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Le premier mandat du gouvernement Lévesque (1976-1980) :l’apogée


La loi 101

Loi sur l'assurance automobile

Loi sur le zonage agricole

Fête nationale et le référendum de 1980



«...C’est tellement vite dans l’histoire d’un peuple. On n’est pas un petit peuple, on est peut-être quelque chose comme un grand peuple» (René Lévesque, le 15 novembre 1976). L’impossible vient de se réaliser. De façon inattendue, le Parti québécois remporte une victoire décisive au soir du 15 novembre 1976. Tous les espoirs sont permis, l’euphorie est généralisée.


La première tâche qui attend le premier ministre est la formation d’un conseil des ministres. Les talents sont nombreux et les susceptibilités tout autant.On y retrouve des noms prestigieux comme Jacques Parizeau, Camille Laurin, Lise Payette, Claude Charon, Claude Morin qui feront leurs marques comme ministres. Selon plusieurs analystes, c’est un des meilleurs cabinets que le Québec ait eus.


Celui-ci se met à l’oeuvre rapidement. Les problèmes à régler sont nombreux et le temps presse. L’un des premiers problèmes auxquels le nouveau gouvernement s’attaque est celui du financement politique. René Lévesque souhaite que cela devienne la loi numéro 1 de la session du printemps 1977. Mais à la consternation du premier ministre, il y a un blocus procédurier de la part du parti libéral.


Mais peu importe la procédure, la nouvelle loi a pour principe d’accorder aux seuls électeurs ayant droit de vote le droit de financer un parti politique jusqu’à concurrence de 3000 $ et cela déductibles d’impôt. L’état s’engage, par contre, à fournir aux partis politiques un montant de 0,25 $ par électeur. Des amendes sévères sont prévues pour les contrevenants. Malgré toutes les embûches de l’opposition, la nouvelle loi est votée au mois d’août 1977 et devient une référence dans le domaine. Les compagnies et les syndicats sont maintenant exclus du financement des partis politiques.


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La loi 101


C’est avec la loi sur la Chartre de la langue française que les combats sont les plus ardus. La loi 22 étant devenue inacceptable pour tout le monde, il faut agir. C’est Camille Laurin, psychiatre de Montréal et ardent défenseur de la langue française qui est chargé du dossier. Camille Laurin est une personne tenace qui ne craint pas la controverse. René Lévesque, pour sa part, déteste l’obligation de légiférer au sujet de la langue. Il s’y résout après bien des hésitations en constatant qu’il n’y pas d’autres issues.


La défense de la langue française réfère à la survie d’un peuple puisque cela marque son identité. Il faut donc accorder au français la première place tout en respectant les droits de la minorité anglophone. Il y a malheureusement un fossé socio-économique, les francophones étant tenus au second rang. De plus, comment accepter qu’une majorité laisse les immigrants s’intégrer à la minorité, c’est un non-sens.


Cependant, René Lévesque tient mordicus à maintenir intact le système scolaire anglophone, ce qui suscite de longs débats au conseil des ministres. Il y a une unanimité pour l’abolition du libre choix que défendent avec acharnement les libéraux.Le docteur Laurin soutient son projet avec détermination. Son ascendance intellectuelle s’impose. Le «doc»,comme on le surnomme, sait bien reconnaître en René Lévesque le microcosme du Québécois moyen avec tous ses complexes.


Essentiellement, cette loi assure la primauté de la langue française au Québec autant dans le milieu de travail que dans l’affichage. De plus, elle oblige les enfants des immigrants à fréquenter les écoles françaises, sauf pour les nouveaux arrivants du reste du Canada dont l’un des parents a fréquenté l’école anglaise. Cette législation est appuyée par la grande majorité de francophones. Elle devient un objet de fierté et réaffirme l’identité première des Québécois francophones. C’est un pas décisif dans l’affirmation nationale.


