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Une Église dominante et triomphante : 1875-1914
L'Église canadienne-française confinée au terrtoire du Québec
L'Épiscopat
Les figures dominantes
La ville épiscopale
Les visites pastorales
Le clergé
Un clergé zélé et peu instruit
Les communautés d'hommes
Les communautés de femmes
Vie spirituelle des prêtres
Les prêtres de collèges
Les paroisses urbaines
Les paroisses rurales
L'enseignement
Le catéchisme québécois
La tâche des parents
L'école prend la relève
La responsabilité des curés
La prédication
Les missons ou retraites paroissiales
Les médailles et les images
Les dimanches et les fêtes
Les sacrements
Le jeûne et l'abstinence
Le clergé et la politique
Rome intervient et les derniers remous
La question des écoles du Manitoba
L'Église, l'Éducation et la Culture
Les débats publics
Une culture sous surveillance : les bibliothèques
L'émigration vers les États-Unis
Industrialisation et Urbanisation
La colonisation
Sommaire de la période de 1840-1900



1911-1915 : Église Notre-Dame-des -Sept-Douleurs, Verdun, diocèse de Montréal



Une Église dominante et triomphante : 1875-1914


Ce qui marque cette période c’est le confinement de l’Église canadienne-française au Québec et l’extension de son emprise sur ce territoire. Rapidement, l’Église du Québec est en butte à l’Église anglo-saxonne de plus en plus puissante dans le reste du Canada. Cette dernière est avant tout irlandaise. Cette force des Irlandais prend sa source aux États-Unis, où l’Église catholique est principalement irlandaise à cause du nombre d’immigrants de cette nationalité. C’est ainsi, que la langue anglaise devient le véhicule premier de l’Église américaine. Rome appuie l’émergence d’une Église américaine avec comme moteur principal la langue de Shakespeare. Dans cette perspective, les autorités anglaises, sauf au Québec, favorisent des mesures assimilatrices. Ainsi, les droits des francophones sont niés dans les écoles séparées de l’Ontario et le bilinguisme du Manitoba est remis en cause de même que les droits des minorités dans les nouvelles provinces de la Saskatchewan et de l’Alberta. Quant à la mollesse du fédéral sur le droit des minorités, l’Église francophone est laissée à elle-même et se réfugie sur le territoire du Québec où elle peut exercer son hégémonie.


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L’Église canadienne-française confinée au territoire du Québec


Pour l’Église anglophone du Canada, il faut qu’il y ait le moins d’évêques francophones nommés dans les diocèses hors du Québec. Les parties s’affrontent entre autres pour la nomination d’un évêque à Ottawa. Rome décide finalement de nommer un Canadien français, Mgr Duhamel, comme pasteur de ce nouvel archidiocèse. L’affaire des écoles du Manitoba va unir les évêques du Québec à leur confrère de Saint Boniface, Mgr Langevin. Ils interviennent publiquement contre Laurier qui refuse de s’interposer. Rome force les évêques du Québec à accepter un compromis sur cette question et en profite pour nommer un délégué apostolique qui appuie ouvertement les vues de l’épiscopat irlandais. Avec 20 % des catholiques au Canada, les Irlandais ont plus d’évêques que les Canadiens français qui forment le reste des catholiques canadiens. En effet, les Irlandais ont quatre archevêques et quinze évêques tandis qu’au Québec on compte quatre archevêques et seulement dix évêques. Le nouvel évêque de Sault-Sainte-Marie, diocèse à 80 % canadien-français, est un Irlandais. De tels dérapages se répètent.


Au congrès eucharistique de Montréal, Mgr Bourne, primat d’Irlande, invite les Canadiens français à renoncer à leur langue pour le plus grand bien du catholicisme. Mgr Bégin nouvel évêque de Québec insiste alors auprès de Rome pour une représentation proportionnelle des ethnies dans le clergé. Mais la politique pro-irlandaise se poursuit. Au début de la Première guerre mondiale, l’Église catholique du Québec n’est plus qu’une simple province de l’Église canadienne.


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L’Épiscopat


L’une des premières conséquences de la création d’un nouveau pays avec la Confédération, est l’obligation pour les autorités catholiques de créer de nouvelles provinces ecclésiastiques. Ainsi, pour l’Ouest, on crée la province de Saint-Boniface, au centre, Toronto et pour l’Est, Québec. Dans le concret, cela signifie que les francophones et les anglophones vont évoluer séparément. L’affaire Riel et le problème des Métis vont diviser l’Église canadienne. Mgr Taché prône la création d’une deuxième province francophone : le Manitoba. L’évêque de Québec, Mgr Baillargeon, souhaite que son grand vicaire, Taschereau, lui succède comme évêque. Cette dernière nomination marque un tournant dans l’histoire de l’Église canadienne. Avec sa forte personnalité, Mgr Taschereau va jouer un rôle important dans l’Église canadienne durant la seconde moitié du XIXe siècle. Il devient en 1886 le premier cardinal canadien.

L’Église de la seconde moitié du XIXe est très hiérarchisée. Au centre, on retrouve l’autorité suprême et l'infaillibilité du pape. C’est donc presque un culte qui est rendu à la personne du pape. Son portrait trône dans tous les foyers. Les évêques partagent cette autorité dans leur milieu. Ils habitent des palais épiscopaux, prêtres et laïcs s’agenouillent devant eux pour baiser leurs bagues. Selon la pensée ecclésiastique de l’époque, le clergé doit enseigner et diriger les hommes dans la vie, tandis que les laïcs ont pour mission d’obéir et d’être soumis aux enseignements de l’Église.

En 1886, on retrouve deux provinces ecclésiastiques : celle de Québec et de Montréal et cela à l’encontre de la volonté du cardinal Taschereau. La création de certains diocèses comme celui de Nicolet soulève les passions dans l’épiscopat, car elle oppose les libéraux de Québec aux ultramontains de Montréal et Trois-Rivières. Malgré la vive opposition de Mgr La Flèche, l'évêque des Trois-Rivières, le nouveau diocèse de Nicolet est créé en 1885.

Généralement, un nouvel évêque vient du territoire du diocèse nouvellement érigé. Mais souvent, les évêques sont choisis en fonction de l’appartenance à tel ou tel groupe. Chaque évêque soumet en secret trois noms capables de lui succéder.

Rome consulte également les archevêques du Canada, mais dans tous les cas c’est elle qui décide. La succession de Mgr Bourget provoque une querelle entre les ultramontains et les libéraux du Québec. Ainsi, l’évêque de Saint-Hyacinthe se montre prudent et souligne la discorde provoquée par les mandements de Mgr Bourget qui veut un successeur qui continuera son enseignement. Mgr La Flèche se rend à Rome pour défendre la cause de Mgr Bourget. Les autorités vaticanes décident de donner suite aux demandes de Mgr Bourget en nommant Mgr Fabre comme son coadjuteur avec droit de succession. La plupart des nouveaux évêques sont de plus en plus instruits et viennent majoritairement du milieu agricole, mais quelquefois de familles de seigneurs, de fonctionnaires et d’artisans.


