Au temps de ma mère



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Le transport en hiver au 19e siècle


La carriole illustre une création québécoise. Elle constitue une adaptation d'une voiture d'été, la calèche à deux roues. À la première neige, il fallait remiser les voitures à roues. Nos ancêtres imaginèrent alors la transformation en remplaçant les roues par des patins de bois, en ajoutant un pare-neige et un petit siège mobile pour le conducteur. Ce modèle reste populaire jusqu'au milieu du 20e siècle. Une autre caractéristique importante est la lame d'acier protégeant le patin. La finition est en veloute comme celle de la calèche. La lame d'acier retroussée ajoute un élément d'élégance. La fabrication des carrioles demande plus d'adresse à cause des lignes courbes. Les charrons ou artisans régionaux les fabriquent généralement, chacun y ajoutant des décorations au gré de sa fantaisie. Les voyageurs disposent d'une peau de carriole placée sur les bancs et une autre sur les genoux. Il y avait également des carrioles à « chartier » comportant trois sièges dont deux face à face pour les passagers et un petit pour le conducteur. C'était nos taxis d'hiver. Ces derniers attendaient les gens à la gare où ils pouvaient conduire le prêtre ou le médecin auprès des malades.


La sleigh


La «sleigh» au début reste un produit d'importation. Légère et élégante elle sert surtout dans les occasions, les sorties à caractère sociales, les visites et les ballades d'amoureux. Le châssis est soigné : dossier élevé, pare-neige légèrement incurvé en forme de S. Elle pouvait servir parfois pour les courses de chevaux dont on était très friand autrefois. L'évocation de ses souvenirs nous rappelle de beaux moments de notre enfance, sans oublier toutefois quelques mauvaises expériences liées à ces anciens moyens de locomotion. Ainsi, un jour nous avons été pris, mes cousins et moi, dans une tempête. Mon oncle avait transformé la carrosserie d’une ancienne auto (une Ford de modèle T) en véhicule à neige sous lequel il avait installé deux «patins». Tiré par un cheval, cela nous permettait d’être à l’abri du vent. Hors, un bon jour les cousins et moi avions quitté la maison de mon grand-père paternel pour nous rendre au village. Le temps était lourd et les nuages très sombres. Nous sommes parvenus facilement au village mais sur le chemin du retour c’est la catastrophe. Une tempête accompagnée de forts vents s’élève rapidement, rendant la visibilité nulle. Nous sommes pris de panique et les invocations au Seigneur se font entendre promptement. Rien n’y fait la tempête se déchaîne. On ne voit ni ciel ni terre. Ne sachant plus où nous en sommes, nous lâchons les guides laissant le cheval poursuivre sa route selon son instinct. Et le miracle ( pour nous) se produit! Le cheval continue sa route et s’immobilise soudain. Nous jetons un coup d’oeil à l’extérieur. Une petite lumière vacillante apparaît tout près. Nous sommes arrivés, la brave bête s’étant arrêtée à la porte de l’étable. Nous étions sauvés. Mon grand’père vint au-devant de nous. Sa brave «Princesse» nous avait sans doute tiré d’une très embarrassante situation.