’abolition du régime seigneurial avait mis en veilleuse le rôle du seigneur. William, un des derniers de la lignée, sera maire de Saint-François et préfet du comté de Beauce.

 

                         

Manoir Chaussegros de Léry

Cette maison construite en 1829 selon la tradition anglaise aurait servi de manoir seigneurial durant les séjours estivaux des Chaussegros de Léry.

 

La seigneurie Sainte-Marie de Beauce

 

En 1736, une seigneurie est accordée à Thomas-Jacques Taschereau qui la nomme Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce. Thomas-Jacques Taschereau est conseiller du roi et directeur de la monnaie et trésorier de la ville de Tours. Cette famille appartient à la noblesse de robe. Il vient au Canada avec l’intendant Dupuy à titre de secrétaire particulier. Il arrive à Québec en août 1726. Il épouse Marie Claire Fleury, fille de Joseph Fleury de la Gorgendière. En 1732, il retourne en France avec sa nouvelle épouse. Il est désigné comme trésorier de la Marine au Canada en plus d’être conseiller au Conseil souverain. À son retour, il se porte acquéreur de la seigneurie de Sainte-Marie et participe ainsi activement au développement de la Nouvelle-Beauce avec son beau-père Joseph Fleury de la Gorgendière et son beau-frère Pierre de Rigaud de Vaudreuil. Ces trois seigneurs doivent suivre les conditions liées à l’octroi de leurs seigneuries. Accaparé par ses fonctions importantes à Québec, Thomas-Jacques Taschereau nomme, en juillet 1745, Étienne Parent comme administrateur de sa seigneurie.

 

En 1743, c’est la construction du premier moulin à farine et de la première maison seigneuriale. En 1749, il décède et la seigneurie passe à son épouse et ses enfants. C’est Gabriel-Elzéard, son fils, qui devient seigneur de Sainte-Marie. En 1784, la seigneurie compte 775 habitants.

 

C’est entre 1809 et 1811 que Jean-Thomas Taschereau (père) fait construire le manoir. Jean-Thomas père et Marie Panet son épouse ont six enfants dont Jean-Thomas (fils), avocat et juge à la Cour Suprême. Ce dernier achète en 1876 le manoir de ses soeurs qui en avaient hérité. Marie Panet donne également naissance à Elzéard-Alexandre Taschereau futur archevêque de Québec et premier cardinal canadien. D’une seconde union avec Marie-Joséphine Caron, Jean-Thomas (fils) a sept enfants, dont Louis-Alexandre Taschereau qui devient premier ministre du Québec de 1920 à 1936.

 

Pour faire suite au décès de Jean-Thomas fils, le manoir passe entre plusieurs mains de la famille. Cette famille remarquable a joué un rôle prépondérant dans l’histoire de la Beauce et du Québec.

 


Manoir Taschereau, Sainte-Marie-de-Beauce

14.  La seigneurie Rivière-du-Sud  (Montmagny)

 

En mai 1646, on procède à la concession d’une seigneurie près de la rivière du Sud comprenant l’Îsle-aux-Grues, l’Île-aux-Oies et Grosse-Île à Charles Huault de Montmagny qui la nomme Rivière-du-Sud. C’est l’une des plus anciennes seigneuries concédées en Nouvelle-France. En 1654, la seigneurie est vendue à Louis Chartier de Lotbinière qui en revend une partie à son beau-frère, Louis Couillard de Lespinay.

 

En 1655, par des achats successifs, Louis Couillard devient seigneur principal et fait construire un premier manoir à l’embouchure de la Rivière-du-Sud sur le Saint-Laurent. Tout près, on retrouve une chute d’eau qui peut actionner un moulin. En 1668, Louis Couillard donne la moitié de l’Île-aux-Oies et de l’Îsle-aux-Grues à sa fille Jeanne, à l’occasion de son mariage avec Paul Dupuis. La même année, il reçoit ses lettres de noblesse, ce qui lui permet de porter le titre d’écuyer. En 1671, Louis Couillard octroie un arrière-fief à son fils, Louis, qui le nomme Lespinay.

