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Duplessis, le Chef

L'Union nationale à son apogée

Duplessis et l'autonomie provinciale

Le clergé, l'Église et Duplessis

Duplessis et le développement économique

Duplessis et la société québécoise



L’Union nationale incarne alors le Québec traditionnel. Duplessis qui en est le représentant le plus populaire de l’époque réussit à rallier tous ceux pour qui catholicisme et capitalisme priment sur les autres valeurs. Le clergé et l’Église en général appuient le principe de l’autonomie provinciale.


Duplessis réussit à se maintenir au pouvoir pendant plusieurs décennies grâce à une caisse électorale bien garnie. C’est Gérald Martineau qu’il nomme comme trésorier du parti.Ce dernier en assure l’administration jusqu’à la mort du Chef. La caisse augmente graduellement durant le long règne de Duplessis et vaut dix-huit millions de dollars à sa mort. Tous les contrats donnés par le gouvernement à une entreprise sont soumis à une «taxe» qui va directement dans les coffres du parti.On distribue ainsi des milliers de dollars à des nécessiteux ou des opportunistes qui viennent quémander des faveurs au parti. Ce système paternaliste assure la réélection de l’Union nationale. Maurice Duplessis récompense les uns et punit les autres, selon leur loyauté envers le Parti.


C’est l’institution du favoritisme comme modus vivendi. Duplessis répète souvent «si vous voulez une école (hôpital, pont, etc) montrez-moi-le le jour de l’élection ». Les comtés qui n’élisent pas les candidats du gouvernement sont punis. Le Parti en temps d’élection peut compter sur des sommes considérables qui servent à «acheter» le vote de certains électeurs hésitants et à récompenser tous les fidèles partisans. En somme, toute une population est dépendante du bon vouloir du chef : avocats, entrepreneurs, membres du clergé et même de nombreux évêques. Seuls les plus puissants, comme le cardinal Léger, peuvent demeurer indépendants du système.


Duplessis ne cherche pas à s’enrichir personnellement. Son compte en banque était presque toujours à sec. Il est très prudent dans la façon de distribuer ses faveurs financières. Ainsi, dans son comté c’est sa secrétaire, Auréa Cloutier, qui distribue les montants le lundi après le départ du Chef pour Québec. Mais c’est lui qui décide des montants requis et des bénéficiaires du moment. Une bonne conduite est récompensée par un voyage à l’étranger ou une enveloppe pleine d’argent.Au contraire, les récalcitrants sont punis sur le champ. Ainsi, Antonio Barrette, ministre du Travail, qui a eu la mauvaise idée de se servir à même le contrat de construction du sanatorium de Joliette tombe en disgrâce pendant plus d’un an.


Duplessis personnifie le gouvernement. Seul Paul Sauvé peut parler à l’Assemblée sans avoir peur de se faire interrompre. Ainsi, à son ministre des finances Onésime Gagnon, qui a tendance à allonger ses discours Duplessis lance «C’est assez Nézime». Duplessis a une connaissance approfondie des rouages de chaque ministère, ce qui lui permet de tout contrôler. Rien ne peut être fait sans son approbation. Cependant, il a une haute estime pour Paul Sauvé qui exerce une certaine autorité morale sur lui. Comme ministre de la Jeunesse, malgré les réticences des évêques, il ne cède jamais aucune de ses prérogatives.


Duplessis encourage le culte rendu à son personnage politique et aime être considéré comme le sauveur de la race. Il se méfie de certains de ses ministres comme Joseph-Damase Bégin, son organisateur en chef et ministre de la Colonisation qui s’enrichit rapidement. Il est mis sous haute surveillance. Mais Bégin comme Martineau sont des hommes indispensables dans l’organisation de l’Union nationale et Duplessis sait très bien qu’il ne peut se passer d’eux.


Le chef n’accorde jamais une grande attention à l’ensemble du caucus. Ce sont les organisateurs de l’Union nationale dans chaque comté qui le tiennent aux courants de tous les scandales ou commérages. De cette façon, face à ses députés, il a une autorité incontestable. Ses partisans se font toujours un devoir de renseigner le chef sur toutes nouvelles du comté dans l’espoir d’obtenir certaines gratifications. Ainsi, Duplessis exerce un paternalisme qui ne pourra lui survivre. À son décès le Québec est mûr pour des changements radicaux.


