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Jean Lesage et la Révolution Tranquille


L'Église dépouillée de ses pouvoirs

L'État et la réforme de la fonction publique

La réforme de l'éducation

La nationalisation de l'électricité

La survivance culturelle

L’État devient un levier dans l’affirmation économique du Québec

Les services de santé et le domaine social

Conclusion



Jean Lesage (1912-1980)



Jean Lesage est né à Montréal le 10 juin 1912. Il fait ses études au séminaire de Québec et en droit à l’université Laval. Il est admis au barreau le 10 juillet 1934. Il est d’abord élu député libéral à la Chambre des communes dans le comté de Montmagny-L’Islet, en 1945. En 1953, il est nommé ministre des Ressources naturelles et du Développement économique dans le cabinet de Louis Saint-Laurent. Par la suite, il devient ministre du Nord canadien jusqu’en1957 au moment de la défaite du Parti libéral. .


En 1958, Jean Lesage appuyé par plusieurs amis libéraux fédéraux songe à se présenter comme chef du Parti libéral. Paul-Émile Lapalme alors chef du parti a de la difficulté à affirmer son autorité. Mais Lesage sait pertinemment qu’il ne pourra être élu que si Lapalme se retire ou encore mieux l’appuie. Après plusieurs hésitations et voyant que le vent ne lui est plus favorable, Lapalme fait savoir à Lesage qu’il va finalement l’appuyer. L’aspect financier restait à être finalisé. Après consultations avec des financiers de Montréal, on promet à Lesage une somme de 25 000$ par année en attendant son élection à l’Assemblée législative. Dans une brève campagne où il doit affronter Gérin-Lajoie, Jean Lesage est facilement élu chef du Parti libéral du Québec.


Immédiatement, Lesage forme un comité des finances et limite les pouvoirs du trésorier. C’est avec le scandale du gaz naturel qui éclabousse l’Union nationale que le nouveau chef du Parti libéral peut espérer une victoire aux prochaines élections. Avec la mort subite de Duplessis et l’arrivée au pouvoir de Paul Sauvé, Lesage voit les chances d’une victoire libérale diminuée dangereusement. Cependant, le sort devait en décider autrement. Paul Sauvé décède à son tour subitement après à peine cent jours au pouvoir.


Lesage reprend l’offensive avec son slogan «C’est le temps que ça change ». Les sondages sont toutefois peu encourageants pour son parti. Il faut donc trouver un élément qui pourrait permettre une victoire libérale. Étrangement, c’est Paul-Émile Lapalme qui va se démarquer davantage comme auteur du programme libéral. Après quelques changements mineurs, Lesage l’approuve. Ce nouveau programme propose la création de nouveaux ministères dont un ministère des Affaires culturelles. On veut également mettre fin au patronage. L’Union nationale maintenant dirigée par Antonio Barette ne propose aucun programme précis. Le Parti libéral compte sur une équipe forte dont une toute nouvelle recrue : René Lévesque. Rapidement, ce dernier devient la plus grande «vedette» du groupe.


Le Parti libéral est élu en 1960, remportant 51 sièges sur 95 et 51% du vote populaire. Jean Lesage devient le nouveau premier ministre du Québec avec ce que l'on surnommera l'équipe du tonnerre. C’est alors que commence une période clé de l’histoire du Québec. Il est intéressant d’analyser quelques aspects du renouveau dans la société québécoise.


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L’Église dépouillée de ses pouvoirs


Le changement le plus drastique se produit avec la dépossession des pouvoirs de l’Église dans la société québécoise. C’est un tournant majeur dans l’évolution de cette collectivité. Alors que dans bien des pays, l’avènement de la société laïque a donné lieu à des tensions sociales très fortes voir à des conflits armés, ici rien de tout cela. L’Église s’est retirée sans faire de vagues. Il faut préciser que cette époque coïncide avec une remise en question du rôle de l’Église à l’échelle mondiale avec le concile Vatican II. Désormais, les francophones s’affirment comme Québécois. L’Église devient étrangère au nouveau projet de société que les Québécois élaborent dans l’euphorie.


