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Une Église en voie de disparition?
Le nombre de prêtres en chute libre
Diocèse de Saint-Jean-Longueuil
Un avenir incertain
Renouvellement de la théologie des vocations
Le vieillissement des clercs
L'Église au Québec et la modernité



Une Église en voie de disparition?


Cette désaffection de l’Église est le résultat du processus de modernisation. Dans la nouvelle société québécoise qui apparaît dans les années 1960, les mentalités changent. La société nouvelle est diversifiée ce qui modifie les rapports sociaux. La nouvelle vision du monde en est une de changement, d’adaptation. L’Église vit actuellement une crise majeure de crédibilité. Celle-ci liée au pouvoir comme autrefois ne convient plus au XXIe siècle. La crédibilité vient de nouvelles figures comme Mère Thérésa, témoin de son temps. Ce sont des témoins de l’Église, comme cette femme, qui redonneront à l’Église le sens véritable de sa mission dans le monde. L’Église doit continuer à défendre les faibles, à dénoncer le matérialisme et à exiger un monde plus juste. Ce sera sa mission du XXIe siècle ou ce sera la fin.


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Le nombre de prêtres en chute libre


Il ne reste que trois séminaires au Québec, ceux de Montréal, Québec et Chicoutimi. À titre de comparaison, le séminaire de Montréal comptait 280 séminaristes au début des années 1960 et celui de Québec 250. En 2001, il ne restait plus que six séminaristes à Québec et huit à Montréal. Un prêtre doit desservir plusieurs paroisses, cinq ou six dans certains cas. Le prêtre devient ainsi un fournisseur de services. Plus de 35 % des prêtres du Québec ont plus de 70 ans et seulement 13 % ont moins de 50 ans. Dans les années 1960, plusieurs prêtres ont quitté le ministère. Il est certain qu’une revision des conditions d’admission au presbytérat et les exigences qui les accompagnent auraient peut-être changé les choses. Les jeunes prêtres qui restent en poste sont rapidement écrasés par une charge pastorale excessive.


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Diocèse de Saint-Jean-Longueuil


À partir des statiques du diocèse de Saint-Jean, nous pouvons analyser la gravité du problème de la décroissance du nombre de prêtres : en 2001, il ne reste que 113 diocésains. C’est neuf de plus qu’à la fondation du diocèse en 1934.

En effet, cette année-là, plus du tiers des prêtres avaient moins de 35 ans et seulement 6 d’entre eux plus de 70 ans. En 2001, aucun prêtre n’a moins de 35 ans, trois ont moins de 50 et les deux tiers plus de 70. C’est le diocèse qui compte le moins de prêtres par fidèles, soit 1 par 4200. À titre de comparaison, Montréal compte 2730 fidèles par prêtres, Ottawa 2035 et Québec 1668.


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Un avenir incertain


C’est en 1967, que l’on avait le plus grand nombre de prêtres diocésains. En effet, le diocèse de Saint-Jean comptait 221 prêtres. Aujourd’hui, à peine 76 prêtres ont des activités pastorales à plein temps ou à temps partiel. En 1965, la moyenne d’âge était de 45 ans, en l’an 2000 de 67. Il n’y a eu que six ordinations depuis dix ans. Actuellement, il n’y a que deux candidats au presbytérat. En 1966, chaque paroisse avait un curé assisté d’un et parfois de plusieurs vicaires. À présent, beaucoup de prêtres exercent dans plusieurs paroisses.

En 2000, 54 prêtres sont actifs. Sept d’entre eux ont plus de 70 ans, 32 sont âgés de 55 à 59 ans. Ils pourraient être aidés par sept ou huit prêtres non incardinés au diocèse (qui ne sont pas rattachés à un diocèse) et une trentaine de prêtres religieux de plusieurs congrégations. Au total, 80 à 85 prêtres pourraient exercer dans le diocèse de Saint-Jean-Longueuil. Cela explique la nécessité du regroupement des paroisses.

Un autre phénomène marque les profonds changements de notre société et c’est la mutation de la famille traditionnelle. En 1996, on recensait dans le diocèse de Saint-Jean-Longueuil 180 185 familles parmi lesquelles 113 080 étaient constituées de couples légalement mariés. La famille traditionnelle représente 63 % de l’ensemble des familles. Les familles en union libre correspondent à 21 % du total pendant que les monoparentales comptent pour 15 %. La décroissance chez les couples mariés est rapide. De 1991 à 1996, le type de famille traditionnelle a diminué de 6 % pendant qu’un nombre de plus en plus important sont des familles reconstituées. Une famille sur deux est constituée d’un couple marié. Le Québec compte deux fois plus de familles où le couple vit en union libre que le reste du Canada. De 1981 à 1996, le nombre de mariages au Québec a chuté de 41 % comparativement à 5 % en Ontario.

En 1997, un enfant sur deux est né d’une mère célibataire, tandis que c’est le cas d’un enfant sur quatre dans l’ensemble du Canada. La formation des couples au Québec doit être prise avant tout comme un phénomène culturel. Les Québécois sont davantage influencés par l’Europe à ce point de vue.


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Renouvellement de la théologie des vocations


Il est certain que l’Église ne peut plus avoir recours uniquement à des hommes qui acceptent le célibat. Néanmoins, on rejette du revers de la main toute autre possibilité. Cette impossibilité de recruter de nouveaux prêtres laisse présager la mort de l’institution si rien n’est fait pour changer les choses. On a recours à des cataplasmes comme le regroupement des paroisses et on implique de plus en plus de laïcs, ce qui est une bonne chose en soi, mais ne réglera pas le manque tragique de prêtres qui se manifestera un jour où les laïcs impliqués ne suffiront pas à la tâche ayant eux-mêmes vieillis.


