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L'Église de demain
Un cas concret celui de la fusion de 11 paroisses de la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu
La décision finale est rendue par Mgr Berthelet, évêque de Saint-Jean
Une Église en manque d'initiative
Une Église en phase terminale ?
Le « tourisme spirituel » en hausse
Laïques les Québécois ?
Un renouveau dans les monastères masculins
Se faire moine au XXIe siècle
L'avenir des communautés religieuses
Des lueurs d'espoir
Les nouvelles communautés


L’Église de demain


Aujourd’hui, nous vivons à l’ère des regroupements. Les petites villes, les petites écoles, les petites entreprises disparaissent au profit de plus grandes entités. Ces regroupements peuvent nous faire perdre nos racines. Il en est de même pour les paroisses. Devant le nombre décroissant de prêtres et de la moyenne d’âge, plusieurs paroisses ne peuvent plus offrir les services nécessaires et le regroupement devient un phénomène inéluctable. Les faibles moyens financiers de ces paroisses ont pour résultat de précipiter ce mouvement vers les fusions de paroisse. Les paroisses rurales en milieu éloigné connaissent également un exode vers les grandes villes. Malgré que plusieurs fidèles tiennent à maintenir leurs paroisses, le phénomène des fusions devient irréversible.

Nous allons donc vers un nouveau type de paroisse. On assiste ainsi à la fusion de deux ou plusieurs paroisses, ce qui implique la fermeture de temples devenus trop nombreux et onéreux à entretenir. Une forme également répandue est celle du regroupement de plusieurs paroisses en une seule unité tout en conservant plusieurs lieux de culte. La charge de ses paroisses est alors confiée à des équipes comprenant des prêtres et des laïcs. Ainsi, on a une paroisse avec une administration centralisée, tout en conservant des lieux de culte qui sont près des gens. Chacun tient à son clocher, mais le réalisme doit prévaloir. L’image de la paroisse rurale est encore bien présente et dure à mourir. Il faut bien se rendre compte que malgré tous les efforts que l’on fait, dans dix ou quinze ans les prêtres ne seront pas assez nombreux pour subvenir aux besoins de ces nouvelles paroisses élargies.


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Un cas concret celui de la fusion de 11 paroisses de la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu


C’est en présence de 350 fidèles qu’a eu lieu le colloque sur l’avenir des paroisses de Saint-Jean-sur-Richelieu. Il n’y a eu aucun débat ni échanges houleux. Les débats en présence de tous les agents pastoraux et marguilliers de la région se sont faits de façon constructive. Tous les gens présents ont indiqué qu’ils se rallieront aux décisions que prendra Mgr Berthelet, évêque du diocèse de Saint-Jean-Longueuil. Il faut dire que les chiffres donnés par l’abbé Yves Le Pain ont contribué à calmer les ardeurs de ceux qui auraient pu s’opposer à tout changement. En effet, à peine 3100 paroissiens fréquentent l'une ou l’autre des 11 paroisses de Saint-Jean comparativement à 5000 en 1998. Il est facile de comprendre qu’un regroupement, qui implique la fermeture de plusieurs lieux de culte, s’impose.

Ainsi, il a été question de la formation d’une seule paroisse avec un nombre de lieux de culte diminué. Les discussions se sont poursuivies sur les lieux de culte à conserver et sur les critères pour le choix de ces lieux. La mise en place d’une seule paroisse signifie une seule fabrique munie d’un seul secrétariat et d’une seule équipe pastorale. La décision de fermer certaines églises semble inévitable. Beaucoup de personnes se sont demandé si tout cela serait suffisant pour assurer l’avenir de leur Église.