 

En 1678, à son décès, ses créanciers saisissent la seigneurie. Sa conjointe, étant veuve, a droit à son douaire, ce qui lui permit de racheter le domaine qui demeure dans la famille pendant un siècle et demi. C’est Jean-Baptiste, l’aîné, qui prend le titre de seigneur.

 

Antoine-Gaspard, fils de Jean-Baptiste est né le 16 février 1789. Il fait un stage chez Alexandre Chaussegros de Léry pour devenir avocat. Il met fin prématurément à ce stage pour commencer des études en médecine et reçoit, à l’âge de 22 ans, l’autorisation de la pratiquer.

 

La seigneurie de la Rivière-du-Sud avait été plusieurs fois divisée et subdivisée. Au décès de son père, il devient propriétaire d’une partie du domaine. Grâce à plusieurs acquisitions entre 1816 et 1841, il prend titre de seigneur principal. À l’occasion de son mariage avec Marie-Angélique-Flore Wilson, il se fait construire un imposant manoir de deux étages. Malheureusement, peu doué pour les affaires, Antoine Couillard doit s’endetter. Finalement, il est dans l’obligation de vendre son manoir et son domaine à William Randell Panton.

 

Pour subvenir au besoin de sa nombreuse famille, il réussit à se faire nommer registraire du district de Saint-Thomas. Il décède le 12 juin 1847.

 

Le manoir Couillard-Dupuis construit par les descendants de Louis Couillard de Lespinay vers 1800 sur les fondations de l’ancien détruit, en 1759, lors de la Conquête. Exemple type de manoir inspiré de la maison rurale québécoise. Il demeure dans la famille Couillard jusqu’à l’abolition du régime seigneurial en 1854. Il a été habité par le dernier seigneur de Montmagny, Louis-Absalon Couillard-Dupuis. Classé monument historique, en 1961, et restauré en 1967. Aujourd’hui musée de l’Accordéon.

 

 


Manoir Couillard-Dupuis, Montmagny

 

Manoir Couillard de Lespinay, Montmagny

Manoir Couillard de Lespinay construit en 1817. Magnifique résidence dotée d’un porche monumental couronné d’un tronçon triangulaire. Considérée l’une des plus imposantes résidences du Bas-Canada de l’époque.

 

15.  La seigneurie de l’Isle-aux-Grues

 

En 1646, il y a concession de l’île aux Grues comme seigneurie à Charles Huaut de Montmagny. Ce dernier se fait bâtir une petite maison de chasse. La seigneurie comprend alors l’île-aux-Oies et les îles avoisinantes. En 1668, Paul Dupuy et Pierre Bécart, officiers du régiment de Carignan-Salières, deviennent seigneurs de l’île-aux- Grues. Vers 1725, les Bécart de Grantville font construire une première maison.

 

En 1769, ce qui deviendra le manoir est construit pour Geneviève LeMoyne, arrière-petite-fille de Pierre Bécart de Grantville, épouse de Louis Liénard de Villemonde de Beaujeu. Cette demeure constitue le corps principal du manoir seigneurial actuel.

 

En 1802, après le décès de son mari, Geneviève LeMoyne vend la seigneurie à Daniel MacPherson. Les MacPherson sont des loyalistes de Philadelphie. Les dimensions du manoir sont augmentées de façon importante. En 1828, le domaine seigneurial passe à son fils John MacPherson. En 1848, Sophia Wills, épouse de James MacPherson, hérite du manoir. En 1852, le domaine passe à Melinda et Mary Macpherson. En 1873, James Macpherson Lemoyne hérite du domaine de ses cousines.

 

En 1936, le domaine est vendu à Nathalie Holmes. Le manoir est connu sous le nom de LeMoyne, à cause du propriétaire James Macpherson Lemoyne. Ce dernier est un écrivain et historien qui utilise le manoir comme maison d’été. Le manoir passe finalement entre les mains du peintre Jean-Paul Riopelle qui y décède en 2002.

 

Manoir de L’Île-aux-Grues

 

16.  La seigneurie de l’Isle-Verte

 

L’histoire de l’Isle-Verte se confond avec celle de l’île du même nom. Deux noms de lieux qui ont la même prononciation, mais avec une orthographe différente. Ainsi, il y a la municipalité de l’Isle-Verte et celle de l’Île-Verte, cette dernière étant située dans le Saint-Laurent. La seigneurie est d’abord concédée, en 1684, par le gouverneur la Barre à Louis Rouer pour ses deux fils, Louis Rouer d’Artigny et Augustin Rouer de Villeray. En 1689, la seigneurie est concédée à nouveau par le gouverneur Denonville à Louis Rouer d’Artigny et Charles Aubert de La Chesnaye.

