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Une Église en voie de formation : 1840-1875
Un renouveau en mouvement
En ville
Un nouveau départ pour l'Église canadienne avec Mgr Bourget
Une Église qui s'affirme
Organismes de bienfaisance et éducation
Le diocèse de Québec
Le diocèse de Montréal et Mgr Bourget
Le premier concile provincial de Québec
L'Institut canadien
La fin de l'Institut
Le monde de l'éducation
De l'importance du diocèse de Montréal
Les zouaves pontificaux





Une Église en voie d’affirmation: 1840-1875



Les années 1840-1875 sont marquées par une montée de l’Église dans la société québécoise. C'est une période charnière de notre histoire. La ferveur ultramontaine (la primauté de l’Église et de l’autorité papale dans la société) est favorisée par les chambardements politiques à cause des rebellions de 1837 et 1838. Dans cette période tourmentée, l’Église apparaît aux Canadiens français comme la seule institution suffisamment solide pour pouvoir résister à l’assimilation et assurer son existence en tant que peuple.

Dans ce contexte, Mgr Bourget apparaît comme la figure de proue de l’époque. Les circonstances le favorisent, celles-ci étant propices à un tel mouvement religieux. Le choc des rébellions de 1837 et 1838 et la brutalité de la répression ont causé une déstabilisation dans la population. Se mêlent à ces évènements, un marasme agricole prolongé ainsi qu'une immigration massive. Tout concourt à ramener le peuple vers un sentiment religieux plus intense. Les Canadiens français viennent de trouver un nouveau moyen d’affirmer collectivement leur existence religieuse et nationale. Il y a maintenant un lien direct entre le spirituel et le laïc. L’augmentation des vocations est une autre manifestation de ce renouveau religieux.


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Le renouveau en mouvement


Mgr Bourget se rend en France afin de recruter des communautés religieuses dont plusieurs viennent s’établir au Canada. De plus, on assiste à la fondation de plusieurs congrégations religieuses féminines. De nouveaux diocèses sont fondés comme Trois-Rivières, Saint-Hyacinthe, Bytown (Ottawa). Chacun de ces nouveaux diocèses veut s’appuyer sur son propre réseau d'ordres religieux. Le nombre de vocations explose. Les religieuses passent de 650 en 1850 à 6628 en 1901. Le nombre de paroisses atteint le chiffre de 600 et celui des prêtres passe de 1 pour 1185 habitants en 1840 à 1 pour 658 en 1870. Le clergé est suffisamment nombreux pour encadrer la population. Les évêques surveillent fortement les paroisses. Les autorités civiles renoncent à nommer les curés. Par contre, les communautés religieuses, surtout féminines, relèvent directement de l’évêque. La période de 1840-1870 est celle de l’âge d’or pour l’autorité épiscopale.

Très tôt, les évêques francophones s’opposent au clergé anglophone. D’une façon générale, le clergé est graduellement appelé à jouer un rôle de plus en plus important, un rôle politique.

C’est ainsi que l’Église et des laïcs encouragent la réorientation de l’agriculture. On veut remplacer la culture du blé par l’élevage afin de permettre l’exportation de certains produits vers les États-Unis. L’État n’investit pas dans cette relance, c’est l’Église et les populations qui financent les opérations, surtout dans les zones pionnières. C’est ce qui se produit au Saguenay et au Lac-Saint-Jean. Ces régions sont ouvertes au peuplement à partir de 1842. Les colons continuent de recevoir pendant la période de défrichage le soutien de leurs paroisses d’origine. Cependant, ils sont obligés de vendre leur bois à la compagnie Price qui a le monopole du commerce du bois. Pour améliorer leur sort, une coopérative est fondée par les oblats afin de fournir un moulin à scie et diminuer leur dépendance économique. Rapidement, cette coopérative est fermée et les oblats doivent quitter la région.


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En ville


Dans les villes, la population augmente plus rapidement que le permet l’économie. Les années 1834, 1847 et 1849 sont marquées par le choléra et le typhus. L’aide à tous les malheureux réside surtout en des initiatives privées. La pauvreté apparaît comme une condition dont on peut s’affranchir grâce au travail et la volonté. Pour les protestants, la pauvreté est un vice. Une réforme du système d’assistance s’impose. Mgr Bourget veut ouvrir de nouvelles paroisses, mais doit surmonter l’opposition farouche des sulpiciens. La Société Saint-Vincent-de-Paul fait son apparition pour venir en aide aux plus démunis. Ses membres sont des laïcs, petits commerçants ou notables. Les institutions pour les orphelins, fous, sourds-muets et vieillards isolés sont administrées par des communautés religieuses féminines. De profonds changements affectent l’État avec la reconnaissance du gouvernement responsable, qui tire sa légitimité du peuple plutôt que celle du gouverneur. L’Église comprend, maintenant, qu’elle doit s’appuyer sur les députés plutôt que sur l’autorité du gouverneur.