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Les figures dominantes


Mgr Bourget s’illustre par son grand zèle apostolique, mais aussi par son intransigeance. La grande figure qui domine cette époque est Mgr Taschereau. Il est issu d’une grande famille (seigneurs en Beauce). Après des études à Rome il devient professeur, directeur et supérieur du séminaire de Québec. Il participe à la fondation de l’Université Laval dont il est nommé recteur. Ses adversaires lui reprochent son autoritarisme et sa froideur. C’est un homme d’une vaste culture, mais très autoritaire. Il ne souffre aucune dérogation. Il ranime le pouvoir d’archevêque et prend le leadership à la place Mgr Bourget. Il inaugure la tradition des réunions des évêques du Québec qu’il préside avec autorité. Sa promotion au cardinalat va assurer sa primauté. En comparaison de Mgr Bourget et de Mgr La Flèche, il est considéré comme un modéré.

Pour sa part, Mgr La Flèche, deuxième évêque des Trois-Rivières, prend la relève de Mgr Bourget, après sa démission, comme porte-parole des ultramontains. Il devient le principal adversaire du cardinal Taschereau. Mgr La Flèche se lance dans la bataille avec passion et ne souffre aucun compromis. L’une de ses plus grandes défaites est la division de son diocèse par la création du diocèse de Nicolet. Cependant pour la question des écoles du Manitoba les évêques du Québec se rangent de son côté et défendent avec vigueur ses idées en faveur des écoles françaises et catholiques.

À partir de 1875, les évêques du Québec profitent des deux sessions annuelles du Conseil de l’Instruction publique dont ils sont membres pour tenir des assemblées épiscopales régulières. En 1876, il y a une sérieuse confrontation entre les évêques du Québec et Mgr Taschereau archevêque de Québec. Tous les évêques dénoncent l’autoritarisme de Mgr Taschereau à Rome. La Propagande (le Vatican) intervint pour calmer l’atmosphère.

Au Québec, l’épiscopat est en lien très étroit avec Rome. Les évêques participent à ce culte envers le pape. Pour conserver ce climat d’unité avec Rome, les évêques du Québec s’y rendent régulièrement pour défendre leur administration. Lors de l’audience avec le pape l’évêque remet généralement une généreuse contribution pour le Denier de Saint-Pierre (les oeuvres papales). Mgr Taschereau non satisfait de ses relations avec le délégué apostolique se rend régulièrement à Rome pour défendre sa cause.


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La ville épiscopale


Dans les villes épiscopales l'évêque est un personnage considérable. À Québec, l'archevêque fréquente les autorités civiles et intervient pour rappeler la position de l'Église. À Montréal, le développement de l'industrie et du commerce donne un rôle moins important à l'évêque qui possède cependant une influence certaine. Ailleurs, l'évêché est le centre de la ville. L'évêque parle volontiers de sa ville et de ses fidèles. À Montréal, les relations avec l'évêque sont conviviales alors qu'à Québec Mgr Taschereau intervient auprès des hommes politiques. Occasionnellement, il peut réprimander les élus municipaux quand le conseil veut augmenter la taxe d’eau des communautés religieuses.

Tout le décorum atteste son importance. Sa résidence appelée palais épiscopal est souvent l'une des plus imposantes de la ville. Dans certains diocèses pauvres, l'évêque demeure, en attendant, au presbytère de la cathédrale. Les évêques pratiquent un protocole somptueux habits, génuflexion des visiteurs, baisement de la main, mais ils demeurent accessibles. Mgr La Flèche en est un exemple, sa porte étant ouverte à tous. Dans sa cathédrale l'évêque portant mitre et crosse et revêtu d'ornements flamboyants confère les ordres, assure les bénédictions, etc.

Les évêques se souviennent de leur origine modeste. Ainsi en est-il de Mgr La Flèche, qui aime la solennité des cérémonies tout en étant présent auprès de son clergé et de ses fidèles.


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Les visites pastorales


L'évêque prend contact avec ses diocésains surtout à l'occasion de la visite pastorale. Cette visite permet à l'évêque de faire l'union entre le pasteur et son troupeau. L'évêque profite de sa visite pour faire un inventaire pour tout ce qui touche les personnes : le clergé et les fidèles, les coutumes, la pratique religieuse l'éducation, etc. De plus, il prend connaissance des registres paroissiaux, des finances et de l'état des immeubles de la fabrique.

Pour sa part, le curé doit présenter un rapport complet sur sa paroisse ce qui vient compléter son rapport annuel.

L'évêque est perçu comme le représentant du Bon Pasteur. Cette visite se présente comme un temps de grâce et de réflexion. Pour donner un sens à cette réflexion, il accorde une indulgence plénière aux conditions ordinaires : confession et communion.

La visite est annoncée par un mandement spécial. Le dimanche qui la précède, le curé lit le mandement et fait ses recommandations et invite les familles à la prière. Un ou des prédicateurs accompagnent l'évêque et un groupe de confesseurs, les curés des alentours, se mettent à la disposition des paroissiens. L'évêque et sa suite arrivent en voiture, les plus belles fournies par les marguilliers. On pavoise les maisons, élève des arcs de triomphe. Accueilli par le curé et les fidèles, l'évêque fait une entrée solennelle dans l'église et donne la bénédiction du saint sacrement. La visite comprend également la confirmation des enfants. L'évêque rencontre les marguilliers, les personnes d'oeuvre et les fidèles. Ces visites constituent pour l'évêque des moments privilégiés pour mieux connaître les prêtres, les religieux et religieuses de la paroisse.

À la toute fin, le prélat rédige un rapport dont une copie reste dans la paroisse l'autre étant déposée dans un registre spécial conservé à l'évêché.


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Le clergé


Le nombre de clercs, qui est de 1412 en 1870, passe à 2102 en 1880 et à 2276 en 1900. En chiffre absolu, le nombre de prêtres augmente de 61 % tandis que la population augmente de 26 %. Le nombre de fidèles par prêtre est donc de 510 en 1880. Par contre, dans le diocèse de Saint-Hyacinthe, à la même époque, le nombre de fidèles par prêtre est de 671 tandis qu'à Sherbrooke il est de 888 fidèles par prêtre. Il y a donc une disparité régionale. Ce clergé est surtout séculier. Les réguliers (membres d'une communauté religieuse) sont peu nombreux, sauf à Montréal où en 1898 ils sont 114 sur 571.

Le nombre de clercs étrangers étant peu élevé c'est l'augmentation des vocations locales qui explique la richesse du Québec en prêtres. Tout cela est un résultat du renouveau entrepris par Mgr Bourget et des rébellions de 1837-1838. En effet, après l'échec des rébellions, le clergé occupe une place prépondérante dans la société canadienne-française. Devenir membre du clergé, c'est occuper une fonction importante dans la société, ce qui incite beaucoup de jeunes à se diriger vers l'Église.


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Un clergé zélé et peu instruit


Le clergé régulier comme séculier semble donner le bon exemple. Cependant, l'évêque de Nicolet est plus nuancé. Ainsi, l'alcoolisme semble être le péché mignon d'un certain nombre de prêtres. Dans quelques cas rarissimes, il y a des manquements contre la morale. Les fautes contre la tempérance et la chasteté semblent plus fréquentes dans les jeunes diocèses. Les évêques de ces diocèses doivent se montrer plus tolérants et moins sévères. À certaines occasions, il vaut mieux fermer les yeux et oublier certaines incartades.