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La décision finale est rendue par Mgr Berthelet, évêque de Saint-Jean


Sur les onze paroisses, trois seront fermées et on disposera des bâtiments plus tard, après avoir consulté à nouveau le milieu. Les 11 paroisses ne forment plus qu’une seule entité et l’administration se trouve ainsi centralisée. L’évêque a consulté le plus grand nombre de personnes avant de prendre une décision finale. C’est sans doute la raison pour laquelle cette décision a pu être prise sereinement sans causer de grandes dissensions parmi les fidèles. L’Église au Québec est en reconstruction et retrouve ainsi sa mission première, à savoir l’évangélisation. Il est certain qu’une telle décision va causer des bouleversements chez les fidèles des églises fermées. Il faut comprendre que l’Église n’est pas une bâtisse, mais une réunion de personnes. Deux raisons majeures ont finalement amené les autorités religieuses à prendre une telle décision : la première vient de la chute dramatique du nombre des fidèles des 11 paroisses, en plus de la diminution tout aussi importante du nombre de prêtres ; la deuxième est la situation financière très précaire dans l’ensemble des paroisses. En effet, il était devenu impossible de maintenir l’ensemble des églises. Il a fallu beaucoup de temps (trois ans) pour faire comprendre à la majorité des fidèles la nécessité d’agir.

L’essentiel de la mission de l’Église se poursuit : Y a-t-il un avenir au Québec pour l’Église? Il faut sortir de la torpeur et prendre des décisions pour que l’Église devienne missionnaire et évangélisatrice. Il manque autant de prêtres que de fidèles. Des personnes compétentes ont été formées pour l'enseignement de la catéchèse. Comme on ne peut imposer la foi, il faut maintenant établir un dialogue avec les parents.On serait inquiet s’il ne fallait que fermer les églises, mais il faut aussi poser des gestes pour l’avenir. Ainsi il y a un projet pour l’enseignement de la religion catholique aux enfants et aux jeunes. On projette un accueil particulier pour ceux qui reviennent à la religion. Il faut mettre sur pied une relève.

Parmi les nouvelles façons de faire, il y a la célébration de la parole sans la présence du prêtre avec la distribution de la communion et une célébration eucharistique occasionnelle. Cela est largement pratiqué depuis plusieurs années en région éloignée sur la Côte-Nord ou en Gaspésie. Cette façon de faire nous éloigne de la célébration du Jour du Seigneur, mais peut-on faire autrement?

Les laïcs ont ainsi l’entière responsabilité d’une paroisse. Ils sont les vrais pasteurs de la paroisse. Il y aurait peut-êre lieu de revenir au début de l'histoire de l’Église, au moment où le prêtre était choisi parmi les fidèles? Faut-il retrouver le sens ancien du prêtre et aller vers des ordinations de laïcs particulièrement bien préparés pour cette mission. Ce retour aux sources est-il envisageable? Cela prend de l’audace et semble préférable qu’assister à la mort d’une Église deux fois millénaire.


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Une Église en manque d’initiative


L’Église dans sa forme actuelle remonte à Grégoire VII pape de 1073 à 1085. Il y a donc des réformes qui s’imposent par exemple sur l’élection du pape et la nomination des évêques. D’autres réformes sont nécessaires, comme celles portant sur le célibat des prêtres, le rôle des conférences épiscopales, etc.C’est ainsi qu’il faut favoriser le sacrement du pardon avec absolution collective en tout temps de l’année et, non pas seulement durant l’avent et le carême. L’Église doit se renouveler en faisant preuve de créativité. Elle doit absolument se rajeunir au risque encore une fois de disparaître.


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Une Église en phase terminale?


L’Église d’ici a joué un rôle irremplaçable dans la société québécoise dans le domaine de l’éducation, de la santé et de la culture. Malgré une perte d’influence importante, sa contribution demeure encore indispensable au Québec.