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Un nouveau départ pour l’Église canadienne avec Mgr Bourget


Mgr Bourget commence sa carrière comme secrétaire de l’évêque auxiliaire de Montréal, Mgr Lartigue, en novembre 1822. Celui-ci veillait très étroitement à la défense des droits de l’Église.

Il était soumis en tout à l’autorité du pape. Mgr Bourget est également ultramontain. Dès le début, il se voit confier des tâches administratives importantes comme la surveillance de la construction du palais épiscopal. De plus, il y a le phénomène de Mgr Forbin-Janson, évêque français en exil, dont le passage et la mission marqueront profondément l’imaginaire collectif de la société québécoise. En France, il fut à l’origine des grandes missions pour restaurer l’Église catholique. C'est un prédicateur hors pair qui aime faire de l’effet. Lors de la révolution de juillet en France, son séminaire est attaqué et Mgr Janson fuit son diocèse pour parcourir son pays. En octobre 1839, il débarque à New York. Il prêche de grandes missions aux États-Unis et est invité par le curé de Notre-Dame, le sulpicien Quiblier, à venir prêcher au Québec. La première retraite de Mgr Janson à Québec commence le 13 septembre 1840 et se termine le 27 devant une église remplie à craquer. Tous les thèmes abordés en France le sont ici. Mais ce sont les gouffres de l’enfer et ses conséquences qui font sensation. 10 000 personnes se pressent au confessionnal. La mission de Québec fut le prélude à toute une série de prédications qui conduira l’illustre invité jusque dans les provinces maritimes. C’est lors de son passage qu’une immense croix est érigée sur le mont Saint-Hilaire. De retour en Europe, il passe par l’Angleterre où il intervient en faveur des patriotes exilés en Australie. L’efficacité de la prédication produisit un retournement religieux chez les Canadiens français qui n’est pas négligeable.

Mgr Bourget entreprend, du 3 mai au 23 septembre 1841, un long voyage en Europe à la recherche de communautés françaises prêtes à venir s’installer au Québec. C’est ainsi qu’il obtient l’accord des oblats, des clercs Saint-Viateur, de la congrégation Saint-Croix ainsi que les soeurs du Bon-Pasteur. C’était le début d’un renouveau pour l’Église du Québec.


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Une Église qui s’affirme


Les renforts venus d’Europe contribuent à augmenter l’influence de l’Église. Louis-Hippolyte Lafontaine demande l’appui de l’Église pour l’Acte d’Union afin d’obtenir la responsabilité ministérielle. Le clergé prend progressivement le contrôle du système d’éducation. L’arrivée de plusieurs communautés religieuses amène un renouveau dans le rôle de l’Église au Québec compensant ainsi le vide spirituel et intellectuel laissé par l’échec des patriotes. Le nationalisme est temporairement mis de côté, la religion prenant une place de plus en plus importante dans plusieurs domaines comme l’instruction et le développement social.


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Organismes de bienfaisance et d’éducation


Mgr Bourget, malgré des demandes réitérées aux communautés françaises, subit des échecs et doit travailler à la fondation de congrégations religieuses autochtones :


Les soeurs de la Providence

En 1841, il accorde l’institution canonique au groupe des dames de la Charité de Mme Gamelin en attendant l’arrivée de religieuses françaises. En mars 1843, la communauté des soeurs de la Providence est fondée puisque la communauté française attendue lui fait faux bond.


La congrégation des soeurs des Saints-Noms de Jésus et de Marie

En décembre 1844, il établit avec Eulalie Durocher à Longueuil la congrégation des soeurs des Saints-Noms de Jésus et de Marie. Cette dernière emprunta les règles, le nom et le costume d’une communauté de Marseille.


Les Soeurs de Sainte-Anne

Cette communauté fondée à Vaudreuil par une institutrice, Marie-Esther Blondin, est entièrement vouée à l’éducation

La fondation de nombreuses communautés pose des problèmes financiers et psychologiques. Souvent les communautés naissantes vivent dans des taudis et sont réduites à se contenter, dans certains cas, de pain et d’eau. À ces difficultés de base, s’ajoutent les réactions du public et des autres communautés religieuses.