 

En 1701, Louis Rouer cède sa part à Pierre de la Minotière. En 1711, il cède sa part à Jean-Baptiste Côté. Jusque-là, les différents seigneurs s’adonnent surtout à la chasse, dont celle du loup-marin.

 

Avec l’arrivée du seigneur Jean-Baptiste Côté, en février 1711, c’est le début du développement agricole. En 1738, on procède à la construction du moulin à farine du Petit Sault. En 1805, il y a vente de 2/5 de la seigneurie à James Shepperd. En 1817, la seigneurie passe entre les mains de Régis Garon.

 

Un événement important survient en 1819. En effet, Louis Bertrand devient seigneur par bail emphytéotique (bail de longue durée, allant de 18 à 99 ans). Ce dernier a fait fortune avec le commerce du bois. L’Isle-Verte devient un centre commercial et administratif important. En 1853, L’Isle-Verte est désignée comme chef-lieu du nouveau comté de Témiscouata. Elle devient, alors, le siège de la Cour de circuit. En 1860, un palais de justice est construit et reste en fonction jusqu’en 1918. En 1858, la seigneurie appartient à plusieurs propriétaires, dont Louis Bertrand et plusieurs membres de la famille Fraser.

Manoir Louis Bertrand, L’Isle-Verte

La maison Louis-Bertrand construite, en 1853, par le seigneur Louis Bertrand. Celui-ci n'est pas seulement seigneur, mais également premier maire de l’Isle-Verte et député du comté de Rimouski.

 

17.  La seigneurie de Trois-Pistoles

 

L’histoire de Trois-Pistoles commence par la concession d’une seigneurie par le gouverneur de Denonville à Charles Deny de Vitré, mais c’est à Jean Riou que l’on doit le développement de Trois-Pistoles.

 

Jean Riou est originaire du petit village Ploujean en Bretagne. Vers l’âge de 20 ans, il quitte la France pour venir s’installer en Nouvelle-France. Dans un premier temps, il s'établit dans la paroisse Sainte-Famille de l’île d’Orléans où il épouse Catherine Leblond le 10 janvier 1678. En 1696, Charles Denys de Vitré cède sa seigneurie à Jean Riou en échange d’une de ses terres de l'Île d’Orléans. Cette seigneurie reste dans la famille Riou jusqu’à l’abolition du système seigneurial en 1854.

 

En 1710, la moitié de la seigneurie est cédée par Jean Riou à son fils Nicolas le reste étant partagée entre Pierre, Vincent et Marie-Madeleine Riou. En 1723, la seigneurie appartient majoritairement à Nicolas. En 1751, elle est agrandie par le gouverneur, le marquis de Jonquière. En 1774, la seigneurie appartient, entre autres, à Jean-Baptiste Riou et son épouse Reine Boucher. En 1780, Étienne Riou acquiert progressivement la majeure partie de la seigneurie des autres héritiers.

 

En 1803, la seigneurie est majoritairement la propriété d'Étienne, Vincent et Pierre Riou. En 1805, par testament, Étienne Riou cède sa partie de seigneurie à son fils, Joseph. Ce dernier achète plusieurs parties de la seigneurie en 1808. En 1827, il cède une partie de sa seigneurie à son fils, Éloi. En 1858, la plus grande partie de la seigneurie appartient à ce dernier. La seigneurie est vendue, en 1902, à E.W. Tobin qui y exploite une scierie jusqu’en 1920.

 

     

Manoir Riou, Trois-Pistoles          

Manoir Riou-Belzile. Manoir historique construit, en 1790, et agrandi vers 1835. Il constitue un exemple de l’architecture domestique québécoise du début du 19e siècle. Il est situé sur le chemin de la Grève-Rioux près du fleuve dans Notre-Dame-des-Neiges.

