Au temps de ma mère



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Les filles et l'école


On dit souvent qu'autrefois les femmes étaient plus instruites que les hommes. C'est pour le moins difficile à démontrer. Les femmes étaient peut-être plus alphabétisées que les hommes. Pour ce qui est de l’instruction, il en est tout autrement. À l'époque de la Nouvelle France, les Ursulines entretiennent un pensionnat à Québec. Les Soeurs de la congrégation entretiennent aussi un petit réseau d'une douzaine de pensionnats. Les filles y apprennent à lire, compter et écrire, mais surtout le petit catéchisme, la base de l'enseignement, et quelques petits ouvrages propres à l'enseignement féminin. La majorité des enfants fréquentent l'école à peine deux ans. Jusqu'à la moitié du 19e siècle, les hommes sont plus instruits que les femmes.


Au début du 20e siècle, les filles commencent à recevoir de l'instruction. À Québec et Montréal, les écoles ouvrent leurs portes aux filles de la bonne société. Ce sont des écoles anglaises. Alors, les religieuses décident d'enrichir leur programme par l'étude de l'histoire, de l'anglais, du piano et de la littérature. Durant le19e siècle, l'instruction secondaire profite exclusivement aux garçons avec le cours classique, le cours commercial et quelques facultés universitaires.


Les pensionnats


Les pensionnats se multiplient et chacune des congrégations s'ingénie à particulariser son enseignement. Tous ces cours, qui donnent des diplômes maison, confèrent un simple passeport à la bonne société. Pendant qu'ailleurs, les étudiantes entrent à l'université les Canadiennes françaises doivent se contenter de peu. L'enseignement constitue la seule occupation ouverte aux femmes instruites. C'est une forme d'apostolat en raison des salaires dérisoires qui sont payés aux enseignantes. Beaucoup de jeunes filles entrent chez les «soeurs», les conditions de travail de ces dernières étant beaucoup plus intéressantes. D'autre part, les seules autres occupations réservées aux femmes se trouvent dans le service domestique et les usines. Ces dernières possibilités n'exigent aucune qualification.


Les écoles normales


Les normaliennes enseignent quelques années, mais plusieurs d'entre elles militent dans plusieurs organisations féminines. Certaines entreprennent des carrières artistiques. Un bon nombre entrent au couvent pour faire carrière dans l'enseignement et l'éducation. L'hôpital Sainte Justine est dirigé par des femmes laïques. En 1907, elles fondent la fédération nationale de la Saint Jean Baptiste qui défend les revendications féminines sur les droits civils, le suffrage féminin, l'instruction, etc.


Longtemps refusées dans les universités, elles entrent progressivement dans de nouvelles professions : l'hygiène publique, la psychologie, le service social. Malgré ces progrès, il y a eu de la discrimination à plusieurs niveaux. Ainsi, les femmes devaient fréquenter des institutions dirigées par des religieuses ; les institutions féminines étaient peu subventionnées en comparaison des institutions masculines. Finalement, le discours conservateur continuait à prôner un rôle de second ordre pour la femme au foyer. Ce n'est qu'avec la réforme scolaire des années ‘60 que toutes ces discriminations, du moins en théorie, furent abolies.