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Papineau et la Rébellion de 1838

L'Été de 1837

Le rapport de Durham

Projet d'Union



L’assemblée de Saint-Laurent


La nouvelle de l’adoption des Résolutions Russell à la mi-avril 1837 provoque une indignation généralisée. Pour sa part, Lord Gosford croit qu’en nommant une majorité française au Conseil exécutif et au Conseil léglislatif, cela aurait pour effet de calmer les esprits. Les réformistes, en réponse aux Résolutions Russell, constatent dans un premier temps que le refus des subsides ne suffit plus. Ils proposent le boycottage des produits importés et exigent des droits de douane. On suggère autant que possible l’emploi des produits domestiques. Les chefs des patriotes donnent l’exemple en se vêtant d’étoffes fabriquées au pays.


C’est dans la vallée du Richelieu que la résistance se manifeste en premier. Nulle région de la province ne respire une telle aisance. Il y règne une effervescence intellectuelle et politique animée par la petite bourgeoisie que constitue les notaires, les avocats, les médecins. Ceux-ci sont souvent des fils de cultivateurs prospères. La première assemblée se tient à Saint-Ours. L’assemblée décide de faire de la contrebande et proclame surtout son admiration pour Papineau qui devient le sauveur de la nation. Une autre grande assemblée est prévue à Saint-Laurent. Selon la tradition, l’assemblée doit se tenir après la messe. Le curé Saint-Germain change l’heure de la messe afin de nuire aux organisateurs. Il réussit en partie, mais l’assemblée se tient quand même. Papineau y prononce un discours important où il s’attaque de plein front au gouverneur et à son administration. Il propose au peuple le boycott des produits importés. Le peuple acclame Papineau. Le sort en est jeté, des évènements tragiques se préparent.


L’Été de 1837


La campagne des patriotes continue. À Sainte-Scholastique, une procession de 92 voitures vient au-devant de Papineau et sa suite. Cette assemblée est triomphante et on y adopte les résolutions de Saint-Ours. Devant l’esprit de rébellion qui gagne la province, le gouverneur Gosford interdit par proclamation les assemblées des patriotes. Le curé Chartier de Saint-Benoît, au grand mécontentement de son évêque, appelle Papineau le «sauveur du pays». Mgr Lartigue, évêque de Montréal, engage le curé Chartier à s’excuser auprès du gouverneur, ce qu’il ne fera pas. Cependant, deux réunions organisées par sympathisants de l’Angleterre ont lieu la première à Napierville et la deuxième à Québec où plus de 8000 personnes viennent s’opposer aux patriotes et à Papineau. Deux camps sont dressés face à face. Les réformistes du Haut-Canada mettent sur pied une organisation paramilitaire. La tension augmente partout dans les deux Canadas. Dès juillet 1837, Colborn nouveau commandant en chef des forces armées, recommande au gouverneur Gosford une réaction énergique, mais ce dernier n’en voit pas la nécessité. Gosford convoque à nouveau le Parlement du Bas-Canada.Il nomme dix nouveaux conseillers législatifs dont sept Canadiens français, mais les manifestations régionales continuent.


À l’ouverture de la session, les députés partisans de Papineau se présentent vêtus d’étoffes du pays. Papineau exige toujours un Conseil législatif élu. Les députés persistent dans leur refus de voter les subsides et le gouverneur fait rapport à Londres de la situation politique difficile mettant la faute sur Papineau et sa mauvaise influence sur l’ensemble des députés. Des jeunes de Montréal désirant participer à la rébellion qui s’annonce fondent la ligue des «Fils de la liberté» dont les membres sont recrutés d’abord parmi les bourgeois et les étudiants. Ils désirent émanciper le Canada de toute autorité qui n’est pas élue démocratiquement. Ils se tiennent prêts à passer à l’action si nécessaire. Toutefois, ni Papineau ni ses députés ne sont responsables de cette initiative Les milieux officiels ne croient pas à une insurrection, mais pensent que Papineau bluffe.


Les patriotes désirent tenir une assemblée monstre qui fera sa marque et Saint-Charles est choisi pour ce grand rassemblement. Ce sera une assemblée des six comtés de la région de la vallée du Richelieu. Le curé Blanchet de Saint-Charles observe une neutralité bienveillante. En tout, quelque cinq mille personnes, dont 13 députés, se réunissent. Une escorte qui grossit d’un village à l’autre vient chercher Papineau à Longueuil. Devant la fureur de la foule, Papineau s’effraie et déconseille le recours aux armes. Le Dr Côté déclare: « Le temps des discours est terminé, c’est du plomb qu’il faut envoyer à nos ennemis». Louis-Hippolyte Lafontaine se dégage de l’influence de Papineau comme d’autres députés plus modérés. Mgr Lartigue, évêque de Montréal, réagit immédiatement à l’assemblée de Saint-Charles en publiant un mandement sur « les devoirs d’un catholique envers la puissance civile » Les patriotes sont choqués par la lettre de l’évêque. La situation est à la veille d’exploser.