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L’Union nationale à son apogée


À l’apogée de l’Union nationale, Duplessis a connu une période autonomiste. Il fait adopter le Fleur de Lys, fait changer le nom de la résidence du lieutenant-gouverneur de Spencer Wood en Bois-de-Coulonge et surtout il reprend les prérogatives fiscales provinciales prêtées au fédéral pour la durée de la guerre. Duplessis fait des efforts pour rallier à l’Union nationale les nationalistes qui se sont laissés tenter par l’Action libérale et le Bloc populaire. Il s’attaque aux libéraux et les accuse d’être responsables de la conscription et de la centralisation.


Duplessis accuse les libéraux d’être infestés par les communistes. Cet argument sur les communistes revient plusieurs fois durant son long règne. Lorsque l’on désire se sortir d’une mauvaise situation on accuse les communistes d’en être la cause. Il reproche à Godbout de vouloir noyer le peuple canadien-français dans un flot d’immigrants britanniques. Pour lui, l’autonomie est le plus sûr rempart contre le communisme. En 1948, Duplessis est réélu avec une écrasante majorité (84 députés sur un total de 92). Godbout se retire de la vie politique au niveau provincial et est nommé au sénat. Les libéraux sont obligés de se réorganiser et Georges-Émile Lapalme est nommé chef de l’opposition. C’est un personnage qui fera sa marque durant la Révolution tranquille.


Lors des élections de 1952, Duplessis doit faire face à une opposition nouvelle, soit celle du journal Le Devoir qui lui reproche son intimité avec les capitalistes américains et surtout son autoritarisme et son manque de scrupule en temps d’élections. Duplessis attaque les libéraux surtout pour avoir cédé des prérogatives financières au gouvernement fédéral. C’est toujours l’aspect autonomiste qui prend le dessus. Il martèle dans tous ses discours que les libéraux ont vendu les droits du Québec au fédéral. La meilleure protection pour protéger le peuple canadien-français contre l’invasion fédérale est de reporter le gouvernement de l’Union nationale au pouvoir. Il promet à Montréal de construire un centre culturel si la ville demeure fidèle à son parti. Cette vieille tactique que Duplessis employait généralement en milieu rural lui porte fruit. Il remporte la victoire, mais les libéraux font élire une quinzaine de députés de plus. Ainsi, le Québec laisse Duplessis «continuer son oeuvre»


Le Québec continue à être dirigé par une association étroite entre l’État, l’Église et le capitalisme. Les valeurs traditionnelles sont protégées tout en poursuivant l’industrialisation du Québec. Duplessis est devenu ainsi une sorte d’incarnation du Québec. Aux élections de 1956, Duplessis est considéré comme le chef imbattable d’un parti politique qui a cependant vieilli. À cette élection, il annonce peu de nouvelles politiques. C’est une élection qui se joue sur le passé. Cependant, la question de l’autonomie provinciale refait surface Duplessis promettant de ne jamais signer d’entente permanente avec le gouvernement fédéral. Une autre question qui a fait sa marque pendant des décennies est soulevée : la vente de la margarine.


Duplessis se dresse en protecteur des agriculteurs en défendant la vente de la margarine dans tout le Québec. Un slogan est répété durant toute la campagne « Les libéraux donnent aux étrangers : Duplessis donne à sa province.» Le Chef défend une politique nationaliste mais conservatrice. Il prône une confédération décentralisée laissant aux provinces tous les pouvoirs nécessaires pour assurer leur survie, particulièrement celle des Canadiens français. Lapalme, nouveau chef du parti libéral, a de la difficulté à s’imposer devant un Duplessis plus sarcastique.


Duplessis se présente comme le défenseur de la culture française et de la foi. Malgré une vaste coalition, les libéraux ne savent pas comment contrer la redoutable machine électorale de l’Union nationale dont les coffres bien garnis lui permettent de récompenser ses partisans et «d’acheter» les hésitants. L’Union nationale remporte une victoire incontestable en faisant élire soixante-treize députés avec 52% du vote populaire. C’est l’une des plus importantes victoires de Duplessis. Lapalme vient ainsi de terminer son mandat comme chef du Parti libéral où d’importants changements s’annoncent.