18.  La seigneurie de Kamouraska

 

Le 15 juillet 1674, Frontenac accorde une nouvelle seigneurie à Olivier Morel de la Durantaye qui la nomme Kamouraska. Cette seigneurie a 11 km de front sur 7 km de profond le long du Saint-Laurent. Morel ne fait aucun effort pour développer sa seigneurie et la vend, en 1680, à Charles Aubert de la Chesnaye, un homme d’affaires important de la Nouvelle-France. Ce dernier est à ce moment déjà seigneur de Rivière-du-Loup. Il faut attendre, en 1692, pour qu'il décide de faire arpenter sa nouvelle seigneurie. En 1694, les premiers documents officiels sont signés et accordent des terres aux premiers défricheurs.

 

En 1700, le seigneur Charles Aubert de la Chesnaye donne sa seigneurie à son fils, Louis Aubert. Ce dernier, faisant carrière dans la troupe de la marine, ne peut s’en occuper. En 1713, la seigneurie est donnée en dot à Henry Hiché à la condition qu’il épouse leur nièce, Marguerite Le Gardeur. Le nouveau seigneur réside à Québec. La même année, il se porte acquéreur d’un fief voisin, Grandville, et agrandit ainsi considérablement sa seigneurie.

 

En 1723, Henry Hiché et son épouse vendent la moitié de leur seigneurie à l’un des fils du premier seigneur, Louis Joseph Morel de La Durantaye. Ce dernier s’installe au manoir devenant ainsi le premier seigneur résident de la seigneurie. En 1758, à la suite de plusieurs transactions, Jean-Baptiste Decharnay et son épouse, Marie-Louise Quercy, sont propriétaires de plus des 3/4 de la seigneurie. En 1759, les soldats de l’armée anglaise débarquent à Kamouraska et commencent à détruire la Côte-Sud.

 

En 1760, au décès de Jean-Baptiste Decharnay, sa seigneurie va à sa femme et ses filles Marie-Louise Decharnay, épouse de Jean-Baptiste Magnan, et Mlle Decharnay de Verville. En 1785, Marie-Louise Decharnay, veuve de Jean-Baptiste Magnan, épouse Pascal-Jacques Taché. En 1790, Marie-Louise Quercy cède les parts de la seigneurie (1/2) à son gendre, Pascal-Jacques Taché. À partir de cette date, la seigneurie connaît un grand essor.

 

En 1833, au décès de Pascal-Jacques Taché, la seigneurie est partagée en deux parties qui passent à deux enfants : Jacques-Vincesclas Taché (Saint-Pascal) et Louis-Pascal-Achille Taché (Saint-Louis).


En 1839, un drame frappe la famille Taché avec l’assassinat de Louis-Pascal-Achille Taché par son ami de Sorel, Georges Holmes, l’amant de son épouse, Joséphine-Éléonore d’Estimeauville. Cette histoire va inspirer le roman, Kamouraska d’Anne Hébert porté à l’écran par Claude Jutra.

 

En 1858, la seigneurie appartient à Jacques Wenceslas Taché et Louis Ivanhoé Taché

 

Manoir de Kamouraska

Le manoir de Kamouraska détruit par un incendie en 1885 fut reconstruit sur le même emplacement.

19.  La seigneurie de Saint-Vallier

 

Le territoire de Saint-Vallier s’est développé dans le régime seigneurial. En 1662, une seigneurie est concédée à Olivier-Morel de la Durantaye. En 1716, Louis-Joseph Morel de La Durantaye hérite de la partie est de la seigneurie de la Durantaye. En 1720, Louis-Joseph vend la partie est de la seigneurie aux Hospitalières de l’Hôpital Général de Québec qui la nomme Saint-Vallier, du nom de l’évêque de Québec. En 1747, les nouvelles seigneuresses font construire le moulin du Petit-Canton sur la décharge du lac Saint-Michel. Ce moulin sert alors à carder la laine, à moudre les grains et fendre les bardeaux.

 

Après la Conquête, en 1767, les religieuses, qui éprouvent des difficultés financières, vendent leur seigneurie à Charles-François Xavier Tarieu de Lanaudière. Il fait construire un moulin près de la rivière du Sud ainsi qu’un manoir en 1810. Le nouveau seigneur demeure à Québec où il occupe des fonctions militaires. Le manoir de Saint-Vallier lui sert de résidence estivale comme pour plusieurs seigneurs à l’époque.