Les fêtes religieuses se sécularisent. La fête de Pâques est désormais associée au printemps et au réveil de la nature, tandis que Noël devient la fête de l’hiver et du Père Noël. Ces fêtes sont vidées de leur sens chrétien. Un nouveau « clergé » apparaît avec les gourous qui se prononcent sur tout et qui en plus se prétendent souvent guérisseurs. Ils deviennent ministres du culte pour la célébration des mariages que l’on peut faire n’importe où selon les désirs des mariés. Les gens s’habituent ainsi à différentes manières de faire la religion. L’Église d’ici est devenue minoritaire et sans moyen. L’Église de demain devra s’organiser avec de modestes ressources. On assiste donc à la fin d’une Église, celle liée à notre histoire et culture.C’est une nouvelle Église qui pourra naître sur les cendres de l’Église actuelle. Il y a cependant espoir pour une possible nouvelle Église. Elle se sera débarrassée avant de son lourd fardeau historique. Elle sera petite, minoritaire, sans grande influence sur la société en général, mais plus évangélique, plus près de son message fondamental et plus fraternelle. L’avenir de l’Église québécoise est dans les petites communautés qui voudront vivre leur foi. C’est un retour aux sources et à la foi de l’Église primitive.


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Le « tourisme spirituel » en hausse


Les Québécois sont en quête de sens. Si la vie de moine attire de plus en plus de jeunes, il en va de même pour les religions orientales dans des centres de méditation. On constate un intérêt constant pour le bouddhisme et l’hindouisme. La preuve de ce renouveau est l’intérêt pour les hôtelleries des monastères. Le tourisme spirituel est en hausse dans des lieux comme le monastère des Petits Frères de la Croix à la Malbaie et à Saint-Benoît-du-Lac, où on a doublé la superficie du magasin de l’abbaye.

À côté de ce phénomène catholique, il y a celui des sectes qui se multiplient. Il y aurait près d’un millier au Québec. Selon des enquêtes récentes, les deux tiers des Québécois accordent une place importante à la spiritualité.


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Laïques les Québécois?


Durant l’année scolaire 2001-2002, selon le ministère de l’éducation, plus de 80 % des élèves du primaire au Québec suivaient des cours d’enseignement religieux, pendant qu’au secondaire 58 % d’élèves s’y inscrivaient. Au Québec, le fait que l’enseignement de la religion soit retransmis à l’école était devenu une habitude. Le temps d’enseignement religieux a été réduit et disparaîtra éventuellement. En effet, on retrouve 72 heures d’enseignement religieux sur un cycle d’enseignement de deux ans. Au premier cycle du secondaire, c'est 50 heures par an. Plusieurs parents veulent que leurs enfants apprennent les valeurs de l’Évangile comme élément de leur culture. Des immigrants inscrivent parfois leurs enfants en enseignement religieux pour qu’ils s’intègrent à la culture de la majorité. Dans notre société matérialiste, ce qui compte c’est la formation à l’emploi plutôt qu’à la spiritualité. Maintenant que la formation religieuse dépend de l’Église et des parents, on verra ceux qui veulent vraiment s’engager.


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Un renouveau dans les monastères masculins


Au début de 1990, il restait environ 800 moniales dans les communautés de religieuses contemplatives du Québec. Il y a à peine sept recrues par année. Seuls le Carmel de Montréal et les clarisses de Valleyfield ne connaissent pas de déclin. Les nouvelles recrues sont généralement âgées de plus de 30 ans. La dénatalité explique en grande partie le manque de relève. Par ailleurs, les filles sont ailleurs. Elles sont de plus en plus présentes sur les bancs des universités. Cependant, dans les monastères d’hommes il y a une remontée, ceux-ci étant constitués de groupes plus petits d’une quarantaine de moines.


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Se faire moine au XXIe siècle


Ce sont généralement des candidats plus âgés qui sont à la recherche de l’absolu. Ils répondent à l’appel de Dieu. Ils veulent arriver au « bonheur ». Après un an d’essai, les candidats entreprennent quatre années de noviciat. Le renouveau dans les monastères se produit après un long déclin dont le creux s’est manifesté au début des années 1990. Présentement, un moine sur dix est un nouveau et 130 moines dans l'ensemble des monastères québécois, alors qu'ils étaient près de quatre cents dans les années 1960. Ce mouvement est à l’inverse des institutions catholiques où l’absence de relève se manifeste chez les pasteurs et les fidèles.

