Au temps de ma mère



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La prière au quotidien


Les prières étaient nombreuses et variées et concernaient toutes les célébrations liturgiques, Noël et Pâques principalement. Elles s'adressaient aux saints protecteurs qu'on invoquait en maintes occasions. Il y avait un saint ou une sainte à invoquer pour toutes les occasions de la vie courante ; elles protégeaient la famille et la maison. Les formules étaient nombreuses et diverses : l'acte d'offrande, la consécration, la méditation, la supplique, la litanie... Elles étaient destinées à accompagner, voire à secourir le chrétien dans toutes les circonstances de la vie. Elles visaient à mieux disposer à la ferveur, au recueillement et à la prise de conscience. Il y avait la prière du matin puis celle du soir, où agenouillés auprès du lit les mains jointes nous demandions l'aide du ciel... Aussi, l'eau bénite, dont on se signait avant de se coucher avec des formules comme celle ci «Eau bénite, je te prends, si la mort me surprend tu me serviras de saint sacrement». Le bénédicité et les grâces qui accompagnaient les repas, les angélus et surtout le chapelet marmonné par toute la famille. Durant le temps du carême, on demandait aux enfants d'assister à la messe quotidienne. Il y avait aussi pour les étudiants la confession mensuelle, les vêpres du dimanche, la retraite annuelle. En plus, on avait des images saintes pour toutes les occasions. Le clergé savait planifier la mise en marché, le bon déroulement et le suivi de toutes ces activités «saintes». À l'école, c'est l'horloge qui décidait de nos gestes et de nos allées et venues. Nous récitions une prière en arrivant et en partant, avant et après la récréation, ainsi qu’à l'heure du dîner. De plus, il fallait être capable de répondre aux cinq cents questions du petit catéchisme, ce qui n'était pas une mince affaire.« C'était le bon temps», celui de l'Église triomphante.


En février, commençait le rituel de la Chandeleur et la bénédiction des cierges qui seront allumés en cas de maladie ou de tempête. La Sainte-Blaise suivait avec l'application des cierges croisés sous le menton des paroissiens désireux de demander protection contre les maux de gorge. Quelque part en mars, le mercredi des cendres marquait le début du carême. L'imposition des cendres sur le front évoque le célèbre : «Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière». Seuls les malades, les femmes enceintes et les étudiants n'étaient pas tenus de respecter la période pénitence et de jeûne d'une quarantaine de jours. À la mi-carême, le prêtre pouvait utiliser les ornements sacerdotaux roses. Au début d'une semaine sainte, le dimanche des Rameaux commémorait le souvenir de l'entrée de Jésus à Jérusalem. La célébration de l'eucharistie a été instituée par le Christ le Jeudi Saint, lors de la dernière Cène. Le Jeudi saint, les cloches sonnaient à toute volée avant de se taire et, selon la légende, se rendre à Rome. Le Vendredi Saint, les offices se voilaient de tristesse et de statues en noir. À la veillée pascale du Samedi Saint, on sentait poindre l'espoir. Le Carême finissait à midi le Samedi saint. Cette journée-là, les cloches revenaient de Rome. On procédait à la bénédiction du feu nouveau et du cierge pascal. Ce dernier devait brûler quarante jours en souvenir de la délivrance du peuple juif.