C’est pourtant un membre influent de l’Église, Mgr Alphonse-Marie Parent, recteur de l’université Laval, qui est nommé président de la commission d’enquête qui va proposer la réforme de l’éducation. Les évêques constatent qu’après avoir dominé pendant trois siècles les principales institutions de la société, l’évolution du Québec peut se faire sans l’Église. Celle-ci, à la consternation de beaucoup de catholiques, n’a plus le leadersphip moral des siècles passés. On assiste à la chute de la pratique religieuse qui passe rapidement de 60% à 30% pour se situer quelques années plus tard autour de 10%.


La débandade est aussi importante dans le clergé. Des centaines de prêtres, de religieux et religieuses demandent la laïcisation. À ce problème déjà crucial se rajoute celui du recrutement. C’est ainsi que les communautés religieuses peuvent très difficilement trouver de nouvelles vocations. Le vieillissement des effectifs religieux et l’absence de nouvelles recrues vont précipiter la fin de l’influence du clergé et le réalignement de son rôle dans la société. La voix des évêques se fait de plus en plus discrète. Le rôle de l’école par rapport à la formation religieuse change avec la laïcisation du monde scolaire. En somme, la société québécoise s’est coupée de la racine qui a assuré sa survie pendant quelques siècles. Ce sont maintenant des valeurs nouvelles qui prennent la place graduellement. C’est l’État qui assure la survivance de la collectivité autant dans les domaines sociaux qu’économiques.


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L’État et la réforme de la fonction publique


Un des premiers gestes importants du nouveau gouvernement est de rétablir la Commission de la fonction publique. En 1960, il n’y a ni concours publics ni de critères sérieux pour l’embauche des fonctionnaires. La nouvelle commission s’attache à la tâche du classement des postes de la fonction publique et l’organisation de concours publics.


Il faut alors s’attaquer à l’embauche d’un personnel mieux qualifié. Les principales sources de recrutement demeurent alors les facultés de sciences sociales de l’Université Laval et de l’Université de Montréal. Des personnes compétentes sont recrutées, telles Josaphat Brunet de la GRC, nommé directeur de la Police provinciale, et de l’historien Guy Frégault, nommé sous-ministre des Affaires culturelles.


L’État doit faire face à un autre grave problème. En effet, comme les conditions de travail de la fonction publique sont à ce moment fixées par le cabinet des ministres, les syndicats exigent des changements importants. Dès 1960, la CSN demande la syndicalisation de la fonction publique. Lesage refuse net et rappelle le principe britannique : la reine ne négocie pas avec ses sujets. Le débat s’élargit et René Lévesque donne son appui à la syndicalisation de la fonction publique. En mai 1964, le débat approche de son dénouement. Dans un premier temps, le droit de grève est enfin accordé aux employés des hôpitaux, des écoles publiques et autres services parapublics, mais toujours refusé aux fonctionnaires. Ce n’est qu’en août 1966, que l’ensemble de la fonction publique obtient le droit d’association. Les effectifs de la CSN passent de 94,114 membres à 200,436. Le patronage est mis à l’index. Les conditions de travail et les salaires devenant meilleurs, le recrutement d’une fonction publique plus professionnelle se met en place. Le gouvernement Lesage a jeté les bases d’un État moderne. L’État voit ainsi son rôle s’accentuer dans l’affirmation du peuple québécois.


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La réforme de l’éducation


Pour Jean Lesage et le Parti libéral, l’éducation demeure la principale préoccupation. Ainsi dans son programme de 1960, le Parti libéral s’engage à fournir l’enseignement gratuitement à tous les niveaux, l’université comprise. L’âge de la fréquentation scolaire obligatoire sera porté de 14 à 16 ans. De plus, le gouvernement absorberait les dettes des commissions scolaires. Mais il n’est pas encore question d’un véritable ministère de l’Éducation. Historiquement, l’éducation a toujours été l’affaire de l’Église.


Depuis 1867, l’éducation est sous l’autorité d’un Conseil de l’Instruction publique . En 1875, le gouvernement de Charles Boucher de Boucherville permet aux évêques de siéger au Conseil renforçant ainsi la mainmise de l’Église sur l’éducation. Il y a bien eu un ministère de l’Instruction publique, mais il n’agit que sur les ordres du Conseil de l’Instruction publique. Aucun gouvernement n’ose contester l’autorité de l’Église en ce domaine. Il faudra attendre le gouvernement libéral de Godbout dans les années 40 pour qu’une législation impose la fréquentation scolaire obligatoire. Le gouvernement Duplessis prit position en faveur de l’autorité de l’Église en cette matière. Les subventions accordées aux commissions scolaires et aux collèges privés furent intégrées aux pratiques du patronage. À la fin du régime de Duplessis, le nombre de Canadiens français qui fréquentent l’école pendant onze ans est inférieur de la moitié de celui des anglophones du Québec.