Voyons maintenant la personnalité de Duplessis à travers certains litiges qui l'opposent à divers secteurs de la société : L’une des affaires les plus célèbres est la fameuse Loi du Cadenas. Cette loi est dictée pour combattre les témoins de Jéhovah. Elle permet au gouvernement de mettre sous scellés pendant un an tout local susceptible d’appartenir à un communiste. Elle défend expressément la distribution de tout document de propagande communiste. Mais c’est Duplessis qui détermine ce qu’est un document communiste. Cela lui permet de se servir de cette loi contre les syndicats, les Témoins de Jéhovah et de tous ceux qui osent s’opposer à son gouvernement. Une longue lutte juridique perdure de 1949 à 1957. Finalement, la Cour suprême déclare la loi nulle et anticonstitutionnelle. Duplessis proteste pour la forme, mais avant tout cette loi est une fameuse mesure publicitaire. En effet, cela lui permet de confirmer sa position autonomiste. En général, la population du Québec appuie la position de Duplessis en cette matière et cela est électoralement très rentable pour l’Union nationale.


Un autre fait célèbre est la chute du pont Duplessis à Trois-Rivières. Ce pont qui enjambe la rivière Saint-Maurice avait été nommé ainsi l’honneur du père de Maurice Duplessis. Inauguré en grande pompe en avril 1947, le pont s’écroule en janvier 1951. Duplessis et l’Union nationale font circuler la rumeur que les communistes ont peut-être commis un sabotage. Une commission d’enquête en vient finalement à la conclusion que ce n’est la faute ni de l’entrepreneur, ni celle du gouvernement. Mais c’est avec le scandale du gaz naturel que l’administration de l’Union nationale est mise à rude épreuve. L’Hydro-Québec ayant cédé à une entreprise privée, la Corporation du gaz naturel du Québec, son réseau de distribution de gaz naturel, six ministres dont peut-être Duplessis en personne, ont spéculé sur les actions. Ces révélations faites par Le Devoir font mal à l’Union nationale. La fin du régime commence à poindre à l’horizon.


Du point de vue constitutionnel, Duplessis exige le respect intégral du pacte confédératif. Il affirme que les provinces ne doivent pas dépendre des subsides du fédéral. Il se dit l’héritier de Mercier et de Gouin. Durant son deuxième mandat, de nombreuses conférences fédérales-provinciales eurent lieu. Duplessis se fait le champion de l’autonomie provinciale. Il revient avec la taxe directe du gouvernement fédéral qui avait «emprunté» pour le temps de la guerre la taxation directe (impôt sur le revenu). Le fédéral décide de conserver ce pouvoir de taxation en offrant en compensation des subsides aux provinces. Il s’objecte fermement à l’intrusion du fédéral en matière de sécurité sociale et d’éducation. Au Québec, il rallie à sa position toutes les forces nationalistes dont la société Saint-Jean-Baptiste. À son retour de la conférence d’avril 1946, Duplessis est accueilli en héros par des milliers de personnes. Ottawa cherche à convaincre les provinces d’abandonner plusieurs pouvoirs fiscaux en échange d’une rente qui serait accordée aux provinces annuellement, selon le bon vouloir du ministre des Finances. Duplessis refuse cette concession.


Le gouvernement fédéral développe une nouvelle stratégie avec celle des ententes séparées selon la bonne vieille tactique de diviser pour régner. Seul le Québec refuse et tient bon. Duplessis décide d’innover devant l’impasse créée par les propositions fédérales.Il se prépare à instituer un impôt provincial. Cela va permettre d’affirmer le droit des provinces d'imposer un impôt sur le revenu. De longues discussions s’amorcent avec les provinces. Le premier ministre du Canada accepte de rencontrer le premier ministre du Québec à l’hôtel Windsor, le 5 octobre 1954. La rencontre est cordiale et les négociations se poursuivrent. Au début de 1956, le gouvernement fédéral accorde plusieurs mesures fiscales pour venir en aide aux provinces. De plus, il consent à une réduction de l’impôt fédéral de 10% pour les provinces qui voudraient percevoir un impôt provincial. Au Québec cette nouvelle entente est perçue comme une victoire de Duplessis. La voie est tracée pour de futures ententes.