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Loi sur l’assurance automobile


Pour René Lévesque, l’intérêt général doit toujours primer sur l’intérêt particulier. C’est spécialement vrai dans le domaine de l’assurance où l’intérêt des compagnies d’assurances et des avocats a toujours prévalu. Voilà donc que le gouvernement Lévesque décide d’agir fermement en ce domaine. La nouvelle ministre, Lise Payette, est chargée du dossier. Là encore, les pressions internes et externes sont très fortes. Finalement, un livre blanc est publié où les grandes lignes de la loi sont établies. En premier lieu, le livre blanc propose une assurance universelle obligatoire couvrant les dommages corporels sans égard à la faute (no fault). Une deuxième assurance relevant des assureurs privés couvrira les dommages matériels.


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La loi sur le zonage agricole


Une autre législation va marquer le premier mandat du gouvernement Lévesque, à savoir la loi sur le zonage agricole. Cette fois-ci, la mission est donnée au ministre de l’Agriculture, Jean Garon. Elle a pour but de protéger les terres agricoles contre les spéculateurs.


René Lévesque tient particulièrement à faire voter cette loi le plus tôt possible. Jean Garon obtient finalement l’appui de l’UPA (Union des cultivateurs). Plusieurs cultivateurs qui désiraient vendre leurs terres sont très mécontents, car certaines fermes qui valaient à l’époque 350 000$ n’en vaudront plus que 150 000 $. Le premier territoire visé comprend 614 municipalités sur plus de 3000. C’est une autre loi dont les effets seront importants pour l’avenir du territoire du Québec.


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Fête nationale et le référendum de 1980


En 1977, René Lévesque demande à l’Assemblée nationale de proclamer le 24 juin Fête nationale du Québec. C’est un pas symbolique, mais une autre affirmation de l’identité spécifique du Québec.


Et puis, c’est le moment tant attendu par plusieurs : le référendum. Après de multiples réformes, le Parti québécois doit faire face à cet événement incontournable et qui est à la base de sa fondation. René Lévesque a retardé le plus possible cet ultime rendez-vous avec la nation, car il sait que les Québécois avec leur indécision naturelle ne sont pas prêts à faire le grand saut. Pierre Elliot Trudeau, après avoir annoncé son intention de démissionner, revient au pouvoir et est prêt à se battre contre les «séparatistes».


Le référendum est fixé au 20 mai 1980. Lévesque a comme principal objectif d’aller au moins chercher la majorité des voies chez les francophones. La campagne commence et déjà les tenants du Non ont recourt à la peur de l’inconnu comme cela c’était produit, en 1962, lors de la campagne pour la nationalisation de l’électricité. La campagne du OUI a du mal à décoller, car ses partisans ne voient pas la victoire à l’horizon.


Deux évènements viennent torpiller la campagne du OUI qui bat déjà de l’aile. Le premier est l’affaire des «Yvette». Lise Payette dans un discours a la malencontreuse idée de comparer, à tort, l’épouse de Claude Ryan, chef de l’opposion, à une Yvette. Ce prénom d’Yvette provenait d’un exemple tiré d’un manuel scolaire où Yvette est décrite comme une petite fille modèle qui fait le ménage, la vaisselle, etc. Bref,il s’agit du stéréotype de la femme parfaite des années 40. Inutile de dire que les libéraux ont vite fait de récupérer l’évènement et organisent deux immenses rassemblements pour les Yvette. Ceci a pour résultat de relancer la campagne du NON.


L’autre fait est l’entrée en scène de Pierre Trudeau dans la campagne. Le plus important de ces rassemblements a lieu, le 14 mai, au Centre Paul-Sauvé. Il y déclare : « Nous députés du Québec nous demandons aux Québécois de voter Non et nous avertissons les autres provinces que ce NON ne devra pas être interprété comme la preuve que tout va bien. Au contraire, c’est dans le but d’en arriver à changer les choses que nous mettons nos sièges en jeu». Mais quels changements ? Trudeau ne le dit pas...On verra plus tard quelles sont ses véritables intentions.


Malheureusement, les résultats sont accablants pour les tenants du OUI. En gros, 60% votent pour le NON et 40% pour le OUI. La victoire du NON allait avoir un coût politique.


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