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Robert Bourassa et le retour du Parti libéral



Robert Bourassa (1933-1996)


Les années 70 voient l’arrivée de Pierre Elliot Trudeau comme premier ministre du Canada. Il propose un fédéralisme renouvelé avec un gouvernement central fort. Pour lui, le Canada est formé d’une multitude de cultures dont la culture française fait partie au même titre que les autres. Il s’oppose fortement à accorder plus de pouvoirs au Québec.


Pour leur part, les indépendantistes, dont René Lévesque, s’objectent totalement à un tel régime. En 1968, le MSA (Mouvement souveraineté association) de René Lévesque et le RIN se fusionnent et fondent le Parti québécois. Entre 1963 et 1970, le FLQ fait exploser une centaine de bombes dans des endroits publics. De plus, en 1970, la conjoncture économique est mauvaise et le mécontentement dans la population est en hausse. Des différends linguistiques apparaissent entre les francophones et les non-francophones au sujet de la langue d’enseignement. Les premiers s’inquiétent que la grande majorité des immigrants choisissent la langue anglaise comme langue d’enseignement, tandis que les deuxièmes désirent conserver le libre-choix de la langue d’enseignement.


C’est dans ce contexte que Robert Bourassa est élu premier ministre aux élections de 1970. Ce jeune économiste commence sa carrière comme professeur à l’Université d’Ottawa. Il est diplômé en droit de l’Université de Montréal ainsi qu’en science économique et droit financier d’Oxford et de Harvard. Il devient conseiller spécial auprès du Ministère fédéral des finances.Très rapidement, il est recruté par le Parti libéral et se fait élire comme député dans le comté de Mercier, en 1966. Il est élu chef du Parti libéral, le 17 janvier 1970. Son ascension fut rapide et sans équivoque.


La Crise d’octobre marque définitivement son avenir politique. En effet, le FLQ imitant les mouvements terroristes sud-américains, décide d’enlever le diplomate James. C. Cross suivi, quelques jours plus tard par l’enlèvement du ministre Pierre Laporte. Profitant des circonstances, le gouvernement fédéral décide d’appliquer la loi des mesures de guerre qui permet aux policiers d’effectuer des perquisitions sans mandat et d’incarcérer toute personne suspectée d’appartenir au FLQ. Près de 500 personnes sont arrêtées, pendant que l’armée occupe la ville de Montréal. Durant cette période, le gouvernement du Québec est littéralement mis sous tutelle par le gouvernement fédéral. Bourassa et son gouvernement se réfugient dans un hôtel de Montréal sous la garde de l’armée. Ce manque de leadership va causer bien des problèmes au gouvernement libéral.Après ces évènements, Bourassa veut un gouvernement très low profile qui se fond dans la masse des gouvernements provinciaux. Il insiste pour que tous ses déplacements à l’extérieur soient reconnus comme des missions à caractère essentiellement économique. Au Québec, comme dans le reste de l’Occident, les hausses du taux de chômage et du coût de la vie vont produire une grave crise économique.


Le gouvernement Bourassa se veut résolument fédéraliste et tient à le démontrer en agissant en tant que gestionnaire prudent d’un gouvernement provincial. Mais l’heure de vérité approche. Trudeau reprend l’initiave des pourparlers qui régleraient définitivement la question constitutionnelle. Ottawa se prépare à offrir au Québec un «package deal» que le gouvernement du Québec ne pourrait refuser.


Pour le gouvernement fédéral, il faut cesser d’exiger une réforme globale. Dans ce nouveau texte, on retrouve des dispositions sur le rapatriement de la constitution canadienne, une formule d’amendement, les droits linguistiques, les disparités régionales, le Sénat, le pouvoir judiciaire et les relations internationales. Trudeau veut profiter du momentum et faire vite. Cette offre d’Ottawa ne comprend rien sur la plus importante des priorités du Québec : le partage des pouvoirs. Dans un souci d’efficacité qui tranche avec ses prédécesseurs, Bourassa veut régler la question d’une façon, à son point de vue, efficace et rapide. Finies les négociations perpétuelles.Une nouvelle conférence fédérale-provinciale est prévue pour février 1971.Bourassa insiste pour que la politique sociale soit inscrite dans la réforme constitutionnelle. Ottawa refuse obstinément de se retirer du domaine social comme les allocations familiales. Devant la levée de boucliers causée par les offres du fédéral, entre autres de la part du Parti québécois et de Claude Ryan directeur du Devoir, Bourrassa se voit forcé de refuser la proposition fédérale parce que celle-ci ne prévoit pas la primauté du gouvernement du Québec en matière sociale. Bourassa songe alors à des arrangements administratifs.


Le règne de Bourassa est marqué par quelques législations importantes dont l’assurance-maladie, le régime des allocations familiales du Québec, l’aide juridique et la Chartre québécoise des droits. Pour affirmer l’identité culturelle du Québec, Bourassa prône la souveraineté culturelle.Une nouvelle controverse éclate entre Québec et Ottawa. Pour le gouvernement du Québec un des points majeurs de la souveraineté culturelle est la langue d’enseignement et de communication. C’est dans cet esprit que le gouvernement fait adopter une loi sur la langue officielle. En faisant du français la langue officielle du Québec, cela confirme qu'il n'est plus officiellement bilingue. La loi soulève le mécontentement à la fois chez les francophones, qui trouvent qu’elle ne va pas assez loin, et chez les anglophones, qui y voient une atteinte à leurs droits.


Bourassa croyait à l’existence d’un peuple québécois, mais il n’en fait jamais son cheval de bataille. Il désirait gérer le mieux possible une province. Il ne veut aucunement proposer de nouveaux horizons à ses concitoyens. Bourassa, à l’encontre de ses prédécesseurs, faisait face à un parti politique qui propose la souveraineté politique d’où son nouvel objectif de souveraineté culturelle qui ne suscite cependant pas l’adhésion des Québécois.


La question linguistique, le mauvais climat social, les nombreux conflits syndicaux, la montée grandissante de l’idéologie souverainiste, le mécontentement des anglophones, tout cela va causer la défaite électorale du Parti libéral aux élections de novembre 1976, amenant ainsi au pouvoir un gouvernement indépendantiste.



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