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Le deuxième mandat (1981 -1985) : Le déclin


La crise est résolue, du moins temporairement

Le beau risque


Après un automne douloureux, le gouvernement, à la surprise générale, est reporté au pouvoir en faisant élire 80 députés sur 122. La tempête politique pointe à l’horizon.En novembre, Pierre Trudeau veut passer à l’action et convoque une ième conférence fédérale-provinciale ayant comme but ultime le rapatriement de la constitution accompagné d’une formule d’amendements. De plus, le projet fédéral inclut une chartre des droits et libertés ainsi que l’enchâssement du caractère bilingue du Canada dans la nouvelle constitution. Pour de multiples raisons et craignant avec raison l’intrusion du gouvernement fédéral dans les domaines de compétence provinciale, huit provinces décident de faire front commun contre le gouvernement fédéral. Le Québec accepte de céder son droit de veto contre un droit de retrait avec pleine compensation.Trudeau refuse catégoriquement ces propositions et charge son ministre de la Justice, Jean Chrétien, d’aplanir les difficultés pour en venir à un accord rapidement.


Trudeau lance une perche à Lévesque. En effet, il fait la proposition suivante : si les pourparlers ne débouchent pas, on aurait recours à un référendum où la population serait appelée ultimement à se prononcer. Lévesque accepte de relever le défi. Cependant, Trudeau n'a pas révélé les conditions préalables avant que l’on en vienne à un référendum. Lévesque s’aperçoit rapidement qu’il a mal manoeuvré. Dépité, il se retire avec sa délégation à Gatineau.


C’est alors qu’entre en scène Jean Chrétien, l’homme de main de Trudeau. Ce sera la «nuit des longs couteaux». En effet, Jean Chrétien passe une partie de la nuit à négocier un compromis qui peut se résumer ainsi : pour modifier la Constitution, il faudra l’accord de sept provinces représentant 50% de la population. Une province qui refuse un amendement peut se retirer, mais sans droit de compensation. Une clause dérogatoire apparaît, mais elle ne s’applique cependant pas à l’enseignement dans la langue de la minorité. Le Québec se voit donc imposer une constitution dont il est exclu et refuse de signer cette entente qu'il n'a toujours pas acceptée.


Les effets de cette percutante défaite du gouvernement Lévesque ne se font pas attendre.Extrêmement déçus, les membres de l’aile radicale du Parti québécois exigent une réaction énergique. En décembre 1981, au huitième congrès du Parti québécois, les délégués adoptent une résolution selon laquelle, advenant l’élection d’un gouvernement péquiste, l’indépendance du Québec serait proclamée. De plus, on élimine toute référence à l’association avec le reste du Canada. En réplique aux nouvelles positions du parti, René Lévesque annonce qu’il ne se sent pas lié par ses résolutions et qu’il va prendre un temps de réflexion. Au bout de quelques jours, René Lévesque et les membres de l’exécutif du parti décident d’avoir recourt à un référendum mieux connu sous le sobriquet de «rénérendum» où les  300  000  membres auront à s’exprimer sur trois questions .


1-L’ accession du Québec à la souveraineté doit-elle pour se réaliser de façon démocratique exiger l’accord majoritaire des citoyens.

2-Tout en éliminant le lien obligatoire qu’on établissait jusqu’à maintenant avec la souveraineté, notre programme doit-il comporter l’offre d’une association avec le Canada?

3-La troisième question porte sur le respect des minorités et reconnaît le droit à la minorité anglophone à ses institutions scolaires.

Près de 50% des membres vont s’exprimer. De ce nombre 95% répondent oui aux trois questions.


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La crise est résolue, du moins temporairement


Les problèmes du gouvernement péquiste continuent. Une grave crise financière frappe tout le Canada. Les taux d’intérêt montent en flèche et frisent les 20%. La situation est grave. Le déficit du Québec approche les trois milliards. Le gouvernement a besoin de 700 millions pour équilibrer le budget. Il faut décider où on va couper. Le gouvernement décide de ne pas verser au secteur public les augmentations prévues dans la convention collective. Après avoir vainement tenté de s’entendre avec la fonction publique, le gouvernement décide de passer à l’action. La loi 70 est présentée à l’Assemblée nationale. Cette dernière accorde à la fonction publique les augmentations prévues à la convention, mais par une ponction pouvant atteindre 20% récupère les mêmes montants sur une période de trois mois.


Les syndicats refusent et votent la grève générale. Le gouvernement réplique en faisant d’abord voter la loi 105 qui non seulement décrète une ponction sur le salaire des syndiqués, mais imposent 109 nouvelles conventions collectives à toute la fonction publique. De plus, une autre loi, la loi 111, impose un retour au travail avec de lourdes sanctions en cas de refus.


Les conséquences pour le Parti québécois sont désastreuses. Des syndiqués qui sont membres du Parti québécois le quittent massivement. Entre 1982 et 1983, le parti perd la moitié de ses effectifs. D’autre part, plusieurs ministres pour différentes raisons partent comme Robert Burns, Pierre Marois, Claude Charron, Lise Payette....


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Le beau risque


Pendant qu’en octobre 1983, Robert Bourassa fait un retour triomphal à la tête du Parti libéral, au Parti québécois on voit venir les nouvelles élections. René Lévesque décide de donner un gros coup de gouvernail. Profitant de l’élection d’un nouveau gouvernement conservateur à Ottawa et d’une plus grande ouverture de sa part, il pense que le temps est venu de donner la chance au coureur. Il décide de renoncer pour un temps à son objectif premier, l’indépendance, pour «le beau risque» que lui propose le gouvernement conservateur de Mulroney.


Sept membres importants du cabinet des ministres et de la députation péquiste démissionnent : Jacques Parizeau, Denise Leblanc, Gilbert Paquette, Denis Lazure, Camille Laurin, Louise Harel et Jacques Léonard. Le Parti québécois est en déroute. Le chef du parti commence à ressentir l’usure du pouvoir. Selon les témoins de l’époque, René Lévesque subit une grave dépression et sa conduite au quotidien est souvent erratique. Des membres influents des parlementaires péquistes parlent maintenant ouvertement de sa démission. Après quelques mois d’hésitation, René Lévesque remet finalement sa démission le 20 juin 1985. Une page importante de notre histoire vient d’être tournée. Pierre Marc Johnson lui succède comme chef du parti et premier ministre le 29 septembre 1985.


René Lévesque se lance dans la rédaction de ses souvenirs dans Attendez que je me rappelle...Peu de temps après son retour comme journaliste, il meurt subitement le 1er novembre 1987. Il a fait du Québec un peuple qui n’a malheureusement pas été au bout de sa démarche. René Lévesque, par la loi 101, a su sauver la collectivité francophone d’une disparition peut-être inévitable. Il lui a redonné une fierté perdue au cours de plusieurs siècles de colonialisme.


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