Certains évêques constatent la pauvreté intellectuelle du clergé et même de certains évêques. Le délégué apostolique pose le même diagnostic sur la formation sacerdotale. Il note, ainsi, que sur les 326 prêtres ordonnés depuis la fondation du Grand séminaire, 124 ne l'ont jamais fréquenté et un grand nombre n'y ont séjourné que quelques semaines. Le problème est plus aigu en 1870 que vers la fin du XIXe siècle. À la suite des conciles provinciaux, les évêques ont fait de grands efforts pour remédier à la situation.


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Les communautés d'hommes


De 1871 à 1900, 14 nouvelles communautés religieuses d'hommes s'installent au Québec. Plusieurs d'entre elles comme les rédemptoristes et les capucins sont des membres-prêtres qui se consacrent à la prédication pendant que d'autres communautés de frères (les maristes, les frères de Saint-Gabriel, les frères du Sacré-Coeur) se vouent à l'enseignement. L'éducation demeure l'oeuvre principale des communautés religieuses d'hommes.

À Montréal, comme dans l'ensemble du Québec, les religieux enseignants prennent une place de plus en plus considérable dans le système d'éducation. En 1897, ils représentent 65 % de l'ensemble des instituteurs laïcs.

De vives polémiques sont enclenchées par ce nouveau phénomène de notre société. Les défenseurs des instituteurs laïques revendiquent pour eux le droit d'enseigner dans les écoles publiques. Pour le clergé, le meilleur enseignant demeure le religieux ou la religieuse.


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Les communautés des femmes


Entre 1850 et 1900, le nombre de membres de communautés religieuses masculines passe de 361 à 2391 membres, tandis que les communautés féminines passent de 673 à 9601. L'éducation demeure le domaine par excellence des religieuses. En 1890, elles forment 22 % du personnel enseignant. Les régions rurales ont de la difficulté à attirer des communautés religieuses et résolvent le problème en fondant des communautés de droit diocésain.

Ainsi, en est-il des soeurs de Saint-Joseph à Saint-Hyacinthe et les soeurs de l'Assomption de la Saint-Vierge à Nicolet. Les curés se font un point d'honneur d'ouvrir un couvent dès qu'ils ont l'argent nécessaire.


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La vie sprituelle des prêtres.


Les candidats à la prêtrise vivent hors de la réalité ordinaire dans un univers artificiel. Lorsqu'ils sortent du Grand séminaire, ils font l'apprentissage du ministère sous la surveillance d'un curé expérimenté. Néanmoins, très rapidement ils ont la charge d'une paroisse souvent jeune et pauvre où les difficultés financières grugent leur énergie. Dans les meilleurs cas, ils peuvent aspirer à une cure de prestige.


Le prêtre doit être une copie idéale du Maître et l'humilité doit être pour lui essentielle. Il doit également pratiquer l'obéissance d'abord envers le souverain pontife, le représentant de Dieu sur terre, et également envers son évêque qui a reçu les grâces d'état pour gouverner.

Certains évêques demandent aux prêtres de ne pas craindre de reprendre les fidèles, de réprimer les désordres et de se montrer sévères, quand la chose est nécessaire. Le prêtre doit également être un homme de prières tout en consacrant ses loisirs à l'étude des sciences théologiques. Compte tenu de la nature humaine, il ne faut pas se surprendre que beaucoup de prêtres du Québec ne réussissent pas à Lui ressembler.


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Les prêtres de collèges


Dans les nouvelles maisons d'enseignement, les ecclésiastiques, étudiants en théologie, constituent le gros du corps professoral.

Dans les faits, les jeunes ecclésiastiques enseignaient et surveillaient durant le jour et essayaient d'étudier le soir. Ces grands séminaristes sont astreints à un travail épuisant et peu propice à l'étude. Comme jeunes professeurs improvisés, ils doivent maintenir une discipline avec des jeunes qui ont presque leur âge. Certains restent dans l'enseignement lorsqu’ils sont ordonnés. À ce moment leur situation s'améliore un peu, leur salaire passant à 100 $ par année. De plus, ils ont droit à une chambre plus confortable.

Après un certain temps dans les institutions plus anciennes comme le Séminaire de Québec, ils peuvent demander l'agrégation par laquelle la maison s'engage à les soutenir en cas de maladie. À eux vont les meilleures chambres. Le groupe des agrégés constitue une espèce de communauté d'éducateurs plus aptes à l'enseignement. Malgré des règlements un peu tatillons, la majorité d’entre eux sont confortablement installés.


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Les paroisses urbaines


On connaît la situation particulière de la paroisse Notre-Dame à Montréal qui est dans les faits la seule paroisse pour toute l'île de Montréal et administrée par les sulpiciens. Mgr Bourget obtient le droit d'ériger d'autres paroisses selon les besoins, ce qui occasionne une controverse avec les sulpiciens et retarde de dix ans l'autorisation de Rome. À Montréal, il faut ajouter plusieurs paroisses dirigées par des communautés religieuses.

À Québec, la paroisse Notre-Dame connaît un développement moins houleux. La paroisse mère couvre au début toute la ville de Québec et ses banlieues. Très tôt s'en détachent plusieurs nouvelles paroisses. En 1896, la paroisse Saint-Roch compte 20 000 paroissiens, dirigée par un curé et huit vicaires. Le curé urbain a une charge qui dépasse souvent 10 000 paroissiens. Il est alors un administrateur qui supervise le travail de ses vicaires. Malgré la bonne volonté du clergé, la pastorale urbaine semble avoir de la difficulté à s'adapter à l'urbanisation.


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Les paroisses rurales


La majorité des paroisses rurales peuvent avoir quelques milliers de paroissiens, mais le plus grand nombre en ont moins de 2000. Les plus vieilles paroisses ont beaucoup d'avantages : revenus plus considérables, édifices du culte en bon état, pastorale bien organisée. Ces paroisses sont donc convoitées. Les évêques les donnent à des prêtres qui sont en fin de carrière.


Mais avant de pouvoir espérer un poste aussi avantageux, le prêtre doit faire ses preuves en commençant dans des endroits reculés où il doit démontrer de l’audace et du leadership.

Dans son milieu, le curé est un notable comme le médecin, le notaire, l'avocat et le marchand. Généralement, il a un revenu convenable. Pour lui assurer un revenu minimal, les diocèses mettent sur pied une caisse ecclésiastique d'aide aux retraités et aux malades.

Le curé a pour fonction première d'assurer les services religieux et d'être présent aux fêtes comme aux deuils. Certains développent leur talent pour la prédication dans le territoire régional à l'occasion de grandes fêtes comme les Quarante heures. Il y aussi des prêtres-soigneurs qui pallient aux manques de médecins, malgré l'interdiction qui leur est faite par les évêques de pratiquer la médecine.

Même en dehors des collèges, les prêtres érudits consacrent leurs loisirs à la lecture et des recherches notamment en histoire. Toutefois, tous les curés ne sont pas intellectuels et plusieurs se livrent à des entreprises de chantiers ou à la culture de la terre.

Il y a également les prêtres-colonisateurs qui oeuvrent dans de nouvelles paroisses. Souvent, ils sont les maîtres d'oeuvre des nouvelles paroisses où ils choisissent l'endroit le plus favorable. Ces derniers travaillent dans des conditions souvent difficiles et dans la pauvreté. Le prêtre joue un rôle pourtant indispensable : encourager le colon, l'assister dans sa maladie, s'occuper de la construction des chemins, s'interposer entre les colons et le département des terres et forêts, etc. Il souffre souvent d'isolement et de solitude.


