Au temps de ma mère



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La paroisse


La commune ou paroisse rurale se compose de trois pièces distinctes : la corporation religieuse, la corporation municipale et la corporation scolaire. Ces trois organismes couvrent la même circonscription territoriale. Il est de règle au Canada français que l'érection canonique de la paroisse précède son érection civile. Les propriétaires commencent par demander une requête à l'évêque diocésain, lequel délimite le territoire par décret. Puis, sur rapport de trois commissaires de l'État, le lieutenant-gouverneur par proclamation reconnaît la paroisse pour les fins civiles. Des trois organismes, c'est la paroisse religieuse qui est la première par l'importance des biens. La fabrique est propriétaire de l'église, du presbytère, du cimetière de 16 arpents de terre et de la salle publique. La corporation municipale ne possède souvent pas de biens. Le rôle principal de la municipalité est de surveiller la confection et l'entretien des chemins. La commission scolaire n'a que l'administration des écoles dans le village et les rangs.


Le service de la paix publique est confié à la municipalité. Le maire en vertu de ses fonctions est juge de paix. Avec cette fonction, il est à même d'agir dans les affaires de police et les affaires civiles les plus simples. Il y a une cour de commissaires pour le recouvrement des créances de moins de 25 $.


Le curé, par sa position sociale, se trouve à exercer une véritable police et contribue plus que tout autre au maintien de la paix publique. Il est généralement l'arbitre des conflits qui peuvent survenir entre différents paroissiens. Par un droit, qui lui est reconnu par le code civil du Québec, il reçoit le vingt-sixième minot des grains récoltés, c'est ce qu'on appelle la dîme. Ainsi, certaines années le curé reçoit des pois et des grains, les habitants ayant compris qu'il fallait restreindre les cultures qui épuisent le sol. La moyenne annuelle des revenus du curé à cette époque est de 800 $. La fabrique pouvait aussi prélever de temps à autre par voie de répartition des sommes d'argent pour la construction ou la réparation des bâtiments. Cette dernière a de plus comme revenu ordinaire le produit de la location des bancs d'église et le casuel, sorte de redevance versée aux curés.


La municipalité de son côté impose une cotisation pour défrayer les appointements du secrétaire-trésorier. Elle pourvoit également aux travaux de voirie. Mais en vertu de la loi municipale, chaque habitant est tenu d'entretenir la partie du chemin qui traverse sa terre sur le front. L'habitant est aussi tenu de donner des journées de travail nécessaires pour l'entretien des routes transversales. La commission scolaire prélève des taxes pour le maintien des écoles. Ces taxes sont de deux ordres : cotisation foncière et contribution mensuelle. La contribution mensuelle est payable par le père de famille pour chacun de ses enfants en âge de fréquenter l'école. Chaque année les francs tenanciers sont appelés à élire un marguillier. Trois marguilliers forment le conseil de fabrique qui administre ses biens. Sept conseillers composent le conseil municipal. Ces conseillers, à leur tour, élisent un maire. Cinq commissaires forment la commission scolaire. La plupart du temps toutes ces nominations se font sans votation. Dans beaucoup de paroisses, le curé est président et de la commission scolaire et, au besoin, il exerce de fortes pressions sur la municipalité, spécialement lorsqu'il est question de permis de boisson.