Les soeurs grises étaient les protégées des sulpiciens tandis que les soeurs de la Providence l’étaient de Mgr Bourget. Les sulpiciens, également seigneurs de Montréal, avaient des moyens financiers importants. Ces derniers étaient également les protecteurs des frères des Écoles chrétiennes et de la congrégation de Notre-Dame. C’est ainsi que tous les pouvoirs réels appartenaient aux hommes qui contrôlaient toutes ces nouvelles communautés de femmes.

Durant cette période, les sulpiciens et en particulier son supérieur, M. Quibiler, ont une grande influence au Bas-Canada. Durant la révolte des patriotes, ils demeurent très loyaux à la couronne britannique. Au printemps 1840, les autorités anglaises confirment les sulpiciens dans la possession de leurs biens.


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Le diocèse de Québec


En comparaison du diocèse de Montréal, celui de Québec paraît bien immobile. Le diocèse de Québec se laisse vivre. Pour Mgr Lartigue, l’évêque de Québec est timoré et sans initiative. Il a toujours peur de déplaire aux autorités britanniques. Cependant, Mgr Turgeon, nommé en 1834 évêque coadjuteur, montre plus de détermination. Il recrute de nouvelles communautés religieuses comme les soeurs grises de Montréal et il obtient le retour des jésuites.

La paroisse Notre-Dame, qui couvre toute la Haute-ville et une partie de la Basse-ville, s’occupe généralement de l’assistance sociale et de l’éducation. L’État se décharge ainsi de ses obligations et ne subventionne que rarement et ponctuellement les communautés religieuses pour les aider dans leurs missions. En cas d’épidémies graves ou d’incendies majeurs, c’est le curé de la paroisse qui organise et préside les comités d’aide à la population. Jusqu’à 1000 personnes dépendent de la cure de Québec pour se nourrir et se vêtir de façon minimale durant les moments les plus difficiles.


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Le diocèse de Montréal et Mgr Bourget


Mgr Bourget entreprend, en 1846, un deuxième voyage en Europe pour rappeler aux supérieurs des communautés leurs promesses faites lors de son premier voyage. À Rome, il est charmé par le pape Pie IX. Lors de son retour, en mai 1847, il est accompagné d’une vingtaine de religieuses et religieux français de diverses communautés.

Les clercs Saint-Viateur sont dirigés vers Joliette où ils fondent le collège de Joliette. À leur arrivée, ces nouvelles recrues se voient confier la direction des collèges de Chambly et de Rigaud. Rapidement, on assiste à la « canadianisation » de cette communauté. La congrégation de Sainte-Croix est dirigée vers Saint-Laurent. On prévoyait l'ouverture de collèges ou académies industrielles, mais rapidement à cause des coûts reliés à ce type d’établissement, on choisit de donner le cours classique traditionnel.

Quant aux jésuites, grâce à la générosité de laïcs, ils fondent le collège Sainte-Marie. À Joliette, le bienfaiteur, Barthélemy Joliette, fait un don de 29 000 $ aux clercs Saint-Viateur. À Rigaud, les terrains sont donnés à la communauté par le seigneur du lieu. Les conditions de vie de ces communautés religieuses sont plus que frugales. Souvent, la vie des jeunes clercs est en péril. Malgré les bas salaires, l’accumulation des biens se fait au détriment d’une génération d’hommes et de femmes.


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Le premier concile provincial de Québec


Avec l’établissement de la province ecclésiastique, en 1844, les évêques veulent regrouper leurs forces et raffermir l’union entre les diocèses. Mgr Bourget demeure la figure de proue de cette assemblée des évêques canadiens. Le 15 août 1845, le premier concile réunit 10 évêques accompagnés de 25 théologiens. On y aborde les questions de l’éducation en exigeant, que, dans la mesure du possible, l’éducation soit donnée par des religieux et des religieuses. On veut également limiter le nombre de collèges classiques. On s’entend pour la publication d’un catéchisme unique pour le Québec. Les évêques décident de demander à Rome la formation de deux nouveaux diocèses : Saint-Hyacinthe et Trois-Rivières. Toutes ces résolutions sont envoyées à Rome pour approbation, ce qui est fait promptement. Mgr Prince est nommé comme nouvel évêque de Saint-Hyacinthe. En définitive, il ne manquait à Mgr Bourget que la fondation d’une université catholique