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L'enseignement et le catéchisme québécois


L'une des tâches primordiales du clergé est l'éducation de la foi des fidèles. Cet enseignement se fait de deux façons : le catéchisme et la prédication. Le catéchisme est le livre qui renferme les principes de la doctrine et de la morale chrétienne. C'est un ouvrage fondamental que tous les catholiques doivent apprendre par coeur.


L'Église canadienne opte rapidement pour l'uniformisation de l'enseignement du catéchisme. Le premier catéchisme paraît en 1702 sous l'autorité de l'évêque de Québec, Mgr de Saint-Vallier. Il est suivi à la fin du régime français par le Catéchisme du diocèse de Sens de Mgr Languet.

Ce dernier sera réimprimé à plusieurs reprises et est remanié en 1777. On y fait une distinction entre le petit catéchisme, qu'on doit apprendre pour la première communion, et le grand catéchisme, qui est un approfondissement de la foi.

En réalité, le petit catéchisme est le seul que pourra avoir la famille. En 1815, un nouveau petit catéchisme apparaît : le petit catéchisme du diocèse de Québec. Il faudra attendre le concile Vatican I pour qu'en 1880 l'unanimité se fasse en faveur d'un nouveau petit catéchisme. C'est en 1888, que paraît le nouveau catéchisme des provinces ecclésiastiques de Québec, Montréal et Ottawa qui perdura jusqu'en 1951.


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La tâche des parents


Les évêques souhaitent que le catéchisme se retrouve dans tous les foyers. C'est le devoir des pères et des mères de le faire apprendre par coeur dès que les enfants sont capables de comprendre. Ainsi, les parents doivent veiller à ce que leurs enfants sachent complètement le petit catéchisme à l'âge de 10 ans afin qu'ils puissent faire leur première communion. Les parents doivent également envoyer leurs enfants au catéchisme dominical. Dans les faits, les mères de familles enseignent les prières et quelques rudiments du catéchisme. Plusieurs curés se plaignent de la négligence des parents, ces derniers comptant un peu trop sur les institutrices pour l’enseigner aux jeunes enfants. Les évêques insistent pour que l'éducation chrétienne se fasse à la maison.


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L'école prend la relève


Dans un système scolaire de plus en plus affirmé comme confessionnel et surveillé par les évêques par l'intermédiaire du Comité catholique du Conseil de l'Instruction publique, cette obligation a des suites. L'enseignement du catéchisme et celui de l'histoire sainte sont intégrés dans l'enseignement au même titre que les autres matières. Les instituteurs sont représentés comme de simples auxiliaires du curé. De plus, ils doivent développer un climat religieux à l'école avec les prières, les dévotions, les cantiques religieux, etc. Dans cette atmosphère, l'enseignement religieux devient une mission. Pour aider les instituteurs, on publie des catéchismes expliqués. Cependant, les évêques interviennent pour bien leur faire comprendre qu'il n'appartient pas aux instituteurs d'enseigner en profondeur la doctrine catholique. Dans ces limites et sous la surveillance des curés, les enseignants, généralement des institutrices, s'acquittent convenablement de leur tâche. Souvent, les curés exercent une véritable tutelle sur la commission scolaire.


La responsabilité du curé


Le curé joue toujours le premier rôle dans l'enseignement du catéchisme. L'enseignement se fait au moment de la sacramentalisation : pénitence, communion confirmation. Pour la confession, il s'agit surtout de juger de la maturité de l'enfant. La préparation pour la confirmation se fait tous les quatre ans. Mais c'est au moment de la première communion que le rôle du curé prend toute son importance. Pendant six semaines, cinq fois par semaine, les enfants de 10 ans et plus « marchent au catéchisme », comme on dit à l'époque. Ces semaines de préparation se font au printemps et le curé doit s'attarder à expliquer ce que les enfants ont appris par coeur. Le curé juge seul de l'aptitude des enfants. Il renvoie ceux qui ne sont pas prêts, jusqu'au moment où ils seront aptes à passer l'examen.

Pour plusieurs enfants, cet évènement marque la fin de la période scolaire et le début sur le marché du travail. C'est un important devoir dont les curés s'acquittent consciencieusement. Pour les enfants qui ont fait leur première communion, les curés sont tenus de faire le catéchisme environ une demi-heure chaque dimanche, généralement après les vêpres. Mais, il paraît difficile d'attirer les enfants, les parents jugeant souvent cette pratique inutile.


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La prédication


La prédication complète l'instruction des fidèles. Pour les prêtres, sous peine de péché mortel, il y a obligation de prêcher. Les instructions doivent être courtes et claires, ce qui bien souvent n'est pas le cas.


Elle comprend deux parties. D'abord le prône. Cette partie comprend des prières, des avis de toutes sortes : mortalité, listes des messes, admonestations, le tout consigné dans un cahier des prônes. C'est le prône qui permet au curé de contrôler socialement la paroisse. Certains curés prennent un ton doux, par contre d'autres menacent et condamnent.

La seconde partie est le sermon.Il s'agit souvent d'une explication de l'évangile du jour. Les prêtres ne sont pas bien préparés pour exercer cette activité de leur ministère. Règle générale, on apprend en prêchant. On reproche souvent aux curés leur manque de préparation et l'improvisation de plusieurs d'entre eux. Certains ne font que lire des sermons de prédicateurs français célèbres.

D’autres prêtres vont trop loin et menacent de refus d'absolution pour des fautes qui ne sont même pas des péchés. Les scènes d'épouvantes, celle de l'enfer en particulier, ne jouent souvent pas leur rôle, les fidèles étant bien capables de résister aux agressions d'un curé trop zélé. On reproche également la longueur des sermons, à l’image de l'exemple laissé par le célèbre évêque prédicateur Mgr Janson. Souvent, la prédication est monotone et le prédicateur tourne en rond en rabâchant les mêmes thèmes. Pendant que quelques-uns sommeillent, les hommes prennent l'habitude de sortir sur le parvis de l'église pour fumer et jaser.


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Les missions ou retraites paroissiales


Les prédicateurs doivent présenter un ensemble complet de sermons destinés à renouveler les âmes d'une paroisse. On prépare l'âme à ne pas trop regimber devant les sacrifices à venir, puis on frappe un grand coup et on pénètre l'âme d'une salutaire frayeur dans le but de l'amener à la pénitence et au pardon de la miséricorde divine. La lutte contre l’alcoolisme revient souvent. Mais on traite, également, de plusieurs sujets : le devoir des parents envers les enfants, les relations entre époux, le blasphème, l'injustice.


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Les médailles et les images


À la fin du XIXe siècle, la plus répandue des illustrations est l'image du Sacré-Coeur portant l'inscription : « Je bénirai les maisons où l'image de mon coeur sera exposée ». À cela s'ajoute les médailles, les statues, rameaux, crucifix, croix, lampions cierges, chandelles, eau bénite, le tout exposé non seulement dans la maison, mais dans les bâtiments en plus des images et les gestes qui les accompagnent : lire la prière derrière une image, baiser une image, glisser une image sous son oreiller appliquer une image sur une partie malade du corps. Les images servent souvent de protection personnelle et plusieurs catholiques en portent avec les scapulaires et les Agnus Dei. Il y avait plusieurs sortes de scapulaires, celui de Notre-Dame-du-Mont-Carmel et celui de l'Immaculée Conception. Les médailles pouvaient être placées dans un porte-monnaie, dans un petit sac à médailles ou encore enfilées sur une épingle que l'on piquait à la camisole.