 

En 1776, la seigneurie passe à son fils, Charles-Louis Tarieu de Lanaudière. Ce dernier participe à la bataille des Plaines d’Abraham. Après la défaite française, il suit son régiment en France. En 1767, il se retrouve en Angleterre où il obtient un passeport pour revenir au Canada. Il se met alors au service du gouverneur Carleton comme aide de camp. Il se distingue durant l’invasion américaine de 1775. En 1791, il siège comme membre du Conseil législatif. À son décès, en 1811, la seigneurie passe aux mains de plusieurs héritiers, dont ses soeurs et ses enfants. La famille demeure propriétaire de la seigneurie jusqu’en 1850. Le manoir passe en plusieurs mains dont la famille Amos qui en est propriétaire jusqu’à tout récemment, alors qu’il passe aux mains d’une corporation à but non lucratif. Ainsi, de nos jours, toute la collectivité peut en profiter.

 

Manoir Lanaudière, Saint-Vallier

Ce manoir construit en 1810 est bien situé avec une vie panoramique sur le fleuve. On y retrouve une annexe abritant une chapelle qui peut contenir une vingtaine de personnes.

20.  La Seigneurie de la Rivière-Ouelle

 

La seigneurie est concédée, le 29 octobre 1672, à Jean-Baptiste-François Deshamps (de Boishébert) de la Bouteillerie. C’est un aristocrate venant d’une famille de la noblesse rurale et un des rares nobles à se consacrer au développement de sa seigneurie. Dès 1674, le seigneur Deschamps concède ses premières terres. Durant cette première décade, plusieurs familles s’installent à Rivière-Ouelle.

 

D'ailleurs, toute la Côte Sud de Lauzon jusqu’à L'Isle-Verte est confiée à des seigneurs en vue d’y établir des colons. Six de ces douze seigneuries ont été données à Charles Aubert de la Chesnay. Pour sa part, la famille Juchereau (Saint-Roch-des-Aulnaies) en possède quatre. Ce sont donc des entrepreneurs-spéculateurs qui veulent posséder de grands domaines en vue de commerce futur. Le sieur Deschamps entreprend de développer rapidement sa seigneurie de sorte, qu’en 1681 elle compte déjà 62 âmes, ce qui est beaucoup plus que les seigneuries environnantes.

 

Ses premiers agriculteurs vivent éparpillés sur un vaste territoire. On ne retrouve pas un village avant plusieurs années. Les agriculteurs sont généralement épris de liberté. Le seigneur n’exerce qu’une autorité morale. Les censitaires paient des rentes au seigneur, mais aucun impôt. Cependant, on aime s’entraider et l'on développe un esprit de solidarité. Le colon n’a que peu d’obligations : développer son lot, payer ses rentes et la dîme. Par contre, il est très individualiste. On a de la difficulté à le mobiliser pour la construction de routes et autres travaux publics. Le fermier devient facilement un coureur de bois pour augmenter son revenu.

 

Dans sa petite communauté, on donne beaucoup d’importance à certains privilèges comme l’occupation du banc seigneurial à l’église. Lors de la procession de la Fête-Dieu, le seigneur et sa famille, le capitaine de milice et les doyens de la paroisse ont préséance sur les autres habitants de la paroisse. Le domaine seigneurial est souvent cultivé par le seigneur en personne et c’est souvent une propriété fort modeste.

Le moulin banal

 

Chaque seigneur devait construire un moulin banal pour moudre le grain moyennant une certaine redevance. Un premier moulin à vent est construit en 1709.

 Mais, en 1730, un nouveau moulin à vent y est érigé par le seigneur Louis-Henri Deschamps. Il faut attendre 1768 pour la construction du premier moulin à eau par un contrat à un marchand de Québec et de Rivière-Ouelle.