C’est à Paul Gérin-Lajoie que l’on doit la grande réforme scolaire. Arthur Tremblay, l’une des vedettes montantes dans le monde de l’éducation, propose la création d’un ministère de l’Éducation. Il est d’ailleurs nommé conseiller spécial du nouveau ministre de la Jeunesse de qui relevait l’éducation dans le gouvernement du Québec. Le cardinal Léger, plus ouvert aux réformes que d’autres évêques, conseille fortement à Gérin-Lajoie de prendre l’initiative de la réforme.


Le geste le plus important du ministre est la création de la Commission royale d’enquête sur l’éducation sous la présidence de Mgr Alphonse-Marie Parent, recteur de l’Université Laval. Outre Mgr Parent, la commission comprend sept membres tous des personnalités reliées au monde de l’éducation. La plus importante question que doit étudier la commission est la création d’un ministère de l’Éducation. Un débat très vif s'engage.Jean Lesage, dans la tourmente, promet dans une allocution demeurée célèbre qu’il n’y aura jamais de ministère de l’Éducation tant qu’il sera premier ministre. Le Conseil de l’Instruction publique, sentant son existence en péril, propose même l’élargissement de l’autorité du Conseil de manière à ce qu’elle s’étende à toutes les formes de l’éducation. En plus de recevoir des mémoires, la Commission voyage beaucoup à l’étranger examinant les différents types de régimes scolaires. La commission se rend compte rapidement qu’il est impossible de conserver un régime scolaire confessionnel.


En avril 1963, la Commission présente un premier volume où elle recommande la création d’un ministère de l’Éducation. Face à un tel avis, le gouvernement se sent coincé. En effet, Jean Lesage ne veut pas indisposer la hiérarchie de l’Église. Le projet de loi est présenté à Mgr Roy, archevêque de Québec. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Église reçoit froidement cette réforme majeure. En juin, le gouvernement présente la loi 60 que l’on veut faire voter avant la fin de la session. Cependant, Jean Lesage décide d’ajourner le débat et demande à Gérin-Lajoie de partir en mission à travers le Québec pour vendre son projet auprès de la population. La loi est finalement votée et entre en vigueur le 13 mai 1964. En septembre, le gouvernement met en branle l’opération 55 pour la création de 55 commissions scolaires d’enseignement secondaire. La réforme se poursuit à une vitesse vertigineuse. Les polyvalentes se construisent dans tout le Québec. Tout le monde a maintenant la chance de faire un cours secondaire public. «Qui s’instruit, s’enrichit» répète le slogan du Ministère de l’Éducation. Un système d’enseignement postsecondaire permettant l’accès à l’université est suggéré. Il sera connu sous le nom de CÉGEP. Le mouvement est lancé. Ce sera le gouvernement de l’Union nationale de Daniel Johnson qui finira la réforme.


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La nationalisation de l’électricité


L’Hydro-Québec tient une place particulière dans l’histoire du Québec et de son affirmation nationale. Avec la réforme de l’éducation, c’est un des événements les plus importants de cette période exaltante de notre histoire. C’est la concrétisation par excellence du slogan des élections de 1963 qui ont comme enjeu la nationalisation de cette richesse naturelle.


Remontons un peu dans le temps pour connaître les principales étapes qui ont créé cette institution nationale. Née, en 1944, d’une loi votée par le gouvernement Godbout, l’autorisation d’exproprier la Montréal Light Heat & Power et créant l’Hydro-Québec se limitait à la région métropolitaine, le reste du territoire étant la propriété de compagnies privées et de quelques coopératives. L’idée de nationaliser l’hydroélectricité n’est pas nouvelle, puisque dans les années 1930, des personnalités comme le Dr Hamel et Paul Gouin avaient lancé une vaste offensive à ce sujet.


C’est à René Lévesque que l’on doit l’idée d’une nationalisation des sept compagnies privées qui couvrent l’ensemble du reste du territoire. René Lévesque pose cette nationalisation comme condition de sa candidature aux élections de 1962. Pour lui, les ressources naturelles appartiennent au peuple québécois. Dès le début, il avertit les capitalistes étrangers que le gouvernement entend exploiter les ressources naturelles selon ses priorités. C’est un outil de planification indispensable à une société moderne. De plus, une entreprise publique mettrait fin aux disparités régionales et entraînerait la francisation de ce secteur industriel.