La grande nouveauté de la deuxième demie du XIXe siècle est la sensibilité de plus en plus romaine des catholiques du Québec. Les statues de plâtre imitent le statuaire romain jusqu'au milieu du XXe siècle.


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Les dimanches et les fêtes


On doit entendre la messe sous peine de péché mortel à moins de raison grave. On entend par raison grave la maladie, le soin des malades et des enfants, la difficulté des chemins, etc. C’est à l’église du village que les fidèles doivent remplir leurs obligations. La grand-messe est précédée dans beaucoup de paroisses de plusieurs messes basses. Celle-ci demeure un événement hebdomadaire qui sort de la grisaille quotidienne. Seule la messe est obligatoire, mais les curés invitent les fidèles à assister aux vêpres et au catéchisme. Malgré les invitations répétées, l’assistance est généralement faible.

Aux 52 dimanches, s’ajoutent quelques fêtes d’obligation : la Circoncision, le 1er janvier, l’Épiphanie, le 6 janvier, l’Ascension, la Toussaint, l’Immaculée Conception et Noël. Les gens venant des quatre coins de la paroisse se rassemblent non seulement pour prier ensemble, mais visiter la parenté, pour s’acheter des marchandises et pour être solidaires avec les autres paroissiens. Ainsi, pour les hommes politiques c’est le perron des églises qui sert d’estrade en temps d’élections. Certaines rivalités de paroisses poussent les paroissiens à la construction d’églises bien trop grande pour leurs besoins.

Ceux qui s’absentent de la messe peuvent être pointés du doigt. Certains s’absentent pour « garder » la maison. D’autre part, les bûcherons qui sont plusieurs mois absents reçoivent la visite d’un missionnaire que durant le temps des fêtes.


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Les sacrements :


Du berceau à la tombe, le rythme de la vie personnelle du chrétien est régi par des étapes bien précises :


Le baptême


Absolument indispensable au salut, le baptême est administré la journée même de la naissance ou dans les trois jours suivants. En cas de nécessité, tout chrétien doit procéder à l’ondoiement. La règle commune veut qu’on procède à un nouveau baptême sous condition. Le prêtre doit veiller, lors du baptême, à ce que l’on ne donne pas de noms ridicules ou impies aux enfants. On doit donc donner surtout des noms de saints connus que les enfants pourront prendre comme modèles. On ajoute toujours le nom de Marie ou de Joseph selon le sexe.


Le plus souvent, on donne le nom d’un ancêtre, d’un parent, du saint ou la sainte du jour. Le baptême marque l’entrée officielle du nouveau-né dans la communauté chrétienne.


La pénitence


Les enfants font leur première confession quand ils ont l’âge du discernement, soit vers sept ans. Les fidèles doivent se confesser au moins une fois par année. Ceux qui ne font qu’une communion la font coïncider avec l’obligation du temps pascal. D’après les études du temps, la majorité s’acquitte de ce devoir quatre fois par année. La pratique de la confession s’humanise et le confesseur restreint ces questions et n’exige plus une complète conversion avant de donner l’absolution. Quelques curés gardent l’ancienne méthode de réserver leur absolution de semaine en semaine pendant deux mois avec défense de communier. L’absolution de certaines fautes comme le concubinage ou le parjure est réservée à l’évêque. Dans quelques diocèses, un côté du confessionnal est réservé aux femmes et un autre aux hommes. Les confesseurs doivent suivre des règles minutieuses sur le lieu, les confessionnaux (la grille par exemple). Des sanctions sévères sont prévues pour les prêtres qui violeraient le secret de la confession.


La confirmation


Les enfants peuvent recevoir le sacrement de confirmation à partir de sept ans, mais ils doivent attendre la visite de l’évêque qui a lieu tous les trois ans. Le décorum entourant la cérémonie contribue à lui donner une grande importance. L’évêque s’y présente somptueusement vêtu avec sa suite pendant que les filles portent le voile et les garçons le brassard.


L’eucharistie


L’âge normal de la première communion est 10 ou 11 ans. Cependant, certains curés retardent l’admission des enfants parce que ces derniers sont jugés ignorants. En effet, plusieurs enfants échouent chaque année leur examen de catéchisme. Il faut se rappeler que la première communion est une grande fête pour la famille comme pour la paroisse. Après la cérémonie, c’est la fête à la maison et dans les familles les plus aisées, la photographie officielle. Chaque fidèle doit communier au moins une fois dans sa paroisse chaque année durant la période pascale.

Le mariage


Le mariage est le destin commun des jeunes gens et des jeunes filles, sauf pour les vocations religieuses. La société condamne la condition des vieux garçons et des vieilles filles. Le mariage est un sacrement qui sanctifie l’alliance de l’homme et de la femme. Cet événement donne lieu à un contrat civil entre les deux jeunes gens. L’Église contrôle toute la question du mariage ne laissant à l’État que les effets civils de l’union de l’homme et de la femme.

Les fréquentations durent généralement de quatre à douze mois et conduisent à la demande en mariage, les fiançailles n’étant pas très répandues à l’époque. Il y a la publication des bans pendant les deux ou trois semaines précédant la cérémonie. La célébration a lieu en semaine généralement le mardi ou le mercredi.

Avant que la date soit fixée, le curé rencontre les promis et les soumet à un véritable interrogatoire. Il doit s’assurer qu’il n’y a pas de lien parenté entre les futurs époux et de leur connaissance suffisante des éléments de la doctrine catholique.Le mariage donne lieu à une fête, la noce, qui commence chez les parents de la mariée avec repas, danses et libations, pour se poursuivre le lendemain chez les parents du marié.


L’extrême-onction


Tous les chrétiens dignes de ce nom désiraient mourir avec le support de la religion. L’une des tâches importantes du curé est donc de visiter les malades et surtout les mourants. Quand le dernier moment approche, il doit tout faire malgré les mauvaises conditions de transport pour se rendre au chevet du mourant. Chaque paroisse doit avoir une voiture avec une ombrelle pour porter le saint viatique. La moindre négligence d’un prêtre pour se rendre au chevet d’un mourant est dénoncée par les laïcs et entraîne un blâme de la part de l’évêque.

La mort est une occasion d’entraide entre voisins. C’est généralement le voisin le plus proche qui annonce la nouvelle à la parenté et qui prépare le nécessaire pour l’exposition : toilette du corps, préparation des planches recouvertes d’un drap blanc, fabrication d’un cercueil. Au jour des funérailles, c’est lui qui conduit le corbillard de la fabrique. Dans les villes, la gestion des pompes funèbres appartient à des entrepreneurs spécialisés.

Pour avertir du décès la communauté, on sonne le glas : trois volées et trois tintons pour un homme, deux volées et deux tintons pour une femme. On veille le corps. Ceux qui sont de garde pour la nuit ont droit à un réveillon.

Souvent, ils prennent « un coup » et se racontent des histoires « osées ». Les funérailles ont lieu à l’église paroissiale et ont plus ou moins de pompe selon la classe de la cérémonie. Quant aux pauvres, la fabrique doit fournir quelques cierges, le curé et les chantres officiant gratuitement.