Les différents seigneurs de Rivière-Ouelle

 

La famille Deschamps de Boishébert dirige la seigneurie de la Bouteillerie de 1672 à 1774. Jean-Baptiste-François Deschamps est le fondateur de cette seigneurie. Son fils, Charles-Joseph, hérite de la seigneurie, mais la transmet à son frère Henri-Louis qui l’administre de 1703 à 1736. Ce seigneur ne réside que rarement dans sa seigneurie. Durant son absence, c’est un chargé d’affaires qui le représente. L’absence du seigneur nuit au développement de la seigneurie. À son décès, c’est sa veuve, Louise-Geneviève de Ramezay, qui prend la relève de 1736 à 1769. Malheureusement, elle n’a pas tellement le sens des affaires et cède plusieurs droits seigneuriaux à des censitaires.

 

En 1769, c’est son fils Charles qui devient le nouveau seigneur. Il ne réside pas dans sa seigneurie. C’est un personnage contesté. Il passe en France en 1760 où on l’accuse d’avoir profité de son commandement en Acadie pour s'enrichir aux dépens de l’État. Cependant, il est libéré de ces accusations. Sa seigneurie est vendue, en 1774, à Guillaume-Michel Perrault.

Guillaume-Michel Perrault (1774-1790)

 

En mars 1774, le seigneur Boishébert vend les 2/3 de la seigneurie de la Rivière-Ouelle à Guillaume-Michel Perrault. La partie restante est également vendue le même jour. Jacques Perrault, le frère du nouveau seigneur et qui est déjà l’administrateur de la seigneurie pour la famille Deschamps, continue, cette fois-ci pour le compte de son frère, la gestion du domaine.

Jacques Nicholas Perrault (1790-1812)

 

Guillaume-Michel Perrault n’ayant pas d’héritiers, c’est son neveu, Jacques-Nicolas qui hérite de son oncle. Le nouveau seigneur décède à son tour sans laisser d’héritiers. La seigneurie est alors partagée judiciairement entre ses trois frères. Cependant, l’année suivante, la seigneurie passe aux mains de Pierre Casgrain. Jacques Nicolas fut un des derniers seigneurs aristocrates qui a vécu sur son domaine. Il joue un rôle politique d’abord comme député puis comme conseiller législatif au moment de sa mort. Comme on le voit, la plupart des seigneurs de la Rivière-Ouelle n’ont pas résidé dans la seigneurie.

La famille Casgrain

 

Pierre Casgrain est apparenté à plusieurs familles illustres de Rivière-Ouelle comme les Letellier dont un membre fut lieutenant-gouverneur du Québec. Les Casgrain sont des hommes d’affaires qui entretiennent des liens commerciaux au niveau local ainsi qu’à Québec.

 

Pierre Casgrain avait fait du commerce avec la région des Grands Lacs parmi les Indiens. C’est, en 1791, que commence à s’illustrer cette famille. Pierre Casgrain s’associe à la famille Dionne. Amable Dionne devient, ainsi, seigneur de Saint-Roch-des-Aulnaies et Sainte-Anne-de-la-Pérade.

 

Pierre Casgrain fait également construire un pont sur la rivière pour remplacer le bac. Ce pont lui rapportait un autre revenu régulier. Il fait l’acquisition de la seigneurie de l’Islet qu’il transmet à son fils Olivier-Eugène.

 

C’est Pierre-Thomas Casgrain, l’héritier de Pierre, qui fait construire le manoir actuel en 1834. Il reçoit beaucoup et a un train de vie fastueux. Malheureusement, comme c'est souvent le cas des seigneurs, il est un piètre administrateur. Il fait faillite, et ses biens meubles sont vendus à l’enchère.

 

En 1870, la seigneurie est vendue par Charles-Clément Casgrain à Charles Le Tellier. Ce dernier est reconnu comme un homme intraitable et dur. Il est également maire de Rivière-Ouelle pendant plusieurs années.

Les manoirs

 

Au cours de l’existence de cette seigneurie, plusieurs manoirs ont été construits puis abandonnés.

Les manoirs de Boishébert

 

Le premier manoir  devient presbytère. Un second fut construit, mais on ne retrouve plus la trace.

Le manoir des Perrault

 

Propriété de J.Nicolas Perrault cette résidence est connue sous le nom de manoir d’Airvault. C’est une résidence de prestige.

