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Henri Bourassa

La guerre des Boers

La ligne nationaliste

Fondation du devoir

La conscription



Henri Bourassa (1868-1952)


Henri Bourassa est né 1868. Il est le fils de Napoléon Bourassa, peintre et romancier, et d’Azélie Papineau. Il est donc en filiation directe avec le grand Papineau, son grand-père. Il perd sa mère très jeune et c’est sa tante, Ézilda Papineau, qui s’occupe de son éducation. Il fait des études d’abord chez les sulpiciens, mais ce sont les jésuites dont l’un des membres, Frédéric André, professeur de français, aide au développement de sa curiosité intellectuelle.


Très jeune, il sera influencé par un important événement politique: la mort de Riel. Il étudie également au Holy Cross College à Worcester au Massachusetts. En 1887, il s’installe à Montebello pour assumer la responsabilité de la seigneurie familiale. Ces nouvelles responsabilités lui confèrent un certain prestige. Il se fait un devoir de rencontrer les paysans dont il écoute les doléances envers les grands marchands de bois.


Il est élu maire de Montebello, en 1890, à l’âge de 22 ans. Il y acquiert une réputation d’un homme juste et droit. En 1892, une nouvelle circonscription électorale est créée englobant Montebello et les environs, ce qui incite Laurier à le recruter comme candidat libéral. Bourassa accepte, mais à la condition de garder sa liberté de parole même si cela contrevient à la discipline du parti. Il est facilement élu et à l'âge de 28 ans et devient le plus jeune député de la Chambre des communes.


En 1890, le Manitoba avait annulé les anciens droits des catholiques en abolissant les écoles séparées malgré la garantie contenue dans sa constitution de 1870. Un long combat s’engage alors pour la reconnaissance du droit des francophones. Le gouvernement fédéral refuse d’intervenir pour des raisons électorales. Le Conseil Privé de Grande-Bretagne, la plus haute instance de justice pour le Canada à cette époque, confirme la décision du Manitoba. Laurier, nouveau premier ministre, envoie deux négociateurs pour trouver une solution. Henri Bourassa et Israël Tarte sont désignés pour cette mission. Un compromis peu satisfaisant est trouvé. Le gouvernement du Manitoba accepte d’autoriser une demi-heure d’instruction religieuse quotidienne là où il y a plus de dix élèves français. Cette instruction peut se faire en anglais ou en français. Insatisfaits de cette solution, les francophones reprennent le combat avec à leur tête Mgr Langevin, archevêque de Saint-Boniface. Bourassa défend énergiquement en chambre le droit des francophones pour des écoles séparées, mais ne reçoit que peu d’appui. Il rêve d’un Canada fondé sur l’égalité des deux peuples fondateurs et d’un pays débarrassé de l’impérialisme britannique. On parle ici d’un patriotisme canadien et d’une nation canadienne.


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La guerre des Boers


Lorsque l’Angleterre déclare la guerre aux deux républiques indépendantes Boers en Afrique du Sud, le premier ministre canadien, Wilfrid Laurier, se trouve coincé entre Henri Bourassa et Joseph Chamberlain, premier ministre anglais.Les Boers résistent et placent les Anglais sur la défensive. L’Angleterre en difficulté demande l’aide de ses colonies. Bourassa s’oppose courageusement à une participation canadienne à ce conflit. Le Québec l’appuie massivement. À nouveau, Laurier décide de choisir le compromis. Il accepte d’envoyer des troupes canadiennes, mais celles-ci seront composées seulement de volontaires. Ainsi, chacun demeure libre de ses gestes. Cette décision est controversée et soulève le mécontentement chez les deux groupes ethniques.

Henri Bourassa claque la porte du Parti libéral et siège comme indépendant. Pour lui, la conciliation n’est jamais bonne lorsqu’il s’agit de deux principes contraires. Élu député indépendant aux élections de 1900, il appuie toutes les mesures libérales sauf celle qui propose d’envoyer un contingent en Afrique du Sud.