Un ferment révolutionnaire parcourt les deux Canadas. À la crise politique s’ajoute une crise économique. Les Fils de la liberté annoncent une réunion à laquelle répliquent les dirigeants loyalistes du Doric Club qui désirent tuer dans l’oeuf la rébellion qui s’annonce. Une confrontation a lieu près du boulevard Saint-Laurent entre les deux groupes. La maison de Papineau est assiégée. L’arrivée de la troupe rétablit le calme. La tension est très forte.


Cependant, le clergé se prépare à intervenir. L’abbé Prince, futur évêque Saint-Hyacinthe, est l’initiateur d’une requête aux autorités britanniques qui demande «d’accorder aux sujets de Sa Majesté tout ce que la justice et la générosité d’un gouvernement paternel peut donner». Mgr Bourget à Montréal craint que le clergé par excès de zèle loyaliste ne perdre l’affection du peuple. Gosford promet de transmettre la requête à Londres. Colborne ne cesse de lui rappeler que les limites de la tolérance sont atteintes et qu’il faut réagir. Mgr Lartigue lui-même demande l’arrestation préventive de quelques meneurs. En dernier lieu, Gosford accepte d’agir. Papineau sera le premier visé. On conseille donc à Papineau de s’éloigner du moins momentanément. Papineau sent le sol se dérober sous ses pieds. Il perd sa belle assurance. À Varennes, un conseil de guerre réunit Papineau et quelques chefs patriotes pour savoir s’il est opportun de convoquer une assemblée qui proclamerait un gouvernement provisoire. Papineau voit la désorganisation des patriotes et ne dit rien. Gosford lance finalement 26 mandats d’arrestation dans le district de Montréal. Le gouverneur souhaite que les chefs patriotes fuient vers les États-Unis pour éviter des troubles politiques majeurs.C’est finalement ce qui se produit. Le gouvernement croit faussement avoir jugulé une insurrection naissante.


Les évènements se précipitent et l'ordre est donné d’arrêter deux chefs patriotes à Saint-Jean : le notaire Desmarais et le Dr Davignon. Une escorte y est envoyée rapidement afin de procéder aux arrestations. Au retour, un groupe de patriotes alertés décident de libérer les prisonniers. Pendant ce temps, John Colborne envoie une colonne à Saint-Denis où Wolfred Nelson défie les autorités. Une autre colonne est également envoyée à Saint-Charles. Lafontaine craignant une répression qui pourrait ressembler à la déportation des Acadiens s’enfuit à son tour aux États-Unies.


La nouvelle du coup de main de Longueuil (on a délivré Desmarais et Davigon) excite les patriotes. Une forte colonne de soldats britanniques part de Sorel pour venir à bout des patriotes. Nelson retrouve Papineau à Saint-Denis où il exige son départ immédiat, parce qu’il pourrait être plus utile à la cause ailleurs que sur un champ de bataille. Dans un premier temps, Papineau refuse carrément de laisser ses amis à l’heure du danger. Le départ de Papineau déconcerte les patriotes, mais Nelson a tôt fait de les rassurer. La victoire des patriotes force le retrait de la colonne militaire qui retourne à Sorel. À Saint-Charles, le sort en décide autrement. Les patriotes sont vaincus et s’enfuient. Les représailles se préparent. Une colonne de militaires est envoyée à Saint-Denis pour arrêter les rebelles. Cependant, ses habitants envoient un parlementaire pour offrir leur soumission. Le commandant annonce que les propriétés des rebelles vont être incendiées. En réalité, le village en entier est saccagé.


La plupart des combattants de Saint-Denis et ceux de Saint-Charles qui ont pu s’échapper fuient vers les États-Unis. Papineau se cache chez sa soeur à Saint-Hyacinthe. Une importante récompense est promise pour ceux qui appréhenderont le chef des patriotes. Pour Papineau, le temps est maintenant venu de partir. Il réussit à gagner les États-Unis et se réfugie à Albany. Le peuple se soumet. Ces évènements vont marquer le subconscient collectif des Québécois pendant des générations.