La sépulture a lieu au cimetière de la paroisse où la famille achète un lot. Les pauvres sont déposés dans la fosse commune. Il faut des cas très graves pour qu’un curé refuse la sépulture ecclésiastique. Tout refus est transmis à l’évêque qui généralement se montre libéral et trouve des accommodements. Par respect pour les morts, le cimetière doit être clos et bien entretenu.


Le jeûne et l’abstinence


À la fin du XIXe siècle, les jours de jeûne sont : le mercredi, le vendredi et le samedi de chaque semaine des Quatre-Temps c’est-à-dire au début de chaque saison; tous les jours du carême, sauf le dimanche, les veilles de Noël, de la Pentecôte, de l’Assomption et de la Toussaint, les mercredis et les vendredis de l’Avent. L’obligation du jeûne commence à 21 ans. Jeûner signifie un seul repas principal par jour auquel on peut ajouter une légère collation. Le matin, il est permis de prendre deux onces de pain avec du thé ou de café. Le jeûne s’accompagne de l’abstinence (ne pas manger viande). On peut manger gras à certains jours au seul repas principal. En plus des jours de jeûne, tous les vendredis sont maigres. Si l’on croit les récits de l’époque, la pratique des fidèles est médiocre et souvent mal observée.

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Le clergé et la politique


Tous les débats tournent autour de la position à apporter face au libéralisme. Il s’agit de savoir s’il existe au Québec un libéralisme radical tel qu’il en existe en Europe. Les ultramontains intransigeants voient du libéralisme dans tout ce qui n’est pas conforme à leurs idées. La majorité des évêques ne mettent pas tous les libéraux dans le même sac. Cependant, à partir de 1875, les catholiques modérés se laissent entraîner dans une croisade anti-libérale. Le combat a lieu à la suite de l’application d’une nouvelle loi électorale. En effet, pour endiguer la corruption électorale on a introduit dans la loi la notion « d’influence indue ». Cette nouvelle loi défend à quiconque directement ou indirectement d’employer la force, la violence, la contrainte ou la menace pour forcer une personne à voter ou s’abstenir de voter.

Aux élections provinciales de 1875, il y a plusieurs interventions cléricales. Ainsi Mgr Langevin, dans une lettre au curé de Sainte-Anne-des-Monts lui rappelle la nécessité de dire aux fidèles clairement qu’ils ne peuvent voter libéral sans offenser Dieu. Immédiatement après les élections, plusieurs libéraux défaits s’appuient sur la nouvelle loi pour contester la victoire de leurs adversaires. Les évêques sont aux abois à cause du risque que des prêtres soient amenés devant les tribunaux civils. Les prélats décident de faire front commun et d’éclairer leurs fidèles sur le sujet. Ils déclarent que dans leurs diocèses les évêques ont le droit d’enseigner, de commander et de juger. Une lettre circulaire adressée au clergé demande aux prêtres qui seraient amenés devant les tribunaux civils de récuser fermement la compétence de ce tribunal.

L’archevêque et ses suffragants condamnent le libéralisme catholique sans préciser s’il vise un parti politique en particulier. La tentation est grande d’étendre à tous les partisans libéraux une condamnation qui ne vise que les doctrinaires à l’origine. L’unité retrouvée entre les évêques fait oublier momentanément les querelles intestines.

Un ministre libéral fédéral, Lucius Huntington, dénonce ceux qui veulent soumettre l’État à l’Église et lance un appel à une union défensive. Le conservateur, Alexander Galt, prend la relève en publiant un pamphlet sur les libertés civiles menacées au Québec par le clergé. Mgr Taschereau prend sur lui de publier un mandement dans lequel il déclare qu’aucun parti politique (lire libéral) n’est visé par le mandement des évêques.

Deux contestations d’élections font revivre la controverse. Cette dernière s’appuie sur « l’influence indue » de l’Église lors des élections. L’une des contestations a lieu dans le comté de Charlevoix et oppose le conservateur Langevin, frère de l’évêque de Rimouski, et le libéral Pierre Tremblay. La campagne est violente. Les conservateurs se servent de la lettre des évêques pour combattre les libéraux. Plusieurs curés interviennent dans ce sens. Défait, le libéral Tremblay demande aux tribunaux d’annuler l’élection. Dans un premier procès, le juge Adolpohe Routhier, un ultramontain, confirme l’élection de Langevin. Tremblay s’adresse alors à la Cour suprême, nouvellement créée, en février 1877. Celle-ci renverse la décision de Routhier. Dans son jugement, la cour condamne les menaces du clergé durant la campagne électorale. En effet, l’Église menaçait tous ceux qui voteraient libéral d’être privés des sacrements. Une décision semblable avait annulé l’élection dans le comté de Bonaventure quelques semaines auparavant.

Les évêques s’émeuvent. Mgr Langevin publie un mandement virulent contre le jugement et déclare indignes des sacrements tous ceux qui l’appuient. Les relations entre l’épiscopat et le gouvernement d’Ottawa deviennent tendues.

L’épiscopat dans une déclaration demande au gouvernement fédéral des amendements à la Loi électorale comme le gouvernement du Québec l’a fait « pour mettre la loi civile en accord avec la loi ecclésiastique ». Cette déclaration indique la volonté de l’Église d’affirmer ses droits face à l’État.


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Rome intervient et les derniers remous


Le danger de dérapage incite Rome à intervenir. Elle décide d’envoyer un délégué apostolique, Mgr Georges Conroy, un Irlandais. Le délégué, devant l’intervention directe du clergé, a pour mission d’imposer le silence et de faire savoir que Rome n’a pas l’intention de condamner directement le parti politique libéral. La réprobation de Rome s’adresse uniquement aux catholiques libéraux. Il devra défendre au clergé d’intervenir directement dans le déroulement des élections.

Le délégué organise en octobre 1877 une réunion de tous les évêques du Québec. Deux textes sont adoptés lors de cette réunion qui prescrivent au clergé une « sage réserve » et une « grande prudence ». On affirme en plus que le parti libéral n’est pas condamné en soi.


La mort subite de Mgr Conroy en août 1878 ne semble pas émouvoir les ultramontains qui y voient plutôt une manifestation de la main de Dieu. En 1880, Mgr La Flèche lance une croisade pour la réforme de la Loi électorale. Le prétexte est la contestation de l’élection dans Berthier. La majorité des évêques sont d’avis que le temps pour demander la revision de la loi n’est pas opportun. Pour Mgr La Flèche, ce temps est arrivé. En effet, l’évêque, dans le Journal des Trois-Rivières, publie des articles où il déclare que cette loi porte atteinte à la liberté religieuse et en demande l’abrogation. Ces articles édités en brochure sont largement distribués chez le clergé et les députés. Le gouvernement Chapleau et la majorité des évêques ne veulent pas refaire la loi, ce qui provoquerait de durs débats. Mgr Taschereau, désespéré de la conduite de Mgr La Flèche, le dénonce à Rome. Celle-ci répond favorablement à la requête de Mgr Taschereau et demande à Mgr La Flèche de s’abstenir de susciter l’agitation.

L’évolution des évènements amène le clergé, y compris même les plus conservateurs, à reconnaître que le parti libéral ne constitue pas une menace pour l’Église. Laurier va établir la différence fondamentale entre le libéralisme politique pratiqué au Canada et le libéralisme révolutionnaire d’Europe.