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Duplessis et l’autonomie provinciale


L’autonomie devient l’un des chevaux de bataille les plus importants de la carrière politique de Duplessis. L’autonomie n’est pas un concept subversif comme le séparatisme, mais au contraire légitime et permis par la constitution canadienne. Pour lui cette dernière comporte trois volets : la langue française et ses traditions, la religion catholique et le statut distinctif du Québec. Initiée par Honoré Mercier, la notion d’autonomie est ranimée par Duplessis avec succès. Cette doctrine devient inséparable de l’Union nationale. Durant le long règne de Duplessis, la question des taxes porte à la controverse avec la plupart des questions fédérales-provinciales.


Lorsque le gouvernement libéral de Louis Saint-Laurent établit une commission royale sur les Arts, les Lettres et des Sciences au Canada, Duplessis institue sa propre commission d’enquête sur les affaires constitutionnelles présidée par son ami le juge Thomas Tremblay. La Commission Massey dépose un rapport où on recommande, entre autres, l’aide fédérale aux universités canadiennes. De longues négociations s’amorcent entre les deux niveaux de gouvernement. Duplessis se montre hostile au financement fédéral, parce qu’il ne donne pas suite à ses demandes répétées de subventionner les collèges classiques. En fin de compte, il avise le gouvernement fédéral qu’il refuse les subsides pour l’année 1953. À chaque année, le gouvernement fédéral propose au Québec des subventions que Duplessis s’empresse de refuser. En effet, il les considère comme une intrusion dans une compétence provinciale. Les sommes auxquelles la Province de Québec a droit sont mises de côté par le fédéral de 1953 à 1959. C’est le premier ministre Antonio Barette, deuxième successeur de Duplessis après le décès de Paul Sauvé, qui signe finalement une entente avec Ottawa. Avec le décès de Duplessis, c'est la disparition de l’autonomisme qui va faire place à un concept plus novateur : le nationalisme.


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Le clergé, l’Église et Duplessis


Par l’éducation qu’il avait reçue, Duplessis est profondément religieux. Une fois au pouvoir, il a un profond respect envers certains membres du haut clergé, tandis que d’autres doivent subir à l’occasion certaines formes d’humiliation dont Duplessis est particulièrement fier. Ainsi, il respecte le cardinal Villeneuve, archevêque de Québec et tient en estime son autorité. Il en est de même pour son successeur Mgr Maurice Roy. Le cardinal Léger a un statut spécial, car il dispose d’une indépendance financière qui le met à l’abri des suppliques continuelles au gouvernement. De plus, le cardinal Léger détient une influence importante au Vatican.


Par contre, certains évêques, comme Mgr Desmarais, évêque d’Amos, sont très près du pouvoir, s’en faisant même à l’occasion les propagandistes. Pour d’autres prélats que Duplessis trouve peu influents, il est parfois mesquin les faisant volontiers attendre dans son antichambre. Duplessis est partisan de l’autorité et en l’Église qui l’exerce. Au Québec, le catholicisme est puissant et absolu. Le premier ministre accepte volontiers le rôle de l’Église dans l’éducation et les soins hospitaliers. Ainsi, celle-ci joue un rôle majeur dans la structure sociale du Québec en assurant la survivance de la langue française et de la religion catholique. Pour le gouvernement de l’Union nationale, le rôle important joué par l’Église dans la société québécoise lui permet d’économiser, les communautés religieuses devant se contenter de sommes dérisoires pour leurs oeuvres.


Dans un cas bien connu, Duplessis fait jouer son influence à Rome pour se débarrasser de Mgr Charbonneau évêque de Montréal. Celui-ci ose soutenir les mineurs d’Asbestos en grève. Plusieurs évêques appuient Duplessis dans la lutte qui s’amorce contre Mgr Charbonneau. En février 1949, la grève est déclarée à Asbestos par 2000 ouvriers.Comme les ouvriers refusent l’arbitrage tel que stipulé par la loi, Duplessis déclare la grève illégale et envoie un contingent de policiers provinciaux pour rétablir l’ordre. En avril, la violence éclate, des policiers et des grévistes sont blessés. La loi de l’Émeute est lue et plus de cent personnes sont arrêtées. Pour plusieurs, cette grève est vue comme une des premières manifestations du mouvement de libération des Québécois envers un système politique sclérosé qui a fait son temps. Mgr Charbonneau, dans un discours percutant, dénonce du haut de la chaire «un complot pour détruire la classe ouvrière». De plus, il organise une quête spéciale pour venir en aide aux grévistes. Devant ces faits, Duplessis et même plusieurs évêques du Québec sont offusqués. Mgr Courchesne, évêque de Rimouski, est chargé par Duplessis de coordonner les efforts pour se débarrasser de l’évêque de Montréal. Duplessis fournit même des fonds pour que l’opération donne des résultats positifs. Toujours est-il qu’en février 1950, Mgr Charbonneau démissionne et est envoyé en exil à Victoria en Colombie-Britannique, où il agira comme simple aumônier dans un couvent. Mgr Paul-Émile Léger, intime de Pie XII, est nommé nouvel évêque de Montréal.