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La ligue nationaliste


Après la guerre, un groupe de jeunes Québécois fondent la Ligue nationaliste qui se donne comme mandat de lutter contre l’impérialisme anglais. Bourassa devient leur porte-parole. La ligue réclame une politique de colonisation de la part du gouvernement Mercier pour contrer l’immigration massive des Anglo-saxons encouragée par le gouvernement fédéral. En 1908, Bourassa coupe les liens avec le Parti libéral en se présentant contre le ministre des Terres et Forêts, mais il est défait. L’année suivante il est cependant élu député aux élections provinciales en battant le Premier ministre Gouin dans son comté. Ardent défenseur de Laurier, Bourassa continue de soutenir une politique d’égalité entre le français et l’anglais au Canada.


La question navale est une autre question qui divise le Canada. La flotte allemande devenant plus menaçante, plusieurs Canadiens d’origine britannique proposent que le Canada construise trois navires de guerre qui seraient donnés à la mère patrie en guise de soutien. Les anciennes divisions entre francophones et anglophones refont surface. Laurier propose la création d’une marine canadienne, ce qui devient réalité par l’Acte du Service naval de 1910. Pour apaiser les impérialistes anglais, Laurier déclare que :« Lorsque la Grande-Bretagne est en guerre le Canada l’est également ». Cela provoque l’ire de Bourassa.


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Fondation du Devoir


C’est en 1910 que paraît le premier numéro du journal le Devoir. Fondé par Bourassa et Olivar Asselin le journal se veut la voix des nationalistes canadiens. Rapidement, Asselin quitte le Devoir, qui sera sous l’unique direction de Bourassa.


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La conscription


La Première Guerre mondiale éclate en 1914. Les Canadiens se joignent d’abord aux combats sur une base volontaire. La guerre prend rapidement des allures d’un désastre. Les pertes sont si nombreuses que les volontaires ne suffisent plus. Les Ontariens réclament la conscription. Bourassa s’y oppose énergiquement. Il défend l’idée qu’une armée de 420 000 hommes sur une population de sept millions constitue un effort pleinement suffisant.


En mai 1917, Borden présente un projet de loi sur le service militaire obligatoire. Des émeutes éclatent dans les rues de Québec et des manifestations ont lieu à Montréal. Aux élections de 1917, les anglophones votent massivement pour Borden, tandis que les Québécois le font pour les libéraux qui sont contre la conscription. Le député Francoeur présente à la Chambre des communes une résolution : «le Québec serait disposé à accepter la rupture du pacte fédératif de 1867, si dans les autres provinces on pensait que le Québec est un obstacle à l’union et au progrès du Canada».


En 1925, c’est le retour à la vie politique fédérale pour Bourassa qui est élu à nouveau député indépendant de Labelle. En 1930, il est réélu pour une dernière fois puisqu’il subit la défaite aux élections de 1935. Après quoi, il consacre son temps à la rédaction de brochures politiques. La retraite de Bourassa coïncide avec l’arrivée de Maurice Duplessis au pouvoir dont il appuie généralement les politiques, tout en craignant que certaines d'entre elles ne mènent à l’indépendance du Québec. Il ridiculise l’abbé Lionel Groulx qui prône une nation canadienne-française à l’intérieur de la Confédération ou à l’extérieur s’il le faut.


En 1942, il s’oppose à nouveau à la conscription dans un discours qu’il adresse à la foule au nom de Ligue pour la Défense du Canada. Ce sera sa dernière bataille. En 1944, il est victime d’une grave crise cardiaque dont il se remet à la surprise générale. Il décède le 31 août 1952 à l’âge de 85 ans. Pour les Québécois, il fut plus qu’un simple député, mais le porte-parole du sentiment nationaliste canadien. Il désirait que le Canada assume sa pleine souveraineté en se départissant de l’impérialisme anglais. Il fut le prophète qui annonçait pour le Canada des temps nouveaux. Néanmoins, jamais il ne défendit l’idée d’un nationalisme purement québécois. Son combat pour un nationalisme canadien et l’égalité des deux nations fondatrices ne se réalisa pas complètement, mais il fut à l’origine dans les années soixante d’un nationalisme authentiquement québécois auquel il n’aurait certes pas donné son appui.


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