Mgr Lartigue réitère ses instructions aux curés des paroisses où les troubles ont eu lieu : pas de sépulture ecclésiastique et pas de service public pour les rebelles décédés à moins qu’ils se soient rétractés publiquement avant de mourir. Les curés des paroisses en rébellion hésitent à communiquer les instructions des évêques soient par sympathie ou par crainte d’être dénoncés par les patriotes qui ont souvent le clergé en garde à vue. Une colonne est envoyée à Saint-Eustache où un noyau de patriotes résiste. Il n’y a plus de patriotes qu’au couvent, au presbytère et dans l’église. Le feu est mis au couvent et au presbytère. Colborne ordonne de bombarder les portes de l’église qui résistent dans un premier temps. Quelques soldats réussissent à forcer la porte de la sacristie. Le sort des patriotes est scellé. Le village est mis à feu et à sac. Colborne rentre à Montréal en vainqueur avec une centaine de prisonniers. Pendant ce temps, les patriotes réfugiés aux États-Unis se retrouvent sans argent, sans travail et sans nouvelle de leurs familles. Ils sont découragés. Des réquisitoires sont écrits contre Papineau. Ce dernier commence un long exil. Les réfugiés désirent envahir le Canada et proclamer son indépendance, ce à quoi s’oppose vivement Papineau.


Nelson rend visite à Papineau réfugié à Albany. Il veut organiser une vengeance. Papineau s’y oppose fermement craignant « que vous n’attirez de nouveaux malheurs à la patrie ». Papineau continue à affirmer qu’il n’a pas ordonné l’appel aux armes. Il a seulement recommandé le boycottage des produits britanniques. Le bruit continue à circuler que Papineau s’est sauvé à l’heure du combat. Le chef des patriotes se défend ardemment contre ses fausses accusations. Il déclare qu’il a laissé sa demeure sous les pressions et les voeux unanimes de parents, d’amis et d’hommes publics. Il voulait demeurer caché pour un temps chez des cultivateurs pour laisser passer l’orage, dont il ne prévoyait ni la violence ni la durée. Il faut noter que ces discussions servent à ternir son image et font l’affaire des autorités britanniques.


Mgr Lartigue s’engage dans une lutte contre l’Union politique des deux Canadas. Mgr Signay, évêque de Québec, compte sur Gosford pour combattre le projet d’Union. Finalement, Gosford quitte le Canada laissant l’administration aux mains de Colborne. Nelson réunit trois cents réfugiés dans la région de Champlain qui sont prêts à envahir le Canada. Lui et sa troupe traversent symboliquement la frontière où il proclame la république du Bas-Canada. L’armée américaine veut demeurer neutre et force Nelson et les siens à retraverser la frontière et remettre leurs armes au général Wood de l’armée américaine.


Lorsque Colborne prend l’administration, il y a plus de 500 prisonniers. Les libérations se font nombreuses et bientôt il ne reste plus que 200 prisonniers, majoritairement les instigateurs de la rébellion. Mais la nomination de Lord Durham comme gouverneur et enquêteur suscite beaucoup d’espoir chez les modérés francophones. Celui-ci veut entourer sa mission d’un faste éclatant pour impressionner l’imagination des coloniaux. Des troupes sont également envoyées. Pendant ce temps Nelson organise une société secrète, les Frères Chasseurs. Cette société hautement hiérarchisée a pour mission de préparer le soulèvement général de la population du Bas-Canada. Durham fait une entrée fracassante avec sa nombreuse escorte au son du canon. Il prend bonne note dès son arrivée de la collaboration offerte par Mgr Lartigue au nom du clergé dont il surestime l’influence. Mais, dans un sursaut de dignité, Mgr Lartigue refuse au gouvernement de retransmettre ses proclamations civiles. Il déclare que le clergé ne doit parler qu’au nom de Dieu. Par contre, à Québec, Mgr Signay accepte de retransmettre les documents du gouvernement.


Les Frères Chasseurs sous la direction de Nelson préparent une nouvelle tentative d’invasion qui devrait se doubler d’un soulèvement des patriotes. Le président américain, Van Buren, lance une proclamation interdisant aux Américains d’aider les rebelles. Durham doit prendre une décision au sujet des prisonniers. Il en reste environ 140. Un procès pourrait susciter les passions. Huit patriotes, qui ont signé un aveu de culpabilité, sont envoyés en exil aux Bermudes, pendant que tous les autres sont amnistiés. Pour sa part, Cartier réfugié aux États-Unis est déprimé et sollicite la permission de rentrer au Canada, ce qui lui est accordé. Pour Papineau, il n’est pas question de faire une telle demande. Nelson continue toujours à travailler à l’organisation d’une éventuelle invasion à la grande déception de Papineau.