 

Pierre Casgrain, premier seigneur du nom, se sert de la maison de James Quin jusqu'en 1828. Un second manoir est construit puis démoli plus tard. Finalement, le manoir actuel est construit en 1834

 

Manoir Casgrain, Rivière-Ouelle

21.  La Seigneurie de la Rivière-du-Loup

 

En 1673, la seigneurie de Rivière-du-Loup est concédée à Charles-Aubert de la Chesnaye qui va y établir un poste de traite. En 1709, la seigneurie est vendue aux enchères à Joseph Blondeau. Finalement, en 1751, seigneurie est cédée à Pierre Claverie

 

Après la Conquête, le général James en devient propriétaire. Un mois plus tard, il la revend à Richard Murray et au marchand John Gray. Comme les nouveaux propriétaires ne peuvent s’acquitter de leurs obligations seigneuriales, ils la remettent au général. Ce dernier la vend à nouveau à Isaac Werden qui doit également la remettre au bout d’un certain temps. Murray doit rapidement trouver quelqu’un pour s’en occuper. C'est ainsi que tout juste avant son départ pour l’Angleterre, en 1766, Murray loue sa seigneurie par bail conjointement à Richard Murray et Malcolm Fraser. Ce dernier est attiré par la pinière que l’on retrouve sur la seigneurie et le commerce du bois qui en dépend. Fraser va donc s’occuper activement de développer ce domaine tout en concédant des terres et en pratiquant le commerce des fourrures

 

Comme nous l’avons déjà vu, Fraser a une vie familiale particulièrement complexe. C’est ainsi que pour la seigneurie de Rivière-du-Loup, il faut faire le lien avec Marie-Louise Allaire. Celle-ci est la mère de plusieurs enfants de Fraser : Angélique, mariée à John Mc Loughlin réside dans la région de Rivière-du-Loup; Alexandre, l’aîné de ses fils, travaille pour la compagnie du Nord-Ouest et revient plus tard s’installer à Rivière-du-Loup; Joseph, arpenteur administre à plusieurs reprises la seigneurie de Rivière-du-Loup pendant les absences de son père et Simon, le plus jeune des fils, médecin et officier de l’armée devient plus tard seigneur de Contrecoeur.

 

La seigneurie de l’est de l’Île d’Orléans appartient au lieutenant James Murray. Ce dernier retournant en Angleterre, Malcolm Fraser en devient administrateur officiel. En mars 1780, il prend possession de la propriété et fait acte de foi et hommage auprès du gouverneur Haldimand en août 1780.

 

C'est sa fille Juliana, fille de Margery Mc Cord, mariée à Patrick Langan, qui en reçoit l’usufruit. Après la mort de Malcom Fraser, elle en hérite avec tous les droits qui y sont attachés.

 

 

Durant la guerre d’indépendance américaine, Malcolm Fraser reprend du service. La guerre terminée, il continue à s’intéresser à la seigneurie de la Rivière-du-Loup. Après de multiples démarches, Fraser reprend le bail de la seigneurie qui appartient toujours à James Murray. En 1790, Rivière-du-Loup compte 361 habitants et continue à se développer.

 

À la suite  de multiples mutations, le 28 février 1800, Cadwell achète, en Angleterre, des héritiers de James Murray, toutes ses terres du Canada. En octobre, le même Cadwell signe une promesse de vente à Macolm Fraser pour son fils Alexandre. Finalement, c’est le 2 août 1802 qu’est complété l’acte de vente à Alexandre Fraser. En 1810, il fait don de sa seigneurie de l’Isle du Portage à son fils Joseph.

 

C’est son fils, Alexandre, qui, en 1834, acquiert la maison Donahue. Cette dernière devient le sixième et actuel manoir de la seigneurie de Rivière-du-Loup. Au décès d’Alexandre Fraser, en 1837, ce sont ses fils Édouard et William qui lui succèdent. William épouse Anaïs-Wilhelmine de Gaspé, fille de Philippe-Aubert de Gaspé.

 

À la mort de William, en 1908, son épouse habite le manoir jusqu’à son décès en 1923. Sa fille Alice en hérite à son tour. Comme elle n’a pas d’enfants, c’est une nièce, Thérèse Fraser, qui en prend possession jusqu’à son décès en 1983. Classé monument historique en 1991, il est finalement restauré en 1996-1997 pour devenir un centre d’interprétation de la vie seigneurial en juin 1997.

 

Manoir Fraser, Rivière-du-Loup

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