Au temps de ma mère



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Les travaux manuels


La première chose que nous apprenions est l'heure du lever : 5.30 h du matin. J’ai mis du temps à m'y habituer et ce fut pénible au tout début. De plus, le chauffage, par soucis d'économie, n’était mis en marche qu'à une date fixe et tardive de l'automne. Combien de fois nous nous sommes levés presque congelés. Il fallait se laver à l'eau froide et hop...dès 6h nous devions être présents à la chapelle pour la méditation.


Durant cet exercice spirituel, le combat contre le sommeil était notre principale préoccupation. Vingt minutes de “torture" nous étaient imposées quotidiennement. Après les prières matinales de 6h 30, c'était la messe quotidienne. Après quoi, il y avait une courte période d'étude suivie du déjeuner. À 8h 30, les cours commençaient. La première année du cours classique s'appelait les Éléments latins. Les principales matières étaient le latin, le français, l'histoire, les math, l'anglais et quelques autres matières dites secondaires. “Rosa, Rosae, Rosam...” Cette déclinaison rappelle à tous ceux qui ont fait le cours classique, les premières difficultés d'apprentissage d'une autre langue. C'était, somme toute, intéressant car nous savions que nous étions privilégiés malgré tout. À midi, nous dînions. La qualité des repas dans tous les couvents et collèges était semblable et pas très élevée. Les mensualités étaient raisonnables et il fallait se contenter de ce que l'on nous offrait. Le dîner était suivi des travaux manuels. Tous les pensionnaires étaient assujettis à des tâches de l'entretien ménager. Pendant que certains s'occupaient de la vaisselle avec bien sûr l'aide d'immenses machines, les autres devaient balayer les classes sur les étages. La résidence des pères était soigneusement nettoyée par les élèves plus âgés. C'était une opération importante. Il y avait une hiérarchie parmi les élèves. Nous pouvions avec le temps devenir responsables des travaux manuels ou encore responsables de la vaisselle. Obtenir une promotion semblable était plus qu'un honneur, c'était également une responsabilité très recherchée. Ceux qui tour à tour occupèrent ces fonctions laissèrent souvent des souvenirs plus ou moins heureux, le pouvoir amenant un sentiment d'importance et peut-être même de domination.


Pour ma part, j'occupai à quelques reprises les fonctions de responsable de la vaisselle et des travaux manuels. Au dire de certains confrères qui se souviennent encore de cette époque, je mis parfois beaucoup de “zèle" à accomplir ma tâche. Eux s'en souviennent, moi j'ai oublié. Il n'y a pas de fumée sans feu !