L’amnistie, décidée par lord Durham, d’abord bien accueillie en Angleterre est rapidement décriée et condamnée comme illégale. Au bout du compte, le gouvernement de Londres désavoue l’ordonnance de Durham, le 10 août 1838. Ce dernier réagit assez rapidement dès qu’il prend connaissance de la décision du gouvernement et annonce sa démission, le 9 octobre 1838. Ces nouveaux évènements fouettent l’ardeur de Nelson et de ses partisans, pendant que Papineau se tient loin des contestataires.


Les Chasseurs organisent la résistance à l’intérieur comme à l’extérieur du Bas-Canada. Les loges qui sont formées tiennent des réunions secrètes et planifient une nouvelle rébellion. Un plan est préparé où on prévoit s’emparer de Saint-Jean et de Sorel en plus de saisir les réserves d’armes qui s’y trouvent.


Lord Durham est mis au courant d’une possible nouvelle insurrection. Le 26 octobre , il s’embarque pour l’Angleterre laissant l’administration à Colborne. Les préparatifs d’une nouvelle insurrection continue, mais sans l’appui de Papineau. L’attaque générale est prévue pour le 3 novembre. Nelson et ses compagnons doivent se diriger sur Napierville, pendant que les patriotes du Canada doivent s’emparer de plusieurs villes comme Chambly, Laprairie etc. George-Étienne Cartier, rentré d’exil, conseille à ses compatriotes de ne pas participer à l’insurrection.


Napierville devient la base des opérations. C’est tout un défi de nourrir, loger, discipliner près de deux mille hommes. Bientôt il y a un manque d’armes. On pense à s’emparer des armes des Indiens de Sault Saint-Louis (Caughnawaga). Mais les Indiens mis au courant attendent les insurgés de pied ferme et les repoussent sans merci. Partout c’est l’échec qui attend les patriotes.


Colborne fait proclamer la loi martiale rapidement. On procède à l’arrestation de plusieurs suspects. Plusieurs d’entre eux sont arrêtés dont LaFontaine. Colborne prend également des mesures militaires, il forme une armée pour marcher sur Napierville. Pendant ce temps au camp des insurgés à Napierville, la majorité des partisans n’ont pas d’armes. L’indiscipline règne et les désertions sont tellement nombreuses que le 8 novembre au matin il ne reste que neuf cents hommes. Nelson joue le tout pour le tout et veut combattre des loyalistes rassemblés à Odelltown, mais une mutinerie éclate dans la troupe où plusieurs refusent son commandement. Après un bref combat, les patriotes sont défaits et Nelson retourne vers les États-Unis. L’insurrection de 1838 est vaincue avant que Colborne n’ait eu le plaisir de la mater. Le 10 au matin, il est à Napierville. Partout au Québec les patriotes se rendent. Tout est terminé. Colborne rentre à Montréal en vainqueur. L’Église conseille aux patriotes de rendre les armes. Maintenant c'est la répression qui s’annonce. Plusieurs églises sont profanées par la troupe, entre autres à Saint-Athanase et Saint-Édouard. La prison de Montréal est comble. Les arrestations continuent à travers le Bas-Canada où les dénonciations sont nombreuses. Mgr Bourget garantit le loyalisme du clergé auprès de Colborne. Le gouvernement américain proclame à nouveau sa neutralité.


Le gouvernement de Colborne ne peut accorder aux récidivistes de 1838 la clémence octroyée aux insurgés de 1837. Il faut

faire des exemples. Pour être sûr d’arriver à ses fins, Colborne forme un tribunal militaire. La première sentence de la Cour martiale est la condamnation à mort de onze patriotes avec recommandation à la clémence du Conseil exécutif. Colborne a le sort des insurgés entre ses mains. Il décide de l’exécution de Cardinal et Duquet qui avaient déjà bénéficié de la clémence de Durham. Un peu plus tard, c’est au tour des chefs du camp de Napierville à subir leur procès. Quelques-uns sont graciés, les autres condamnés à la pendaison. Les procès se succèdent à un rythme infernal et les condamnations à la peine de mort pleuvent. En tout, la rébellion de 1838 aboutit à la condamnation de 99 patriotes dont 12 sont pendus, 58 sont exilés en Australie, deux sont bannis du pays pendant que les autres sont libérés. Papineau songe à un voyage en France pour demander son aide, puisque l’appui d’un gouvernement étranger paraît indispensable.