Le gouvernement songe à négocier un achat plutôt que de recourir à l’expropriation, plusieurs ministres refusant d’appuyer cette action. René Lévesque doit revenir à la charge en plusieurs occasions, afin de convaincre le conseil des ministres. Il se lance à la conquête de l’opinion publique. À mesure que Lévesque poursuit sa campagne publique, la pression monte. Les compagnies s’opposent vigoureusement à tout projet de nationalisation en menaçant même d’en rendre le financement impossible. René Lévesque et ses conseillers se tournent alors vers les États-Unis pour sonder le terrain et voir s’il serait possible d’emprunter 225 millions. Devant la réponse affirmative des milieux financiers américains, il ne reste qu’à convaincre l’ensemble du Conseil des ministres. À la réunion du Lac à l’Épaule, Jean Lesage accorde finalement son appui au projet et convoque des élections de manière à recevoir l’approbation du peuple. Le slogan «Maître chez nous» devient le principal outil promotionnel des élections générales du 14 novembre 1962. Un vent de victoire souffle tout au cours de la campagne électorale. Aux élections, le vote populaire en faveur des libéraux passe de 51% à 56%. Ces derniers font élire 63 députés, dont tous les membres du cabinet.


Après les élections, les évènements se précipitent : La somme totale de la nationalisation s’élève à 604 millions dont la moitié doit être payée comptant. Le premier résultat concret de la nationalisation est la prise en charge par des Canadiens français de la plupart des postes importants autrefois occupés par des anglophones. L’Hydro-Québec est maintenant en mesure de jouer un rôle majeur sur la scène économique du Québec.


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La survivance culturelle


Pour Georges-Émile Lapalme, rédacteur du programme libéral, «C’est par notre culture plus que par notre nombre que nous nous imposerons». En 1960, Jean Lesage considère qu’il est important de créer un ministère des Affaires culturelles. En mai 1961, le gouvernement Lesage présente à l’Assemblée législative le projet de loi créant le nouveau ministère. Avec la création d’un Office de la langue française qui veillera à la correction et la protection de la langue française on met en place des instruments qui vont en permettre l’épanouissement. Georges-Émile Lapalme devient le premier titulaire du nouveau ministère. Celui-ci prend en charge les Archives provinciales, le Musée provincial, la Bibliothèque Saint-Sulpice, la Commission des monuments historiques et le Conservatoire de musique et d’art dramatique. L’historien, Guy Frégeault, est choisi comme sous-ministre. L’Office de la langue française prend une importante décision au niveau symbolique en bannissant le mot province de Québec pour le remplacer par État du Québec.


Cependant, la principale fonction du ministère demeure la distribution de subventions aux différents organismes culturels. C’est là que les conflits entre Lesage et Lapalme prennent naissance. Ce dernier, dont l’administration n’était pas la qualité première, croit, à tort, qu’une fois le budget de son ministère approuvé il peut en disposer à sa guise. C’est sans compter sur l’étroite surveillance exercée par les représentants de la Trésorie qui examinent soigneusement tous les achats de son ministère. Il est tellement outré du peu de considération que lui porte Jean Lesage qu’il décide de démissionner en 1964. Pierre Laporte lui succède. Il a plus le sens de l’organisation et défend mieux ses dossiers face à la Trésorie. Ce ministère va aider fortement à l’affirmation nationale du peuple québécois.


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L’État devient un levier dans l’affirmation économique du Québec


En 1960, au niveau économique on doit d’abord constater selon Jacques Parizeau un vaste sentiment d’impuissance.Premièrement on assiste au vieillissement de nos structures industrielles. Si les forces du marché ne corrigent pas la situation, il faut une intervention d'urgence de l’État. En deuxième lieu, les francophones ne jouent aucun rôle important. Encore une fois, l’État doit devenir le moteur économique qui va permettre aux francophones d’occuper la place qui leur revient. Pour Lesage, le principal agent de la croissance économique doit être le ministère des Ressources naturelles.