Les évêques du Québec apprennent ainsi que Duplessis n’abdiquera jamais ses prérogatives temporelles au profit de la hiérarchie cléricale. Les rapports entre le cardinal Léger et Duplessis sont plutôt tièdes et chacun garde ses distances. Ainsi, Duplessis prend bien garde de transformer les grandes cérémonies comme les dévoilements de monuments, inauguration d’hôpitaux et autres cérémonies où les deux se trouvent réunis, en assemblées électorales. La majorité des membres du haut clergé préfèrent Duplessis parce qu’il se proclame ouvertement catholique et laisse à l’Église toute la place qu’elle désire dans la société québécoise. En somme, il existe une alliance entre les deux puissances de l’Église et de l’État, mais jamais l’État ne se soumet au dictat de l’Église sous Duplessis.


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Duplessis et le développement économique


Après la guerre, le Québec est développé à tous les points de vue. Duplessis compte sur l’Église pour s’occuper de l’éducation et des affaires sociales avec une intervention minimale de l’État. De même, le gouvernement de l’Union nationale se fie sur les capitaux étrangers pour industrialiser le Québec, toujours avec une intervention minimaliste de l’État. Il n’est donc pas question du «maître chez nous» que la Révolution tranquille apporte la décennie suivante. Ainsi, Duplessis renonce rapidement à faire l’acquisition des compagnies de pouvoir hydroélectrique à cause des lourds emprunts que cela nécessiterait. C’est le développement de la Côte Nord avec ses mines de fer qui est le principal domaine où Duplessis avec les capitaux étrangers veut développer le Québec. Durant les années 50, son gouvernement est accusé maintes fois d’avoir vendu la Côte-Nord aux exploiteurs étrangers. Le gouvernement Duplessis en profite directement par le patronage et l’enrichissement de sa caisse électorale.


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Duplessis et la société québécoise


Toute sa vie Duplessis fait de grands efforts pour laisser croire qu’il n’a pas lu un seul livre et qu’il n’a aucun intérêt pour la culture. Pourtant il se passionne pour la lecture, notamment pour les biographies. Il aime également beaucoup la peinture dont il est un collectionneur reconnu par ses pairs. Il fait graduellement perdre de l’importance à la fonction de lieutenant-gouverneur pour prendre une place de plus en plus grande dans les cérémonies officielles où le drapeau du Québec a toujours la place d’honneur. En général, les Québecois se retrouvent en lui durant les années cinquante. Il est souvent magnanime envers d’anciens adversaires. C’est ainsi qu’il sauve la ferme expérimentale de Godbout d’une banqueroute certaine. Par contre, il n’a pas une très grande estime pour Jean Lesage, le nouveau chef du Parti libéral dont l’allure hautaine et le style ampoulé sont tout à fait contraires à l’image que Duplessis aime se donner.


Duplessis croit profondément en deux choses: L’Église catholique et le Québec. Il a une haute idée sur la mission des Canadiens français. Sa mort va permettre l’éclosion d’une véritable révolution qui est déjà en marche durant les dernières années de son long règne. C’est l’Église qui la première subira les conséquences de cette révolution. Duplessis parti, l’Église qui détenait depuis près de quatre siècles un rôle prépondérant en éducation et dans les hôpitaux doit céder la place à la laïcité.


Duplessis meurt subitement à Schefferville le 7 septembre 1959 pendant un voyage avec des hommes d’affaires. L’heure est maintenant aux changements.


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