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Pierre Bourgault et l'indépendance du Québec



Pierre Bourgault (1934-2003)



Pierre Bourgault a incarné pendant trois décennies l’idée d’indépendance du Québec à l’état pur et sans compromis. Cet être, unique dans nos annales politiques, est un homme de contraste, réunissant ce qu’il y a de plus noble de l’élite politique de son époque tout en étant un être qui détestait la critique.


Natif de East Angus, dans les Cantons de l’Est, dans un village à majorité anglophone, Bourgault a ressenti très jeune la nécessité de s’affirmer pour défendre sa langue. Étudiant chez les jésuites de Montréal, il met fin à ses études classiques dès sa première année de philosophie. Il n’aura par conséquent jamais son baccalauréat. Très tôt, il trouve le moyen de s’exprimer en travaillant dans plusieurs stations de radio à Trois-Rivières, Sherbrooke, Ottawa et finalement Montréal. Puis, il travaille quelques années comme régisseur à Radio-Canada où son mauvais caractère se manifeste régulièrement. En parallèle, il fait sa marque comme grand reporter à La Presse.


En 1960, c’est la Révolution tranquille au Québec qui entre en scène. La jeunesse est à la recherche d’un leader et trouve en Pierre Bourgault celui qu’elle attendait. En 1964, il devient président du RIN (Rassemblement pour l’indépendance nationale). Bourgault est doué d’une éloquence remarquable. Il fait époque. Ses interventions sont multiples et percutantes. Il n’a pas de maître à penser comme le Chanoine Groulx ou Maurice Séguin. Il constate l’anglicisation de Montréal et réagit avec force par le biais du nationalisme.


En 1968, à la suite de la fondation du MSA de René Lévesque, il décide de saborder son parti et de se rallier au nouveau mouvement souverainiste. Il constate que c’est la seule façon de prendre le pouvoir. Puis le RN, mouvement séparatiste de droite, se joint également au MSA qui devient le Parti québécois. Il est deux fois défait lors d’élections provinciales. Son implication politique va conduire Bourgault dans la misère. Heureusement, il reçoit l’aide de quelques amis, ce qui lui permet de survivre. Mais déjà ses relations avec René Lévesque sont difficiles, voire pénibles. René Lévesque craint comme la peste le radicalisme de Pierre Bourgault. Il lui met les bâtons dans les roues pour l'empêcher de se présenter comme candidat péquiste. Malheureusement pour Lévesque, Bourgault réussit à entrer à l’exécutif du parti. Au référendum de 1980, Bourgault ne fait pas partie de l’équipe du OUI, mais doit faire campagne seul avec l’aide de la société Saint-Jean-Baptiste.


Entre temps, Pierre Bourgault devient professeur à l’UQUAM en tant que spécialiste en communication. Bien qu’il soit en meilleur terme avec Jacques Parizeau, il refuse de joindre l’équipe du OUI au référendum de 1995 en imposant des conditions telles que Jacques Parizeau va refuser de se plier à ses exigences.


Mais que va-t-il nous rester de Pierre Bourgault ? Il est certain que c’est un être imbu de lui-même qui ne souffre pas la contradiction. Cependant, il a été un phénomène de la parole. On lui doit plus de 4000 discours. Il a certes influencé toute une génération d’étudiants et a puissamment participé à l’émancipation du Québec et à son cheminement vers une plus grande souveraineté. La déception de sa vie a été les deux échecs référendaires. Comme il le disait si bien lui-même, il a été «un homme de réflexion et de contemplation».


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