La Société générale de financement est créée en 1962. Elle a pour mission de contribuer au développement économique du Québec en investissant dans des entreprises québécoises pour établir des partenariats rentables et durables. La SGF doit également permettre aux Canadiens français de devenir graduellement maîtres de l’économie québécoise. Dans ces premières acquisitions, elle achète surtout des entreprises familiales. Parmi celles-ci, on ne peut passer sous silence l’achat de la Marine Industries qui appartient à la famille Simard. Cette entreprise de construction navale est en difficultés financières. En somme, certains achats furent rentables et d’autres beaucoup moins.


La Caisse de dépôt et placement créée en 1965 doit servir de gestionnaires des fonds par la Régie des rentes du Québec. Après de longues et pénibles négociations avec le gouvernement fédéral, Jean Lesage présente un projet si bien fait que le premier ministre Pearson déclare que le plan du Québec est supérieur à celui du gouvernement fédéral.


La Caisse doit faire fructifier l’avoir des déposants tout en favorisant le développement économique du Québec. Les premiers achats de la Caisse sont surtout constitués d’obligations du Québec et d’Hydro-Québec. Les placements de la Caisse servent à financer le développement de Churchill Falls au Labrador. Elle devient rapidement l’investisseur institutionnel le plus important du Canada. D’autres institutions sont fondées au cours des années soixante comme la SIDBEC (Sidérurgie québécoise) et la SOQUEM (Société québécoise d’exploitation minière). Cette époque marque l’affirmation des francophones québécois dans le domaine économique.


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Les services de santé et le domaine social


En 1961, un grand pas est franchi au niveau social au Québec avec l’instauration de l’assurance-hospitalisation. Nouvellement élu, le gouvernement Lesage décide d’agir rapidement dans le dossier de l’assurance-hospitalisation que réclame fortement la société québécoise. Les médecins sont très majoritairement contre cette mesure sociale. Le gouvernement qui paie maintenant l’hospitalisation exige le contrôle sur l’usage des fonds publics et prend conscience de l’incohérence du système existant : duplication de services, mauvaise répartition des établissements, chasse gardée de quelques hôpitaux au profit de quelques médecins, etc.


On assiste à des changements radicaux dont en tout premier lieu la syndicalisation des employés d’hôpitaux à la suite d’une longue période d’exploitation. Mais la transformation la plus importante est la laïcisation du personnel. En effet, la majorité de nos hôpitaux étaient la propriété de communautés religieuses. Les effectifs religieux étant en forte baisse et les communautés religieuses habituées de s’autogérer sans contrôle gouvernemental, tout cela incite celles-ci à se retirer du domaine hospitalier. Les religieuses travaillaient pour des salaires très faibles. Leur disparition dans le domaine hospitalier fait grimper les budgets de façon vertigineuse. En 1966, le gouvernement libéral met sur pied la Commission Castonguay qui doit faire des recommandations sur la rémunération des médecins. Ce n’est qu'en 1969, que sera finalement instituée l’assurance-santé, au mécontentement des médecins. C’est un pas décisif dans la réorganisation du domaine de la santé au Québec. C’est en définitive une réforme majeure qui accompagne les réformes faites dans d’autres domaines et qui ont contribué à changer profondément la société québécoise.


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Conclusion


Jean Lesage demeure premier ministre jusqu’à la défaite du Parti libéral aux élections de 1966. Il est chef de l’opposition de 1966 à 1970.Suite à sa démission comme chef du Parti libéral, il occupe le poste d’administrateur de plusieurs compagnies. Il décède à Sillery le 12 décembre 1980 à l’âge de 68 ans.


Cette période clé dans l’histoire du Québec voit des changements se produirent dans tous les domaines du vécu de la société québécoise: réforme du système de l’éducation, assurance-hospitalisation, nouvelle fonction publique, nationalisation du réseau d’électricité, ouverture sur le tiers monde. La société québécoise trouve son identité et se donne des outils pour entrer dans la modernité.

Avec la Révolution tranquille, le nationalisme redevient un trait dominant de la politique québécoise. Jean Lesage a le génie de se servir de cette nouvelle force pour l’incorporer dans le champ d’action gouvernemental. Nous avons souligné plus haut les effets tangibles de la Révolution tranquille. Il y a également des effets à plus long terme. Le gouvernement Lévesque prendra le relais autour d’un projet national d’indépendance. Même si le projet de Lévesque ne s'est pas réalisé, il n’en demeure pas moins que la Révolution tranquille marque un pas décisif dans la recherche d’une identité nationale.


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