Ces jeunes, dont les connaissances sur l’Église sont fort limitées, sont à la recherche du « sens » à donner à leur vie. Ces nouveaux candidats arrivent tous en même temps, forçant le maître des novices de Saint-Benoît-du-lac à transformer une partie de l’hôtellerie en centre pour les candidats à la tonsure. Les apprentis moines peuvent s’initier à la façon de vivre des moines qui mènent une vie active de quatre heures du matin à huit heures du soir. Si cela leur convient, ils commencent un an de postulat suivi de quatre années de noviciat. Les candidats sont, la plupart du temps, dans la trentaine, et même dans la quarantaine. Les monastères imposent une limite d’âge, estimant que dépassé 45 ans il est trop difficile de s’adapter à un genre de vie si différent et exigeant.

Pendant que certains monastères comme celui d’Oka songent à vendre leur domaine devenu beaucoup trop grand, un nouveau monastère s’est récemment ouvert à la Malbaie avec la communauté des Petits Frères de la Croix qui compte une douzaine de moines avec une moyenne d’âge de 43 ans. Il y a les appelés, mais les élus représentent en moyenne un candidat sur cinq qui persévère jusqu’aux voeux perpétuels.


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L’avenir des communautés religieuses


Les communautés religieuses vivent dans la foi, mais ils sont bien conscients que la relève étant cruellement absente il y a peu d’espoir pour les communautés religieuses d’ici. Au cours des 15 dernières années, le nombre d’arrivants a baissé de moitié chez les hommes et deux tiers chez les femmes. On arrive à la conclusion que pour plusieurs de ces communautés religieuses c’est une disparition certaine qui s’en vient. Selon certains historiens, l’Église a connu des moments aussi difficiles au moment de la Réforme où le quart des communautés seulement ont survécu. Pour les spécialistes, la durée des communautés religieuses tourne autour de 150 ans. Une minorité a passé l’épreuve du temps comme les franciscains, les dominicains et les jésuites. Au Québec, les communautés qui ont été fondées pour faire face à des besoins spécifiques comme l’éducation et la santé n’ont plus leur raison d’être, l’État ayant pris le tout en main. L’avenir de certaines communautés se situe dans le tiers monde où ses communautés ont fondé jadis des missions. Serions-nous devenus un pays de mission?


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Des lueurs d’espoir


Les lueurs d’espoir viendront peut-être des autres continents. Au niveau mondial, il semble que la chute des vocations est arrêtée. Les nouvelles vocations viennent d’Europe de l’est, mais surtout d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Ainsi, la congrégation de Notre-Dame fondée ici en 1653 et qui a commencé son déploiement mondial au début du XIXe siècle, voit venir l’essentiel de ses recrues du Japon, du Cameroun et d’Amérique du Sud. On pourrait ainsi voir des Africaines diriger des communautés d’origine québécoise. Ce sont les bâtisseurs d’une société qui s’éclipsent. Ceux et celles, qui ont érigé avec de faibles moyens les réseaux de services que nous connaissons aujourd’hui et ont préparé les services gouvernementaux, disparaissent en douceur.


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Les nouvelles communautés religieuses


Les communautés nouvelles réunissent des hommes et des femmes. Ce sont des célibataires des couples avec familles, des prêtres. Une de ces communautés « nouvelles » est Marie Jeunesse de Sherbrooke. En 1986, des jeunes ont loué une maison et ont développé une spiritualité d’adoration. Il compte une centaine de membres dont de jeunes prêtres répartis dans cinq maisons, dont deux à l’étranger.

Pour l’Église, ces nouvelles communautés religieuses constituent un lieu de recherche. Le Vatican est réticent à reconnaître ces nouvelles communautés. En effet, plusieurs de ces communautés ne survivent pas longtemps. De plus, Rome craint la mixité de ces communautés. Pour les jeunes qui en font parti le problème ne se pose pas, car ils ont été élevés dans la mixité à l’école et appris à vivre ensemble. Ainsi, les maisons mixtes en sont la suite logique. Ces communautés se donnent des missions surtout spirituelles comme l’accompagnement dans des maisons de retraite et la présence dans des paroisses. Elles sont regardées avec méfiance comme d’autres l’ont été au cours des siècles. Citons en exemple la fondation des franciscains.


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