Au temps de ma mère



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Dévotions populaires


La panoplie de recettes qui autrefois apprêtait le religieux du quotidien fait sourire aujourd’hui. Certains parlent de superstition pour évoquer ces croyances populaires. Peu importe les épithètes, c’est le système de relations avec le divin dont il est question ici. Pour conjurer différentes peurs, pour éviter les malheurs, pour satisfaire ces exigences personnelles de protection, on avait appris à utiliser certains objets et gestes religieux. La peur de la mort et l’angoisse devant la maladie encourageaient les recours au surnaturel. Il y avait les pèlerinages, les neuvaines, tous sanctionnés par l’Église. On pouvait également appliquer des objets bénis sur la partie du corps malade. Ainsi, on mettait des images de la Vierge ou Sainte-Anne sur les jambes pour ceux qui souffraient de rhumatisme. Ces images pouvaient ainsi servir d’onguent sur les plaies vives et servir de substitut aux aspirines. Les scapulaires, les médailles et les statuettes étaient également largement employés. À l’époque, selon un témoignage digne de foi, un lecteur des annales de la bonne Sainte-Anne affirmait avoir été guéri d’une inflammation des poumons en appliquant un numéro de cette revue sur son estomac ! Les frictions aux saints de toutes les sortes (Saint-Anne, Saint-Joseph, Notre-Dame-du-Cap etc..) ou de l’huile des mêmes endroits pouvaient également être très efficaces. On pouvait, ainsi, avoir des usages quelque peu inusités... Une dame, peu portée sur la chose, avait placé une bouteille d’eau bénite sous le matelas pour refroidir les ardeurs amoureuses de son mari ! On pouvait également manger des images que l’on découpait comme des hosties en petits morceaux pour soulager un mal intérieur. Même en bonne santé, les images et les médailles trouvaient place dans le lit assurant un contact entre le dormeur vulnérable et le sacré. S’endormir avec le chapelet, nous fera entrer au ciel le premier samedi après notre mort, même si on est un grand pêcheur. Ce dieu manipulait à volonté les éléments cosmiques et pouvait frapper par le feu ou la foudre. C’est pour éviter de telles calamités que l’image des saints martyrs canadiens était souvent suspendue près du poêle.


Quand l’orage arrivait, il y avait tout un rituel qui se mettait en marche. On employait l’eau bénite et la palme de rameau de l’année pour protéger l’intérieur comme l’extérieur de la maison. La mère de famille sortait les cierges de la Chandeleur et en allumait deux. On pouvait également tracer des signes de croix avec l’eau bénite dans les vitres. À chaque coup de tonnerre, retentissaient à l’unisson les invocations : «Jésus, Marie, Joseph»...»



Les accidents


D’une façon générale, l’image du Sacré-Coeur assurait notre protection. Selon les croyances de l’époque, il aurait dit : «Je bénirai les maisons où l’image de mon coeur sera exposée». Lorsqu’on s’éloignait de la maison, les scapulaires et les médailles prenaient le relais. La médaille de Saint-Christophe protégeait contre les accidents d’automobile. La statuette aimantée sur le tableau de bord devient un accessoire incontournable de l’automobiliste bien avisé.


Sur plus d’un garde-manger de la paroisse veillait une image de Notre-Dame-de-la-Sainte-Face. Un même objectif les unissait toutes : faire en sorte que les familles qui les exposaient puissent avoir à manger toute l’année. On n’avait pas à l’époque d’assurance-récolte ou d’assurance-chômage. Notre-Dame-de-la-Providence et la Croix du chemin prenaient la place et assuraient la protection des siens.