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Le rapport Durham


D’après Durham, qui a passé cinq mois au Canada, il y a en ce pays deux races que séparent la langue, la religion et l’éducation. Il reconnaît la supériorité des Anglais qui ne doivent pas se soumettre à une majorité canadienne-française. Il remonte au traité de 1763 qui a concédé à tort aux vaincus les moyens de rester français. Il faut assimiler les Canadiens français pour leur bien. De plus, il propose un gouvernement responsable dans une assemblée dont les élus représenteront une population assimilée à la culture anglaise. Durham suggère enfin l’union du Haut et du Bas-Canada.


Papineau débute sa mission en France. Il insiste sur le caractère essentiellement français du mouvement, au grand mécontentement de Robert Nelson. On réclame la déchéance de Papineau comme porte-parole des patriotes. La réputation de Papineau continue de souffrir des rumeurs où il est présenté tantôt comme un exalté, tantôt comme un lâche qui a fui à Saint-Denis. Ce dernier songe à vendre sa seigneurie, car il manque cruellement d’argent. Il essaie vainement d’intéresser les autorités françaises au sort du Bas-Canada. Au même moment, la présentation du projet d’Union est imminente à Londres. Mgr Lartigue redoute énormément le bill d’Union. En France, Papineau constate l’échec de sa mission et se rend compte que tous les partis politiques français veulent plutôt s’entendre avec l’Angleterre. En 1839, Julie son épouse et sa famille décident d’aller le rejoindre en France.


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Projet d’Union


Un nouveau gouverneur, Sir Charles Bagot, est nommé dont la mission essentielle est de faire accepter l’Union. Cette nouvelle constitution suscite une vive opposition dans le Bas-Canada et même dans le Haut-Canada. En effet, dans le Bas-Canada c’est le conseil spécial composé de non-élus qui accepte finalement le projet d’Union, mais sans l’assentiment du peuple. Dans le Haut-Canada, la Chambre pose des conditions comme l’union de la dette des deux Canadas. Alors que le Haut-Canada s’est endetté pour la construction de canaux sur les Grands Lacs, le Bas-Canada est sans dette. En plus de l’usage exclusif de la langue anglaise, on exige 62 députés pour le Haut-Canda et seulement 50 pour le Bas-Canada qui est plus peuplé.


Dans l’ensemble, les esprits évoluent vers la soumission et la paix. Des détracteurs de Papineau continuent à dénoncer sa trahison à Saint-Denis. Pendant ce temps, Papineau, à Paris, revoit avec bonheur sa femme et sa famille enfin réunie, mais l’argent fait toujours grandement défaut. L’abbé Chartier, réfugié aux États-Unis, doit se rendre à Rome pour défendre sa cause. Il passera par Paris où il doit rencontrer Papineau et voir ce qu’il a fait de sa mission auprès du gouvernement français. Il constate par lui-même l’impossibilité d’intéresser la France à la cause canadienne. Au bout du compte, ce dernier est assez indulgent envers Papineau qui dans les circonstances et dans la mesure de ses moyens a défendu du mieux qu’il pouvait la cause des patriotes auprès de la France.


Le clergé dans une requête au gouverneur s’élève contre le projet d’Union qui menace d’enlever aux Canadiens leur religion et leur langue et qui ferait payer les dettes du Haut-Canada qu’ils n’ont jamais contractées. Malgré toutes les requêtes, le projet reçoit la sanction royale le 23 juillet 1840 et entre en vigueur le 1er février 1841. Le débat se déplace maintenant à la nouvelle Chambre d’assemblée où la lutte doit reprendre pour la sauvegarde de la langue française et du Code civil.


Aux premières élections, LaFontaine qui a remplacé Papineau comme chef des réformistes, constate toute une série d’irrégularités. En effet, on voit des députés de langue anglaise élus dans des circonscriptions presque entièrement de langue française. Constatant ces faits, il décide de retourner à la vie privée.


Les Papineau à Paris, comme son fils Amédée à Saratoga, manquent d’argent. Pour sa part, Amédée qui vient de terminer son droit aux États-Unis ne peut se trouver un emploi convenable et songe même à revenir au Canada où ses compétences pourraient lui être reconnues. Le nouveau gouverneur, Sir Charles Bagot, cherche à susciter la participation des Canadiens français au Conseil exécutif. LaFontaine est sollicité à son tour. Il accepte de rentrer au Conseil Exécutif à la condition qu’il y ait égalité dans la représentation du Haut et du Bas-Canada. Il écrit une page d’histoire en prononçant son premier discours en français, malgré que seule la langue anglaise soit reconnue dans l’Acte d’union.


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