Au temps de ma mère



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Les phases de l'existence


Généralement, la vie est simple et peu mouvementée dans les familles canadiennes-françaises. Le baptême est l'occasion d'un repas spécial auquel sont conviés le parrain, la marraine et quelques voisins. Jusqu'à l'âge de sept ans, l'enfant est choyé. On s'amuse de ses propos on lui fabrique des jouets, on lui laisse pleine liberté. Après, on songe à l'envoyer à l'école. Chez mon grand-père maternel, l'école était située à proximité, sur un terrain que mon arrière-grand-père avait cédé à la commission scolaire. On y enseignait la lecture, l'écriture, le calcul et surtout le catéchisme. C'est principalement en vue de faire admettre leurs enfants à la première communion que la plupart des parents envoient leurs enfants à l'école. Une fois la première communion faite, ils cessent en grand nombre de les envoyer, Cette première communion était d’une grande solennité: l'église est bondée; les petits garçons (huit ans environ) sont vêtus de noir et portent rubans et rosettes; les petites filles portent le voile blanc et la couronne.

Les grandes fêtes du calendrier sont nombreuses dans l'année. Il y a les mariages, les services funèbres les réunions de famille, la confirmation des enfants et la visite de l'évêque tous les trois ans. Arrivés à l'adolescence, les garçons deviennent défilés à conduire. Il leur faut un cheval avec un harnais reluisant et une voiture fine pour aller voir les filles. Les jeudis soirs et les dimanches après-midi sont souvent le temps où la jeune fille reçoit son cavalier. On se marie, généralement, en communauté de bien et on passe chez le notaire pour signer un contrat. Le jour du mariage, aussitôt la cérémonie terminée, on fait en voiture une longue tournée dans les rangs. Le cortège compte parfois une vingtaine de voitures. On va chez les parents de la mariée pour dîner. Puis, on revient chez le marié et on y mange, boit, danse toute la journée et une partie de la nuit au son des violons.


Vers 1840, une grande partie de l'arrière pays du Québec fut défrichée et de nombreuses paroisses furent créées. Toutes les bonnes terres furent occupées. Les terres sans engrais suffisant furent appauvries. La pauvreté des récoltes et le développement soudain des villes et de l'industrie incitèrent les jeunes gens à déserter les campagnes pour les villes du Canada et de la Nouvelle-Angleterre. Les parents ont de la difficulté à convaincre un de leur fils de continuer à exploiter la ferme familiale. Lorsqu'un fils consentait à rester, il imposait souvent ses conditions. C'est alors que l'usage de la donation se généralisa. Le père et la mère n'instituaient pas leur fils héritier au moyen d'un testament révocable à volonté. Il leur transmettait par donation tous leurs biens, ne se réservant qu'une rente viagère. Dans bien des cas, les parents ainsi dépouillés, eurent à souffrir du manque d'égards et d'attention du jeune ménage et donation devint synonyme de damnation.


De même, plusieurs habitants renoncèrent à leurs industries domestiques pour acheter directement du marchand général. Les familles s'endettèrent. L'émigration dépeupla les campagnes. Puis, peu à peu, les cultivateurs améliorèrent leur méthode de culture et celle-ci devint avec le temps plus rémunératrice.