Au temps de ma mère



accueil

suivant

précédent

La messe dominicale


La messe du dimanche était l'activité par excellence de la semaine. De bon matin le “train" étant complété chacun se mettait sur son “36". Nous montions dans la voiture à deux sièges, où entassés les uns sur les autres, nous nous rendions clopin clopan à l'église. Cette activité hebdomadaire surexcitait toute la famille. En route, nous rencontrions les voisins qui nous saluaient au passage. Puis, nous arrivions à l'église où déjà plusieurs chevaux et voitures étaient alignés. Les échanges avant la messe étaient brefs. Nous pénétrions à l'intérieur de l'église pour occuper le banc familial acheté et payé selon son emplacement. Les “bancs" étaient vendus annuellement. Ceux de l'allée centrale étaient plus dispendieux que ceux des allées latérales. Les gars allaient au jubé où des places étaient toujours disponibles. Pendant la célébration religieuse, au moment où le sermon commençait, ils sortaient sur le parvis de l'église où on jasait de tout et de rien, en se contant parfois des histoires “salées". La messe par tradition était longue. Commencée à 9h 30, elle pouvait se prolonger jusqu'à 10h 45. Le sermon occupait la place centrale de la célébration dominicale. Très souvent il était constitué d'une série de recommandations sur divers sujets.


La peur et la crainte constituaient l'essentiel de tout bon sermon. Un bon prédicateur devait avoir la voix forte et capable de susciter des réactions positives à l'intérieur de son sermon. La messe terminée, chacun se précipitait à l'extérieur où on parlait, parlait... et où parfois certaines nouvelles importantes étaient annoncées. Puis, les jeunes se rendaient au magasin général où on avait droit à une boisson gazeuse, suprême luxe de la semaine. En caravane, toute la famille reprenait la route du retour. Les plus grands ayant “gardé" la maison devaient préparer le repas du dimanche, le meilleur de la semaine.


Le dimanche après-midi était réservé au repos. Les gars allaient chez leurs petites amies et les filles recevaient leurs cavaliers. La maison était entourée d'une immense pelouse où tous s’y réunissaient. Souvent, j'étendais une large couverture au pied du vieux chêne où je m'endormais en rêvant à un monde bucolique... C'était la paix, la tranquillité d'un monde qui ne changeait pas, figé dans le temps.