Au temps de ma mère



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La fin du métier de domestiques


À la fin de la guerre de 1914-1918, le nombre de femmes qui exerce le métier de domestique est très élevé. De 1921 à 1941, la fonction de domestique est la plus importante des occupations féminines. D’une façon générale, ces années sont marquées par une participation de plus en plus grande des femmes à la population active du Québec. Le salaire moyen est deux fois plus bas que le salaire masculin. En 1921, le salaire hebdomadaire moyen d’une femme ( 8,34 $ ) représente 38 % de celui d’un homme ( 21,26 $ ). L’emploi de domestiques occupe une femme sur quatre. Cette fonction est de loin la plus importante, les ouvrières de vêtement et les vendeuses représentant respectivement 12 % et 10% des emplois. À ce moment, une domestique gagne en moyenne 4,77 $, une ouvrière 8,14 $ et une vendeuse 9,55 $.


En 1931, la situation reste inchangée pour les domestiques. Le contexte de la crise économique accentue le caractère «cheap labor» du travail féminin. Depuis 1921, les domestiques sont passées du quart au tiers de la main-d’oeuvre féminine. Leur salaire est toujours de 4,77 $ par semaine, bien que le salaire féminin soit en moyenne de 8,55 $ et celui des hommes soit de 23,43 $. Au recensement de 1941, les domestiques représentent le quart de la main-d’oeuvre. Leur salaire est tombé à 3,96 $ par semaine. Pendant ce temps, les ouvrières de l’armement gagnent 10,90 $.


En 1951, les domestiques ne représentent plus que 8 % de la main d’oeuvre. Dans la période d’après-guerre, on assiste donc à un recul considérable de la fonction de domestique. Le portrait de 1961 vient confirmer celui de 1951. La fonction de domestique est disparue, mais la fonction de femmes de chambre représente 7 %. À quoi attribuer ce déclin du métier de domestique ? À partir de la guerre, du travail plus intéressant et mieux rémunéré s’offre aux femmes. Le développement du secteur des services tant publics que privés offre des débouchés plus stables. De plus en plus, c’est un métier qui est exercé par les jeunes femmes. En 1961, les emplois de bureau ont remplacé la fonction de domestique. C’est donc une transformation du marché du travail qui est en partie responsable de la marginalisation du métier de domestique au Québec.