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L’Institut canadien


L’écrasement des patriotes avait laissé des blessures profondes. Plusieurs fidèles en voulaient à l’Église, Mgr Lartigue en particulier, d’avoir pris le parti de l’État et d’avoir prêché la soumission à l’autorité constituée. Denis-Benjamin Viger, cousin de Mgr Lartigue, s’oppose avec vigueur aux affirmations de l’Église. Les membres de l’Institut canadien veulent être les héritiers de la pensée des patriotes. En décembre 1844, 200 jeunes gens membres de professions libérales, étudiants universitaires se réunissent pour fonder une université populaire, l’Institut canadien. Ces personnes désiraient par des rencontres et des discussions approfondir leurs connaissances et s’entraider intellectuellement. Ils comptaient parmi eux les plus doués des Canadiens français.

Pour sa part, Louis-Philippe Dessaules, marqua également l’histoire de l’Institut. Il est le fils de Jean Dessaules, seigneur de Saint-Hyacinthe, et Rosalie Papineau, soeur de Louis-Joseph. Il voulait fortement la séparation du religieux et du politique. Il fera de cette théorie son cheval de bataille contre son adversaire ultramontain, Mgr Bourget.

Durant les trois premières années, les relations avec le clergé sont excellentes. Mgr Bourget met la cathédrale à la disposition de l’Institut lors d’une conférence sur la société chrétienne. Étienne Parent, membre de l’Institut, partage l’enthousiasme de Mgr Bourget pour le nouveau pape, Pie IX, reconnu au début de son pontificat comme le libérateur de l’Italie. Mais, on va rapidement désenchanter.

Le pape avait bien protesté contre l’invasion de l’Italie par l’Autriche, mais il ne souhaitait pas donner l’état pontifical au libérateur italien Mazzini. Dès avril 1848, il affirme qu’il ne peut déclarer la guerre à l’Autriche. Sa popularité disparaît en quelques jours. Pie IX quitte Rome pour se réfugier dans le royaume de Naples. Il publie une encyclique sur l’excommunication de tous ceux qui portent atteinte à la souveraineté des états pontificaux. Pie IX demande l’aide de l’Autriche, de la France et de l’Espagne pour rétablir le gouvernement pontifical. La France, en mars 1849, envoie un corps expéditionnaire qui occupe Rome.

Mgr Bourget est bouleversé par les malheurs qui frappent la papauté. Il craint par-dessus tout un retour à l’esprit des patriotes de 1837. L’Avenir (journal de l'Institut canadien) appuie la cause des révolutionnaires italiens.On considère que Pie IX a abusé de son autorité en excommuniant les adversaires du pouvoir temporel. Cette position sur le droit des Italiens de choisir leur forme de gouvernement va heurter celle du clergé. À partir de 1849, l’opposition du clergé contre les démocrates de l’Avenir et du parti rouge (parti lié à l'Institut) devient inévitable. Le conflit avec le clergé et sur son emprise sur la société québécoise prend ainsi forme.

À Montréal, l’Institut canadien joue un rôle correspondant à celui de l’Université Laval à Québec. Il est combattu par le clergé à cause de ses positions dans l’Avenir pour l’abolition de la dîme, contre le rôle de l’Église en politique et contre la position du pape en Italie. De plus, l’Institut réclame la séparation de l’Église et de l’État. Deux mouvements se profilent, l’un attaché aux valeurs traditionnelles représentées par l’Église, l’autre par les idées de liberté et de démocratie comme le prônait la république américaine.

En 1850, l’Institut décide d’accepter les non francophones, voire les protestants et connaît un nouveau départ. Il est incorporé par le parlement en 1853 et achète un important immeuble. Plusieurs rouges (radicaux) sont même élus aux élections de 1854 et défendent la thèse de la séparation de l’Église et de l’État.

Vers la moitié du XIXe siècle, l’Église forte de son emprise sur l’éducation, l’assistance sociale et la colonisation exerce un rôle déterminant dans la société canadienne-française. Par contre, l’Institut et le Parti rouge s’affirment comme les remparts contre la cléricalisation à outrance de notre société. Une lutte à finir se prépare.

