Au temps de ma mère



accueil

suivant

précédent

La radio d'autrefois



La radio constituait le parfait désennuie, la distraction par excellence. Le soir, près de notre combiné radiogramophone, nous écoutions le radio roman le plus suivi de l'époque, “Un homme et son péché" ou plus simplement "Séraphin". Cet avare et sa sainte épouse Donalda étaient connus de tout le Canada français. Quelle invention merveilleuse cela était !Tout le Québec écoutait religieusement l'émission qui suivait : le célèbre chapelet du Cardinal Léger. “Une famille qui prie est une famille unie” disait-on. “...Étoile du matin Reine du saint rosaire..." répétait le thème musical.


Il y avait à l'occasion des concerts de musique classique où il m’arrivait de jouer au chef d'orchestre en battant la mesure à l'aide d'une broche à tricoter de ma mère. Tout cela me procurait un passe-temps peu dispendieux et combien intéressant. Et, suprême chance, nous avions quelques disques que j’aie fait tourner quelquefois ; des “reels" comme on disait à l'époque. La Bolduc et ses chansons faisaient partie également de notre assortiment très restreint de 78 tours. Parmi ces disques, je me souviens d’un en particulier. Il était de grand format et nous le faisions tourner durant la période de Noël. Georges Till, célèbre ténor français, y chantait le Minuit Chrétien et l'Agnus Dei de Bizet. Que de souvenirs refont surface ! Notre tourne-disque était sujet de convoitise, car nous étions les seuls parmi la parenté à en posséder un. C’est ainsi que notre vieux “Spartoon" était à l’occasion des rassemblements familiaux transporté chez un oncle ou une tante. On le faisait alors tourner sans relâche... Chaque fois, en revenant à la maison et au grand déplaisir de ma mère, il ne fonctionnait plus et nécessitait de coûteuses réparations.