Ainsi, lorsqu’il devient chef du parti libéral du Canada, il coupe à la racine tout combat contre les rouges du Canada.

Mercier prend la tête du parti libéral au Québec et joue à fond la carte nationaliste en devenant premier ministre du Québec. Il réussit le tour de force de régler la question des biens des jésuites dont la solution traînait depuis des décennies. Leurs biens étaient devenus biens de la couronne, à la mort du dernier jésuite en 1880. Les évêques réclamaient ardemment que ceux-ci leur soient rendus. Mercier pour résoudre le problème propose une compensation globale et demande de répartir l’argent de la façon suivante : 400 000 $ entre les jésuites, 140 000 $ à l’Université Laval et 100 000 $ à divers diocèses. Cet arrangement suscite le mécontentement chez les orangistes. Léon XIII récompensera Mercier en le nommant comte palatin.


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La question des écoles du Manitoba


En 1890, le Manitoba abolit le système des écoles séparées (françaises). Les Franco-Manitobains outrés demandent avec l’appui de leurs partisans au Québec le désaveu de la loi par Ottawa, comme la constitution lui autorise, ainsi qu’une loi réparatrice. Sept archevêques et 20 évêques envoient au gouvernement d’Ottawa une pétition pour demander au gouvernement que justice soit faite aux Franco-Manitobains. Pendant de longues années, les prêtres et les évêques du Québec ne ménagèrent pas leur appui à l’évêque de Saint-Boniface.

Les élections de 1890 portent sur le sujet et les conservateurs promettent une loi réparatrice tandis que Laurier dénonce l’insuffisance de ce projet. En mai 1896, les évêques se réunissent et rédigent un mandement collectif. Le texte se montre prudent, mais clair. Ils demandent aux fidèles d’accorder leur suffrage qu’aux candidats qui s’engagent à voter au parlement une loi rendant à la minorité catholique du Manitoba leurs droits scolaires. Ils demandent obéissance à ce sujet et soumission au désir de l’épiscopat.

Ce mandement fait sensation et se situe au centre des débats électoraux. Tous les évêques blâment ainsi directement le parti libéral. Mgr La Flèche, pour sa part, appuie le parti conservateur. Dans les commentaires qu’il fait lire dans les églises de son diocèse, il condamne sans nuance Laurier et son parti. Malgré tous leurs efforts, les évêques ne réussissent pas à arrêter la débandade du parti conservateur aux élections. En effet, le Québec donne une majorité de députés libéraux (49/65). Les évêques sortent amochés par cet ultime combat.

L’échec épiscopal de 1896 marque la fin des interventions collectives et directes aux élections. Les autorités gouvernementales cherchent désormais un pacte de non-agression avec le clergé.


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L’Église, l’Éducation et la Culture


L’AANB de 1867 confie aux provinces la responsabilité de l’éducation. L’Église catholique du Québec voit ainsi ses acquis garantis (confessionnalité des écoles et droit de regard du clergé). Ceci va amener la création de deux systèmes publics, confessionnels et autonomes.

Le premier ministre Chauveau, qui a la responsabilité de l’Instruction publique, crée un ministère de l’Instruction publique. La mesure ne déplaît pas au clergé dans un premier temps. En 1869, le Conseil de l’Instruction publique est divisé en deux comités confessionnels (catholique et protestant). Mgr Baillargeon doit en référer à Rome pour faire accepter un partage des responsabilités entre l’Église et l’État. Pour lui, cependant, l’Église doit avoir seule la direction des écoles, mais il admet que l’État a le droit d’intervenir pour s’occuper du développement de la jeunesse. En 1875, Charles-Eugène Boucher de Boucherville devient premier ministre et se sent peu apte à s’occuper de l’éducation. Il décide de supprimer le ministère de l’Instruction publique et confie ses attributions à un surintendant. Il réforme le Conseil de l’Instruction publique et crée deux comités indépendants : l’un protestant et l’autre catholique. Ce dernier est formé des évêques, membres ex-officio et d’un nombre égal de laïcs. Ces comités sont chargés des écoles et de tout ce qui s’y rattache. L’Église prend ainsi le contrôle de l’enseignement primaire et secondaire.


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Les débats publics


La méfiance est au rendez-vous et toute législation scolaire devient suspecte. Pour corriger une situation dénoncée par les inspecteurs sur le manque de livres, le gouvernement vote en 1876 une loi créant un dépôt de livres où les commissions scolaires pourront s’approvisionner au prix coûtant. Le projet rencontre une opposition farouche de la part des communautés religieuses qui en tirent une bonne source de revenus. Le surintendant de l’Instruction publique continue sa campagne pour l’uniformisation des manuels scolaires. Le Conseil de l’Instruction publique qui n’a pas été consulté s’y oppose farouchement. Mgr La Flèche y est fortement opposé ainsi que Mgr Taschereau, évêque de Québec.


Des amendements sont apportés à la loi et le gouvernement recule une fois de plus en promettant de soumettre au Conseil de l’Instruction publique toute nouvelle loi portant sur l’Instruction publique afin qu’il puisse émettre une opinion. Convaincue que l’avenir de la religion et de la nation se joue à l’école, l’Église refuse de relâcher son emprise sur le système scolaire.

C’est ainsi qu’elle combat l’instruction obligatoire proposée par Honoré Mercier à partir de 1870. Mais une fois au pouvoir il insiste moins devant l’attitude négative du Comité de l’Instruction publique.

En 1897, nouvelle tentative de réforme par le premier ministre libéral Félix-Gabriel Marchand. Ce dernier connaît bien le domaine puisqu’il est un ancien président de la commission scolaire de Saint-Jean. Il propose une réforme majeure par la création d’un ministère de l’Instruction publique qui pourra nommer deux inspecteurs généraux non soumis aux deux Comités et obliger les enseignants religieux à passer l’examen du brevet de capacité et imposer le choix des volumes.

Une vive opposition se manifeste devant ce projet. C’est Mgr Bruchési, nouvel évêque de Montréal, qui mène le mouvement d’opposition. En effet, il se rend à Rome, d’où il envoie ce télégramme au premier ministre : « Pape vous demande de surseoir pour bill instruction publique, lettre partie aujourd'hui ». Cette lettre fait état d’une conversation avec le pape où ce dernier aurait déclaré qu’il veut la paix et l’union de tous les catholiques du Canada. Rome, priée de préciser par le lieutenant-gouverneur Chapleau si cela constitue un ordre du pape, déclare que le Saint-Père n’a pas l’intention d’exercer des pressions qui puissent amener le premier ministre à donner sa démission. Marchand se sent soulagé et fait adopter son projet à l’assemblée législative. Mais l’opposition prend sa revanche au Conseil législatif qui rejette la loi. Les évêques du Québec en viennent à la conclusion, que dans bien des cas, Rome ne comprend pas les problèmes canadiens et qu’il vaut mieux lutter pour conserver des droits chèrement acquis.


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Une culture sous surveillance : les bibliothèques


La première bibliothèque, l’Oeuvre des bons livres, connaît un bon départ à Québec et à Montréal. Ailleurs, ce sont les bibliothèques paroissiales qui poursuivent les mêmes objectifs. Ces bibliothèques sont créées pour faire échec aux écrits protestants et à la littérature malsaine. Ces buts demeurent les mêmes jusqu’à la fin du XIXe siècle. On veut favoriser le goût de l’étude chez les enfants qui ont une certaine instruction. En 1853, il existe 90 bibliothèques paroissiales. En 1860, il y a une centaine de bibliothèques paroissiales offrant 100 000 volumes.