Mais le véritable affrontement se fait entre Mgr Bourget et l’Institut canadien. On avait déjà voté un règlement disciplinaire qui interdisait, sous peine d’excommunication, à l’Institut littéraire de posséder des livres contre la foi et la morale. L’Institut fait élire aux élections onze membres comme députés. Il compte six cents membres et 3117 volumes. L’élite de la jeunesse en fait partie La bibliothèque Saint-Sulpice est ouverte dans un local prêté par les sulpiciens. On voulait ainsi contrer l’influence néfaste de l’Institut canadien.

Mgr Bourget intervint en publiant trois lettres pastorales, en 1858, portant sur les mauvais livres et les libertés modernes. Selon lui, les mauvais livres servaient à tromper le peuple par des publications mensongères et des discours contre la religion. Il fallait défendre à quiconque d’être membre d’un Institut littéraire possédant des livres contraires à la foi et aux moeurs.

Sous les pressions de l’évêque, un groupe de membres conduit par Hector Fabre demande le retrait de livres immoraux et irréligieux. L’autre groupe se refuse à toute intervention extérieure dans le choix des livres. En éliminant les oeuvres à l’index, dont celles de Voltaire, on aurait retiré 400 volumes. À la suite d’un long débat et devant le refus de la majorité de retirer des volumes à l’index, 138 membres démissionnent. Mgr Bourget publie une nouvelle lettre pastorale où il s’en prend nommément à l’Institut canadien. C’est désormais une lutte à finir entre lui et l’Institut. Dans une troisième lettre, il condamne l’Institut, le parti politique qui y est rattaché et le journal le Pays. Essentiellement, il veut prouver trois idéologies :

1- Il n’est permis à personne d’être libre de ses opinions religieuses et politiques

2- L ' Église ne doit pas être séparée de l’État

3- La religion peut s’allier avec une bonne et saine politique

Il condamne l’exaltation de la souveraineté des peuples et la liberté effrénée. Du droit divin du pape sur les grandes questions sociales et politiques découlent les privilèges du clergé. C’était l’ultramontisme à son meilleur.


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La fin de l’Institut


En 1865, l’Institut demeure la plus importante société littéraire de Montréal. Cependant, l’Institut connaît des difficultés financières accentuées par les emprunts contractés pour la construction de son édifice. De plus, le nombre de membres est en déclin passant de 650 à 350 seulement en 1865. En s’opposant à la Confédération, les libéraux se coupent de tout lien avec le clergé. Mais c’est son attitude anticléricale qui donne un coup fatal à l’Institut. En juillet 1869, Rome met à l’index son Annuaire de 1868.

Mgr Bourget en profite pour condamner l’Institut formellement. Un second appel à Rome contre cette décision est rejeté en août 1870.

Ainsi, l’Institut a contre lui l’opinion conservatrice de la majorité canadienne-française, ce qui provoque sa fin.


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Le monde de l’éducation :


La question des écoles


Comme suite au rapport Durham, les autorités anglaises proposent un système d’éducation publique anglophone financé au moyen d’un impôt local. Les pressions des Églises de toutes les dominations ainsi que des députés canadiens-français ont vite raison de cette tentative. Les députés font en sorte que le Canada-Est dispose de son propre système d’éducation. La population fait ce qu’il est maintenant convenu d’appeler « la guerre des éteignoirs », en s’opposant violemment à toutes taxes pour financer l’éducation et réussit à arracher au gouvernement quelques subventions.

L’Église voit ainsi l’occasion de revenir dans le champ de l’éducation. Les communautés religieuses prennent une place importante dans les écoles publiques des villes et villages. Elles sont payées moins que les laïcs et s’assurent ainsi une part de plus en plus grande du nombre d’écoles. Afin de s’assurer un revenu, les communautés religieuses développent des pensionnats, ce qui aide à financer le système d’écoles publiques. En 1845, le système confessionnel est mis en place à Québec et Montréal : à savoir un système protestant et catholique. En 1867, ce droit est garanti dans la nouvelle constitution. Deux ans plus tard, le Québec accorde pour l’ensemble de son territoire un système séparé notamment sur le plan financier. Le Conseil de l’instruction publique est divisé en deux : un pour les catholiques et un autre pour les protestants. À partir de 1875, les évêques peuvent siéger au Conseil de l’Instruction publique avec un nombre égal de laïcs. L’enseignement supérieur est privé. Plusieurs communautés religieuses d’hommes et de femmes fondent des collèges, des séminaires et des couvents.

