Au temps de ma mère



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Au fil des saisons: le printemps


Que de fois on a pris cette route gravelée de l'avant du séminaire menant jusqu'à la route rurale allant vers Granby. C'était un moment où on engageait des discussions sur le monde et les choses qui nous entouraient. Nous réglions les affaires du monde. On était, faut-il le rappeler, à l’ère de Duplessis en qui l'Église mettait toutes ses complaisances. Ce réveil de la nature suscitait en nous des réminiscences bucoliques qui nous portaient à exalter la nature.


J'ai souvenance d'un soir de mai alors que la nature était à son éclosion. Nous marchions à la brunante et au loin nous entendions la pétarade d'un tracteur conduit par un cultivateur labourant ses champs. Alors, un sentiment indéfinissable nous envahissait. Nous admirions toute cette nature qui s'étalait devant nous. C’étaient des moments de bonheur où le sentiment naturel du Québécois est tourné indéniablement vers la nature, notre verni urbain étant bien mince. Nos racines paysannes sont toujours en nous, prêtes à remonter à la surface. C'est d'ailleurs ce que Duplessis, un de nos hommes politiques les plus futés, avait bien compris. Il allait chercher en chacun des Québécois ce petit quelque chose du paysan et des valeurs traditionnelles qui y sont rattachées. Cela a fonctionné pendant deux décennies. C'est la marque même de notre “âme" nationale. Déjà, la fin de l'année se faisait sentir. Le mois de mai venu, les préparatifs pour les examens de fin d'année débutaient.