Leur rôle cependant empêche la création de bibliothèques publiques, supportées par l’État, libres et ouvertes à tout citoyen dans un but d’information, d’éducation et de distraction. L’Église tient à contrôler toutes les bibliothèques qui se fondent, faute de quoi elle les combat. Ainsi, elle craint les doctrines subversives qui peuvent se répandre par le réseau de bibliothèques publiques.

L’Église surveille également la publication de toute mauvaise littérature et s’en prend aux romans et feuilletons qui s’écartent du bien et du beau. C’est ainsi qu’apparaît le rôle essentiel de la censure des autorités religieuses. L’Église s’en prend également aux troupes de théâtre étrangères françaises ou américaines dont le répertoire peut nous exposer au courroux du ciel comme l’affirme Mgr Bourget. Les autorités religieuses deviennent ainsi de plus en plus sévères, luttant non seulement contre le théâtre, mais contre toutes formes de spectacles comme les comédies et l’opéra qui mènent « vers l’occasion prochaine du péché ».

Le roman doit être le reflet des moeurs, du caractère, des aptitudes, du génie d’une nation. Il faut donc construire sur le passé collectif et éviter la fantaisie et l’aventure pour faire place à l’éducation sociale et nationale. Le mouvement culturel général parti de Montréal gagne plusieurs régions de la province. Tout cela va aboutir malheureusement vers un cléricalisme en art et en littérature. Cependant, certains esprits indépendants apparaissent comme Arthur Buies, Louis-Antoine Dessaules et Louis Fréchette.


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L’émigration vers les États-Unis


Pendant la seconde partie du XIXe siècle, la migration des Canadiens français du Québec vers les États-Unis constitue une grave menace pour le petit peuple français d’Amérique. Le Québec perd environ 10 % de sa population. Pour ses expatriés, il y a menace de perdre leur foi et leur langue,celle-ci étant considérée comme la gardienne de la foi. Pour l’Église du Québec, la lutte contre le fléau social de l’émigration devient une question primordiale de survie.

Le clergé va appuyer les hommes politiques qui proposent des solutions : amélioration de l’agriculture et de son enseignement, extension du réseau de communication (routes et chemins de fer), croisade pour la colonisation et campagne contre l’émigration. Les évêques demandent à ses fidèles de résister au mirage américain. Dans certains journaux, on s’intéresse à la misère des émigrés que l’on compare au sort des noirs américains. Seuls quelques hommes politiques plus libéraux parlent des conditions de vie meilleures des exilés canadiens


Peu à peu, l’opinion change. Le mouvement migratoire devenant irréversible et les Franco-Américains semblant heureux de leur sort puisqu’on les considère dorénavant comme l’avant-garde de la nation canadienne-française. Ce mouvement migratoire des Canadiens français en terre américaine se transforme en mission où notre peuple devient « le commissaire de Dieu ». Les émigrés n’ont pas quitté la patrie ils l’ont agrandie. Pour assurer le succès de cette mission, l’Église envoie en renfort des centaines de prêtres de religieux et de religieuses.


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Industrialisation et Urbanisation


Pour l’Église du Québec, le monde rural est également menacé par les migrations vers les villes, surtout Montréal. La population urbaine passe de 15 % en 1851 à 40 % en 1901. Montréal, qui compte en 1901 déjà 40 % de toute la population urbaine du Québec, se distingue par son gigantisme et son cosmopolitisme. Beaucoup de ces nouveaux citadins vivent dans des conditions pénibles : chômage saisonnier, logements insalubres, épidémies, etc.

Ce n’est pas tant l’urbanisation que l’on craint comme la vie d’une grande cité cosmopolite où le Canadien français peut perdre son identité propre au profit du matérialisme et de l’immoralité comme dans les grandes villes américaines.

L’industrialisation, liée de près au développement des villes, a des aspects négatifs que le clergé dénonce. On recherche un développement harmonieux où l’industrie et l’agriculture se donnent la main pour faire de notre pays une contrée prospère. En attendant, il faut trouver des solutions pour les villes, ses pauvres, ses malades, ses orphelins. C’est alors que se multiplieront dans les villes du Québec et à Montréal en particulier de nombreuses communautés religieuses d’hommes et de femmes qui se chargeront d'une multitude d’institutions de toutes sortes au profit des miséreux. Les gouvernements interviennent le moins possible, laissant à l’Église toute la place. Ce phénomène causera éventuellement des problèmes majeurs à la société québécoise.


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La Colonisation


Pour contrôler le problème de l’émigration et de la misère ouvrière, l’Église et l’État cherchent le remède miracle à tous ces maux et ce sera la colonisation. Amorcée par le clergé, la colonisation prône la conquête des terres neuves et la fondation de paroisses dans un oekoumène de plus en plus étendu. Les missionnaires-colonisateurs agissent comme fer de lance de ce mouvement.

L’État joue un rôle secondaire par la construction de routes et le don de terres appartenant à la Couronne.

Le curé Labelle et ses disciplines font de la colonisation une utopie en promettant aux francophones la réappropriation d’un pays par la force du nombre et l’occupation du territoire. On veut reprendre les territoires dont se sont accaparés les Anglais. Il faut donc se le réapproprier par le nord et l’ouest.

La colonisation constitue un rempart pour le territoire national, la région de l’Outaouais devenant la forteresse de la race française. Emparons-nous du sol de l’Atlantique au Pacifique et nous finirons par former l’une des plus puissantes nations du globe.

Par conre, le projet connaît un succès relatif. Il y a bien une augmentation de 78 % du territoire occupé et placement de 1000 colons par année entre 1851 et 1901. Mais c’est peu par rapport aux rêves poursuivis. Ceci met en lumière un catholicisme à la fois traditionaliste et nationaliste de l’Église québécoise.


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Sommaire de la période 1840-1900


La Conquête marque une nouvelle époque. À cause de la guerre de l’Indépendance américaine, les autorités civiles et religieuses se rapprochent et découvrent des affinités communes. Chacun peut y trouver son compte et assurer sa survie de la meilleure manière possible. Le peuple se replie sur la paroisse qui lui assure une identité religieuse et linguistique.

Cependant, l’Église connaît une crise face à sa crédibilité. Pour des raisons à la fois politiques et morales (la rigueur des condamnations pour certaines fautes) plusieurs catholiques s’éloignent de l’Église et de ses exhortations. Il y a un relâchement dans la foi et la pratique religieuse. Cette crise va susciter l’évènement déterminant dans l’histoire du catholicisme d’ici : le réveil des années 1840 et 1850.

Ce réveil catholique se fait avec l’appui de deux évêques ultramontains : Mgr Lartigue et Bourget. Ils réussissent dans un premier temps à libérer l’Église de ses contraintes et pressions politiques. Ils réaffirment le rôle prépondérant de l’Église pour l’éducation, les services sociaux et même sur la littérature.

Ce nouvel élan religieux du milieu du XIXe imprime une nouvelle vigueur à la religion. Il y a d’abord un clergé plus nombreux qui vient du peuple et est solidaire de ses problèmes. Cette religion avant tout rurale n’est pas prête à faire face à l’urbanisation et à l’industrialisation.


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