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Le vieillissement des clercs


L’âge moyen de ses religieux annonce tout au plus une pose dans le manque de prêtres, la plupart des communautés n’ayant pas de nouveaux novices depuis plusieurs années. Le rôle de plusieurs communautés ne correspond plus au monde sécularisé actuel. Le déclin de la vie religieuse est un indice de l’état de santé de l’Église.

Le diaconat pourrait être une solution partielle au problème. Mais quelle place peut tenir un diacre dans un milieu donné? Pourquoi ne pas envisager l’ordination de femmes au diaconat, ordre encore malheureusement uniquement réservé aux hommes. Les diacres par leur vie de couple peuvent donner une nouvelle image de l’Église, mais ils ne peuvent remplacer les prêtres.

Les laïcs, pour leur part, voient leur rôle devenir de plus en plus important dans l’Église : Proclamation de la Parole, prédication, distribution de la communion, préparation au baptême et au mariage, etc. De plus, plusieurs laïcs siègent à des tribunaux ecclésiastiques et dans les services de pastorale d’ensemble. L’Église du Québec ne peut se passer des laïcs engagés. C’est une nouvelle figure de ministère qui prend forme.


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L’Église au Québec et la modernité


Nous sommes passés directement du Moyen-âge à la modernité en l’espace d’une ou deux décennies. La modernité se rapporte aux institutions, aux moeurs, au mode de vie quotidien. La modernité, c’est la victoire de la raison. C’est l’apparition de la nouvelle technologie. Elle permet un développement de l’économie de l’abondance. C’est l’idée de progrès. Elle n’admet pas la tutelle d’aucune institution. C’est une nouvelle culture dont il s’agit ici, mais encore pétrie des valeurs chrétiennes.

Le religieux n’est pas parti pour autant. Cet aspect existe encore chez les individus qui sont encore croyants et pratiquants. L’Église dans ce contexte demeure la mémoire des sociétés modernes et elle ne peut échapper à la modernité.

L’Église, avec Vatican II, montra qu’elle désirait cheminer vers la modernité. L’Église québécoise a voulu se mettre à jour, mais l’euphorie de Vatican II fut de courte durée. Les structures de l’Église demeurent les mêmes, mais la foi devient de plus en plus un choix personnel. L’indifférence religieuse s’affiche de plus en plus. Plusieurs s’éloignent de l’Église après des expériences décevantes. On assiste donc à l’émancipation de la tutelle de l’Église. Celle-ci ne doit refuser aucune remise en question et être ouverte aux autres. Nous ne pouvons échapper à la culture moderne.

Malheureusement, l’Église doit consacrer toutes ses énergies à la survie des paroisses dans leur cadre traditionnel. Elle n’a pas les ressources humaines et financières pour stimuler la recherche et la communication. Elle se fait discrète.

L’Église souffre cruellement d’un problème d’image. Elle fait de sérieuses tentatives pour se moderniser comme l’ouverture d’un site internet. Mais tous ses projets n’intéressent pas la population. En effet, pour plusieurs l’Église a été dans le passé trop présente, ils ne veulent plus en entendre parler. Quant aux jeunes, ils ne connaissent pas l’Église. Ils n'entendent parler de l’Église que pour son rôle joué dans les orphelinats ou par les scandales causés par des accusations de pédophilie.

Souvent, les fidèles choisissent leur lieu de culte en fonction du prêtre qui préside l’eucharistie. Les gens sont devenus exigeants et expriment leur mécontentement quand il y a lieu. Il est vrai que dans l’ensemble de la population il y a un certain sentiment anticlérical. Pour ceux qui veulent exprimer librement leur pensée, il est très difficile de se faire entendre. Tout est contrôlé par Rome, ce qui laisse l’Église locale dans une position statique.

La majorité des catholiques remettent en cause non seulement l’administration de l’Église, mais également son enseignement. Ils désirent être considérés comme des croyants adultes. Les enseignements d’Humanae Vitae sur la limitation des naissances et la question du divorce sont sérieusement remis en question. L’Église devra revoir son enseignement pour le rendre plus acceptable aux hommes d’aujourd’hui, ce que plusieurs autres églises protestantes ont déjà fait.

Dans l’Église, tout est décidé à l’avance et la discussion n’est permise que sur des sujets secondaires et sans conséquence. À ce sujet, il est peut-être bon se rappeler que dans l’Église des premiers siècles le peuple participait à son gouvernement et au choix de ses ministres. L’avenir de l’Église est dans le dialogue avec tous ceux qui recherchent la vérité.

L’Église de demain devra être à l’écoute des gens, pour tout ce qui concerne la procréation et le mariage. Elle devra d’abord consulter et écouter les couples chrétiens principalement concernés. L’Église ne peut par exemple refuser l’absolution collective comme on vient de le décider dans certains diocèses, en revenant ainsi quarante ans en arrière. Ces pratiques ne sont plus acceptables. On ne peut comme autrefois dire aux fidèles que telle coutume qui était bonne depuis des dizaines d’années ne l’est plus parce que l’évêque du lieu en a décidé ainsi.

L’obéissance et la soumission, telles qu’exigéées encore par Rome et certains évêques, doivent faire place à la discussion et la concertation. L’Église doit se recentrer sur le message évangélique essentiellement.

Les gens d’aujourd’hui seront à l’aise dans une Église qui pose des questions. En se mettant à la recherche de la vérité et en favorisant une pastorale basée sur le dialogue et la reconnaissance de l’intelligence de ses fidèles, l’Église peut espérer retrouver sa crédibilité perdue.


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