Un système d’écoles normales est mis en place pour la formation d’instituteurs laïques qui deviennent les humbles auxiliaires du curé de la paroisse. Par l’intermédiaire des curés et des communautés religieuses, l’Église veille sur la foi et les moeurs de ses fidèles. Les collèges classiques sont sous la tutelle de l’Église. À l’encontre du monde moderne, l’Église d’ici prend une place de plus en plus importante à mesure que le siècle avance.

Le recrutement en France de religieux et religieuses enseignants et la facilité qu’ils ont eue de trouver des candidats canadiens pour les aider, tout cela allait donner une place prépondérante à l’Église. D’ailleurs, selon la mentalité du temps, c’est à l’Église que revenait la mission de l’éducation, l’État n’étant que le bailleur de fonds. Les lois de 1845 et 1846 donnaient aux curés et aux pasteurs protestants le droit de veto sur le choix des maîtres et des manuels scolaires. Pendant plus de cent ans, on accorderait la préférence à l’instituteur religieux plutôt qu’à un laïc. En plus d’être majoritaire dans l’enseignement primaire, les religieux occupent toute la place dans les collèges classiques. Mgr Bourget croit en l’urgence d’agir pour la formation d’une université catholique si on ne veut pas qu’une université à direction laïque soit formée.


La fondation de l’Université Laval


Lorsque vint le temps du partage des biens des jésuites, on désirait qu’une partie soit distribuée aux collèges classiques et les restes servent à la fondation d’une université catholique que Mgr Bourget voulait justement leur confier. Cependant, les autorités politiques ne veulent pas du projet. Mgr Bourget prend comme modèle l’université catholique de Dublin, qui est dégagée de toute influence gouvernementale.

Trois institutions pouvaient être le berceau de la nouvelle université : le séminaire de Saint-Sulpice, le collège Sainte-Marie et le séminaire de Québec. Le premier, dirigé par les sulpiciens, majoritairement français, sont opposés à Mgr Bourget, ce qui les élimine automatiquement. Pour sa part, le collège Sainte-Marie manque de moyens financiers. Il ne reste que le séminaire de Québec. Les projets de Montréal et de Québec semblent s’opposer.

Mgr Bourget voit une institution provinciale sous la conduite de l’Église. Québec propose une université diocésaine sous l’autorité de l’archevêque de Québec. On veut s’adresser directement à la reine pour la reconnaissance civile et on demande à Rome le pouvoir d’enseigner la théologie. Mgr Bourget donne son accord en mai 1852. Le Parlement de Québec appuie la requête ainsi que le gouverneur-général du Canada. En juillet 1852, la charte est octroyée par la reine. Il faudra attendre en 1876 pour que la chartre pontificale suive.

C’est un événement important dans l’évolution de l’éducation au Québec. Le clergé contrôlait ainsi le système dans son entier : le primaire, le secondaire et l’universitaire. Mgr Bourget demeure convaincu de la nécessité d’un enseignement universitaire à Montréal. La lutte pour une université à Montréal ne faisait que commencer.


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De l’importance du diocèse de Montréal


La cathédrale de Montréal détruite par un incendie en 1852 devait être reconstruite. Mgr Bourget tient mordicus à ce projet, malgré un avis plutôt mitigé de son architecte attitré, Victor Bourgeau, qui ne croit pas le projet réalisable. C’est à un clerc Saint-Viateur, aumônier d’un corps de zouaves, qui de retour de Rome confectionne finalement une maquette. Les travaux commencent presque immédiatement et progressent lentement, car on manque souvent de fonds. Lors de l’inauguration du temple, à Pâques 1894, ils ne sont pas entièrement exécutés.


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Les zouaves pontificaux


L’envoi de détachements de zouaves à Rome marque le zèle incessant de Mgr Bourget envers le pape. Aucun autre diocèse nord-américain fournit de troupes. L’envoi de ces détachements à Rome a coûté plus de 100 000 $, ce qui représente une somme énorme. Bientôt, de diocésain, le mouvement s’étend à l’ensemble du Québec. Malgré son échec apparent, il y eut quand même des suites sur l’évolution religieuse du Québec. Plusieurs zouaves devinrent, après leur retour, des chefs de file dans leur milieu.

Ce geste de Mgr Bourget marque l’indéfectible attachement de l’évêque de Montréal envers la papauté. Dans une circulaire, il définira ainsi le rôle du pape : « chacun de vous peut et doit se dire dans l’intérieur de son âme : J’écoute mon curé; mon curé écoute l’évêque; l’évêque écoute le pape; le pape écoute N.S.J.C ».


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