Au temps de ma mère



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La famille traditionnelle





Le père : Les pères jouissent d'une autorité certaine. On en a pour preuve du maintien par leurs descendants de nombreux usages traditionnels.Toutefois, cette autorité n'est pas aussi grande que celle de leurs ancêtres venus de France. Au Canada, elle est limitée par l'ascendant acquis par la mère et l'indépendance des enfants.


La mère : Souvent, la mère occupe une place presque égale à celle du père. Généralement, plus instruite que son mari, elle est chargée de la lecture et de la correspondance. Elle ne se considère pas comme l'inférieure de son mari. En vertu de son contrat de mariage, les biens qu'elle a apportés en dot ou ceux qu'elle a reçus depuis son mariage lui restent en propre. En cas de décès de son mari, elle entre en possession de la moitié des biens accumulés pendant le mariage et elle acquiert la jouissance viagère de la part laissée par son mari. Les familles sont nombreuses. Par exemple, ma grand-mère a eu quinze enfants. Cela résulte d'une abondance relative du sol et d'une forte influence religieuse.


Les enfants : Les enfants jouissent d'une liberté assez grande. C'est l'abondance du sol disponible jointe au voisinage des centres industriels américains qui semblent expliquer ce phénomène. Trois activités économiques sont importantes à cette époque : le commerce des fourrures, l'abattage et le flottage du bois.

Ces industries primitives exercées sur un vaste territoire ont tenu dans plusieurs cas les chefs de famille éloignés de leurs foyers pendant de longues périodes. La mère de famille s'est trouvée pendant tout ce temps chargée de l'exploitation agricole. Son influence a ainsi grandi. Les fils vont très jeunes travailler à l'extérieur, ce qui les rend moins dépendants du milieu familial. La hiérarchie familiale est ainsi nivelée. Le curé de la paroisse a une influence morale certaine. Les procédés d'éducation sont plutôt répressifs. On cherche à former des hommes bons, dociles, religieux plus que des hommes hardis et d'initiative.


Enfants mariés au foyer : Quelquefois, c’est le plus vieux de la famille. Il est l’associé du père ou de la mère quand le père est décédé. Le choix de l'héritier principal est parfois complexe. Si les parents ne sont pas satisfaits du choix de l'épouse de leur fils aîné, ils peuvent faire un autre choix parmi les autres enfants. Les parents attendent d’avoir senti les premières atteintes de la vieillesse pour se décider à disposer de leurs biens. Comme le mariage des aînés est hâtif, lorsque les parents font le choix des héritiers, les aînés sont souvent mariés et établis. C'est pourquoi, l'héritier est souvent choisi parmi les derniers des garçons. Par contrat de mariage, le père prend des mesures pour que le bien de la famille ne puisse par la mort et le remariage de la bru passer en mains étrangères, l'héritage passant plutôt à l'un des frères.


L'héritier ainsi choisi est avantagé : le père lui laisse la propriété du foyer et d'une étendue de terre suffisante pour la subsistance du groupe, ce qui constitue souvent la plus grande part du patrimoine. Mais les charges imposées à l'héritier sont lourdes. À toutes fins utiles, l'héritier remplace le père. Il doit pourvoir à la subsistance de ses vieux parents et de ceux des enfants qui ne s'établiront pas au-dehors. Aux enfants qui s'établissent au-dehors, l'héritier doit payer des droits. Les enfants hors du foyer reçoivent des subventions, lesquelles varient en importance suivant l'aisance des parents. Les familles de petites et moyennes conditions ne subventionnent que faiblement leurs enfants garçons ou filles. Même dans les familles de cultivateurs aisés, les filles ne reçoivent qu'une dot modeste. Par contre, pour les familles mieux nanties, on pourvoit plus libéralement ceux des garçons qui émigrent à l'extérieur. Chaque garçon est avantagé par le père dans la mesure des services qu'il a rendus à la communauté, ce qui n'est pas le cas pour les familles plus modestes. La coutume impose à l'héritier des obligations plus grandes que celles consignées par le notaire. Ainsi, il doit prendre soin de ses soeurs célibataires ou infirmes.


Célibataires au foyer : Souvent le père recommande à la bienveillance de l'héritier des tantes ou des soeurs célibataires. Toutefois, les garçons devront quitter le foyer dès qu'ils seront capables de se pourvoir. Ceux qui restent sur la ferme familiale seront tenus de travailler pour l'héritier suivant leurs forces et leur santé. On prenait soin des aînés demeurés sur la ferme familiale en évitant aux plus âgés des travaux trop pénibles. Les vieilles filles, comme on les appelait, se contentaient de peu et étaient honorées dans le milieu familial.