Au temps de ma mère



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Le domaine familial




La propriété familiale : On retrouvait dans les rangs d'autrefois des petites terres de deux arpents de large par vingt de profondeur. La division des terres remontait au régime seigneurial encore en vigueur en 1855, au moment où la paroisse Saint-Marcel se développa. Avec l'exil vers les États-Unis au début du 20e siècle, les habitants ont pu doubler à bon compte leur superficie de terre. Ce mouvement s'est accentué vers 1980, la culture extensive du soya et autres nouvelles denrées nécessitant une grande surface de terre. La ferme comportait une immense maison à deux étages pour la nombreuse famille des Saint-Martin. De plus, il y avait une laiterie, ainsi qu’un fournil pour la cuisson du pain et la mise en conserve des légumes à la fin de l'été qui pouvait servir occasionnellement de blanchisserie. Dans les hangars, on retrouvait une boutique pour les travaux de la ferme, une remise pour les voitures, l'étable-écurie et la grange.


Il y avait également une porcherie et un poulailler. Mon grand-père a hérité de la ferme familiale à la mort de sa mère. Les autres membres de la famille n'ont apparemment rien eu. Ainsi, le domaine principal de souche se maintient.


Souvent les terres sont hypothéquées, car une mauvaise récolte causée par la sécheresse ou la grêle provoque chez l'habitant une catastrophe financière.Cette paroisse était rattachée à la seigneurie Massue (Bonsecours) du nom de la famille qui en était propriétaire. Le manoir seigneurial était situé dans la paroisse voisine de Saint-Aimé. En 1854, bien après l'abolition du régime seigneurial, mon grand-père devait encore payer annuellement un droit seigneurial aux héritiers de la famille Massue et ce jusqu'à ce que le gouvernement provincial rachète le tout dans les années ‘40.


Le salaire : Comme nous l’avons vu, l'habitant a très peu recours aux travailleurs de l'extérieur. Les familles de cultivateurs dont les enfants ne travaillent que sur la ferme familiale jouissent de ce fait d'une grande considération. En général, les industries domestiques notamment le tissage et la couture pour les femmes, la charpenterie et la menuiserie pour les hommes, rapportent des sommes importantes. Parfois, quelques fils vont travailler au loin dans les chantiers ou les industries de la ville, voire des États-Unis. Souvent, ces immigrants temporaires reviennent avec un montant d'argent important ce qui permet de faire l'acquisition d'un lopin de terre supplémentaire ou de payer de vieilles dettes. D'autres, cependant, ne reviennent jamais et ne donnent plus de nouvelles. Mentionnons à cet effet un voisin des Saint-Martin parti aux États-Unis depuis une trentaine d'années et qui revint finir se s jours aux pays de ses ancêtres.