Au temps de ma mère



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L'Église et le système d'éducation


Au cours des décennies de la deuxième moitié du 19e siècle, le contrôle du système scolaire passe du pouvoir politique aux autorités religieuses. Pour financer les écoles, on établit une cotisation obligatoire. Le sort des professeurs et instituteurs laïques laisse à désirer. Les salaires sont médiocres. Pour augmenter la compétence, on établit des écoles normales et on fixe des normes d'acceptation. La première réforme survient en 1841. Une nouvelle loi prévoit la nomination d'un surintendant de l'instruction publique dont le salaire annuel est fixé à 3 000 $ par année, alors que celui d'un instituteur varie entre 68 $ et 192$. Les évêques protestent contre le rejet de l'autorité religieuse dans le nouveau système sur lequel ils ont un droit de regard. Alors, les curés se présentent comme commissaires d'écoles, le système étant ainsi noyauté par le clergé. En 1843, le nouveau surintendant de l'instruction publique, Jean-Baptiste Meilleur, demande au gouvernement d'obliger la population à payer sa part de l'instruction publique. En 1845, on restructure la direction scolaire dans les villes de Montréal et de Québec où on retrouvera dorénavant deux commissions scolaires : l'une catholique et l'autre protestante. Ce système prévaudra jusqu'en 1998. Pour s'assurer de la compétence et de l'orthodoxie religieuse des maîtres, deux bureaux d'examinateurs sont établis l'un pour les protestants et l'autre pour les catholiques. Le rôle des examinateurs est :


1- D’admettre à l'examen les candidats munis d'un certificat de moralité signé du curé.

2- De délivrer un certificat ou brevet de capacité en précisant l'enseignement auquel le candidat se destine ( ce régime prévaudra au temps de ma mère).

3- De vérifier la compétence à l'enseignement des écoles élémentaires, modèles et académiques.

4- D’exempter de l'examen les prêtres les ministres ecclésiastiques ou religieux voués à l'enseignement ( ceci prévaudra jusqu'à la réforme du rapport Parent dans les années 60 ).


De 1840 à 1850, la guerre des éteignoirs fait rage dans plusieurs régions. Ceux qui s’opposent aux cotisations obligatoires profèrent des menaces envers les commissaires et mettent le feu à quelques granges. Les évêques doivent intervenir pour mettre fin à ce mouvement de révolte. Sur près de 2000 instituteurs, seulement 470 possèdent un brevet. Les femmes représentent 63 % des effectifs globaux, car on les paie moins cher et elles sont plus maniables.


En 1856, deux lois sont votées pour l'éducation. La première autorise la création d'un Conseil de l'Instruction publique, la publication du Journal de l'Instruction publique et l'établissement d'un fond de retraite pour les instituteurs âgés. La seconde ordonne la mise sur pied d'écoles normales à Québec et Montréal. L'essentiel de cette réforme est encore en place lorsque je débute ma carrière d'enseignant en 1960.


En 1857, s'ouvre l'école normale Jacques-Cartier réservée aux hommes et à Québec l'école normale Laval avec une section réservée aux femmes. Le cours est de deux ans et donne droit aux diplômes d'école élémentaire ou modèle. En 1871, malgré l'établissement d'écoles normales pour hommes, ces derniers ne représentent que 22 % de l'ensemble du corps professoral. Dans le reste de la province, on engage des non-diplômés et des bureaux d'examinateurs continuent d’émettre des diplômes à des jeunes filles qui souvent n'ont qu'un diplôme modèle en poche mais aucune formation pédagogique.